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Citations sur Travailler fatigue. La mort viendra et elle aura tes .. (81)

"Le jour sera tranquille, froidement lumineux,/ comme le soleil qui naît ou qui meurt/ et la vitre hors du ciel retiendra l'air souillé.//

On s'éveille un matin, une fois pour toujours,/ dans la douce chaleur du dernier sommeil : 'lombre/ sera comme cette douce chaleur. Par la fenêtre/ un ciel plus vaste encore remplira la chambre./ De l'escalier gravi une fois pour toujours/ ne viendront plus ni voix ni visages défunts. //

Il sera inutile de se lever du lit./ Seule l'aube entrera dans la chambre déserte./ La fenêtre suffira à vêtir chaque chose/ D'une clarté tranquille, une lumière presque./ Elle posera une ombre décharnée sur le visage étendu./ Les souvenirs seront des noeuds d'ombre/ tapis comme de vieilles braises/ dans la cheminée. Le souvenir sera la flamme/ qui mordait hier encore dans le regard éteint. "

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Révolte.

Le mort est crispé contre terre et ses yeux ne voient pas les étoiles :
ses cheveux sont collés au pavé. La nuit est plus froide.
Les vivants rentrent à la maison et en tremblent encore.
On ne peut pas les suivre ; ils se dispersent tous :
l’un monte un escalier, l’autre va à la cave.
Certains marchent jusqu’à l’aube et se jettent dans un pré,
en plein soleil. Demain en travaillant, il y en a
qui auront un rictus de désespoir. Puis ça aussi passera.
Quand ils dorment, ils sont pareils aux morts : s’il y a une femme,
les odeurs sont plus lourdes mais on dirait des morts.
Chaque corps se cramponne, crispé, à son lit
comme au rouge pavé : la longue peine
qui dure depuis l’aube vaut bien une brève agonie.
Sur chaque corps s’englue une obscurité sale.
Seul de tous, le mort est étendu aux étoiles.
Il a aussi l’air mort cet amas de haillons
appuyé au muret, que brûle le soleil.
C’est faire confiance au monde que dormir dans la rue.
Entre les haillons pointe une barbe que parcourent
des mouches affairées ; les passants vont et viennent dans la rue,
comme des mouches ; le clochard est un fragment de rue.
La misère, comme une herbe, recouvre de barbe
les rictus et donne un air tranquille. Ce vieux-là
qui aurait pu mourir crispé dans son sang
a l’air au contraire d’une chose et il vit.
Ainsi, à part le sang, chaque chose est un fragment de rue.
Et pourtant, les étoiles ont vu du sang dans la rue.
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La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
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Simplicité
L'homme seul pense aux champs, heureux
de les avoir labourés. Dans la salle déserte
il essaye de chanter à voix basse. Il revoit
le long du talus, la touffe de ronciers dénudés
qui était verte au mois d'août. Puis il siffle sa chienne.
Et le lièvre apparaît et ils cessent d'avoir froid.
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Seul un rêve
lui est resté dans le sang : une fois, comme chauffeur
il a croisé sur un bateau hollandais, le Cétacé,
et il a vu les lourds harpons voler sous le soleil,
les baleines s’enfouir au milieu d’une écume de sang,
il a vu la poursuite, les queues se dresser, la lutte en baleinière.
Quelques fois, il m’en parle.
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... Plus tard il m’expliqua,
quand son plan échoua, qu’il avait projeté
de faire disparaître toutes les bêtes de la vallée,
et d’obliger les gens à lui acheter des moteurs.
"Mais la plus grosse bête, disait-il, c’était moi,
qui ai eu cette idée. J’aurais dû m’en douter
qu’ici gens et bœufs sont une même race."
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La pluie tombe sans bruit sur la plaine marine.
Personne ne passe dans les ruelles sordides.
Une femme toute seule est descendue du train:
à travers le manteau on a vu sa combinaison claire
et ses jambes disparaître par la porte noirâtre.
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Été I



Extrait 2

L’angoisse a resurgi depuis ces jours lointains
lorsque tout un été immobile, aux couleurs
et aux ferveurs soudaines, naissait sous le regard
de ces yeux tranquilles. L’angoisse a resurgi
que nulle douceur de lèvres décloses
ne peut apaiser. Un ciel immobile
s’instaure froidement dans ces yeux.

                                                      Le souvenir était calme
sous la lumière tranquille du temps, docile moribond
dont déjà la fenêtre s’embrume et s’efface.
Le souvenir s’est brisé. L’étreinte angoissée
de la main légère a ravivé les couleurs,
les ferveurs et l’été sous le ciel éclatant.
Mais la bouche mi-close et les regards tranquilles
ne font vivre qu’un silence rigoureux, inhumain.

/Traduit de l’italien par Gilles de Van
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La mort viendra et elle aura tes yeux
11 mars – 10 avril 1950


La pluie tombera encore…

La pluie tombera encore
sur tes doux pavés,
une pluie légère
comme un souffle ou un pas.
La brise et l’aube légères
fleuriront encore
comme sous ton pas,
quand tu rentreras.
Entre fleurs et balcons
les chats le sauront.
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Atavisme
Caché par les volets, l'enfant respire au frais,
tout en fixant la rue. Par la fente lumineuse,
on voit les pavés sous le soleil. Personne ne marche
dans la rue. L'enfant voudrait sortir tout nu
-la rue est à tout le monde- et se perdre dans le soleil.

C'est interdit en ville. Mais pas à la campagne,
s'il n'y avait au-dessus de la tête la profondeur du ciel
qui atterre et déprime.
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