Le métier de vivre de
Cesare Pavese est un texte qui vous marquera sûrement tant par sa vérité que son nihilisme et fatalisme. Journal intime de Pavese de 1935 à 1950, on y retrouve ses réflexions sur la littérature, l'écriture, la vie et le plaisir des femmes. Si ce journal est considéré comme une oeuvre littéraire majeure du XXe siècle, c'est parce qu'il y questionne le concept de création et son essence. C'est un texte métaphysique, philosophique et tragique. Car oui, Pavese conçoit sa vie comme une tragédie. Pour Pavese, vivre, c'est écrire. L'écriture de sa vie, ses réussites comme ses échecs, mais surtout ses frustrations avec les femmes et ses émotions : « On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant. »
Dans ses réflexions, le lecteur peut se reconnaître et s'identifier. Il y a des combats qui font écho à notre histoire personnelle et à nos peurs : « Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des pensées déjà pensées par nous, qui acquièrent sur la page imprimée le sceau d'une confirmation. »
Pavese se met à nu et laisse derrière lui tout ego. Constante réflexion sur ses états d'âme et les solutions qu'il peut y apporter, il en vient à la conclusion que toutes les souffrances ne se valent pas et que certaines ne guérissent pas : « Pourquoi mourir ? Jamais je n'ai été aussi vivant que maintenant, jamais aussi adolescent. »
Et pourtant, obsédé par cette fin tragique, il ne cessera de se torturer sur le but de sa vie, ce qu'il a accompli et apporté au monde. Jusqu'à ne plus écrire en ce 18 août 1950.
Lien :
http://untitledmag.fr/la-poc..