On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant.
On obtient les choses quand on ne les désire plus.
On en désire pas posséder une femme, on désire être le seul à la posséder.
Un homme qui souffre, on le traite comme un ivrogne. "Allons, allons, ça suffit, secoue-toi, allons, ça suffit..."
L'homme s'intéresse si peu à autrui, que même le christianisme recommande de faire le bien pour l'amour de Dieu.
Parmi les signes qui m'avertissent que ma jeunesse est finie, le principal, c'est de m'apercevoir que la littérature ne m'intéresse plus vraiment. Je veux dire que je n'ouvre plus les livres avec cette vive et anxieuse espérance de choses spirituelles que, malgré tout, je ressentais jadis. Je lis et je voudrais lire toujours davantage, mais je n'accueille plus maintenant comme jadis mes diverses expériences avec enthousiasme, je ne les fonds plus en un serein tumulte pré-poétique.
Une bonne raison de se tuer ne manque jamais à personne.
Nous ne cherchons pas des idées neuves,
mais des idées déjà pensées par nous,
à qui la page imprimée donne le sceau d’une confirmation.
Les paroles des autres qui nous frappent sont celles
qui résonnent dans une zone déjà nôtre
– que nous vivons déjà –
et la faisant vibrer
nous permettent de saisir de nouveaux points de départ
au dedans de nous.
Il n'y a pas de vengeance plus belle que celle que les autres infligent à notre ennemi. Elle a même le mérite de vous laisser le rôle de l'homme généreux.
La poésie commence lorsqu'un idiot dit de la mer : "On dirait de l'huile." Ce n'est nullement là une description plus exacte du calme plat, mais le plaisir d'avoir découvert une ressemblance, l'excitation d'un mystérieux rapport, le besoin de crier aux quatre points cardinaux qu'on a vu ce rapport.