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Citations sur Travailler fatigue. La mort viendra et elle aura tes .. (81)

Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
La Mort viendra et elle aura tes yeux


La Mort viendra et elle aura tes yeux –
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remord
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin,
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. Ô chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.

La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir ressurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre, muets.


/traduction de Gilles de Van
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La mort viendra et elle aura tes yeux
11 mars – 10 avril 1950


THE NIGHT YOU SLEPT

La nuit aussi te ressemble.
nuit lointaine qui pleure
muette, dans le cœur profond,
et mornes les étoiles passent.
Une joue effleure une joue –
c’est un frisson glacé, quelqu’un
se débat et s’implore, seul
perdu en toi, dans ta fièvre.

La nuit souffre et aspire vers l’aube,
pauvre cœur qui tressailles.
O visage fermé, sombre angoisse,
fièvre qui attristes les étoiles,
certains attendent l’aube comme toi
épiant ton visage en silence.
Tu reposes sous la nuit
comme un horizon mort et fermé.
Pauvre cœur qui tressailles,
un jour lointain tu étais l’aube.

4 avril 1950
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Last blues, to be read some day

Ce n'était qu'un jeu
tu le savais bien-
quelqu'un fut blessé
il y a très longtemps.

Mais rien n'a changé
le temps est passé-
un jour tu es venue
un jour tu mourras.

Et quelqu'un est mort
il y a très longtemps-
quelqu'un qui voulait
mais ne savait pas.
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La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
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Après

La colline s'étend sous la pluie qui l'imprègne en silence

Il pleut sur les maisons: l'étroite fenêtre
s'est remplie d'un vert plus frais et plus nu.
Ma compagne était étendue près de moi : la fenêtre était vide,
nous n'y regardions pas et nous étions bien nus.
Maintenant dans la rue son corps marche secret
de son pas familier mais un peu alangui: la pluie tombe
pareille à ce pas, légère mais très lasse.
Ma compagne ne voit pas la colline nue
assoupie dans l'humidité: elle passe dans la rue
et ceux qui la bousculent ne savent pas.
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Je désire des couleurs et c'est tout. Les couleurs ne
pleurent pas,
elles sont comme un éveil : dès demain les couleurs
reviendront.

(Agonie)
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Tu écoutes.
Les mots que tu écoutes t'effleurent à peine.
Il y a sur ton calme visage une pensée limpide
qui suggère à tes épaules la lumière de la mer.
Il y a sur ton visage un silence qui oppresse
le coeur, sourdement, et distille une douleur antique
comme le suc des fruits tombés en ce temps-là.

(Été)
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Peu importe la nuit :
le rectangle de ciel me parle en susurrant
de tous les grondements et une étoile menue
se débat dans le vide, loin de la nourriture,
des maisons, étrangère. Elle ne se suffit pas,
il lui faut trop de compagnes. Ici dans le noir, solitaire,
mon corps est tranquille et se sent souverain.

(Manie de solitude)
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Ces dures collines qui ont façonné mon corps
et qui ébranlent en lui autant de souvenirs,
m'ont fait entrevoir le prodige de cette femme
qui ne sait que je la vis sans réussir à la comprendre.

Un soir, je l'ai rencontrée : tache plus claire
sous les étoiles incertaines, dans la brume d'été.
Le parfum des collines flottait tout autour
plus profond que l'ombre et soudain une voix résonna
qu'on eût dit surgie de ces collines, voix plus nette
et plus âpre à la fois, une voix de saisons oubliées.

Quelquefois je la vois, elle vit devant mes yeux,
définie, immuable, tel un souvenir.
Jamais je n'ai pu la saisir : sa réalité
chaque fois m'échappe et m'emporte au loin.
Je ne sais si elle est belle. Elle est jeune entre les femmes :
lorsque je pense à elle, un lointain souvenir
d'une enfance vécue parmi ces collines, me surprend
tellement elle est jeune. Elle ressemble au matin. Ses
yeux me suggèrent
tous les ciels lointains de ces matins anciens.
Et son regard enferme un tenace dessein : la plus nette
lumière
que sur ces collines l'aube ait jamais connue.

Je l'ai créée du fond de toutes les choses
qui me sont le plus chères sans réussir à la comprendre.

(Rencontre)
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Mais la nuit houleuse, la nuit transparente,
que le souvenir ne faisait qu'effleurer, est bien loin,
c'est un souvenir. Un calme persiste stupéfait,
fait aussi de feuilles et de néant. Seule reste,
de ce temps au-delà des souvenirs, une quête
incertaine du souvenir.

Parfois revient au jour
dans la lumière immobile du jour d'été
cette stupeur lointaine.

(La nuit)
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