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Critique de JMLire17


Paul Pavlowitch est un cousin de Romain Gary (où peut-être un neveu). En 1974, Romain Gary publie un roman « Gros Calin » sous le pseudonyme de Emile Ajar, il a l'idée de faire endosser le rôle de l'écrivain Emile Ajar à Paul Pavlowitch, un jeune cousin de la famille de sa mère. C'est cette histoire que ce récit révèle en 1981, après le décès par suicide de Gary. le subterfuge bousculera encore plus le milieu littéraire lors de la publication du second roman Ajar « La vie devant soi », car celui-ci obtient le Prix Goncourt en 1975. Romain Gary est déjà un homme aux multiples identités. Lithuanien par sa mère, russe par son père, juif, expatrié en France, engagé dans l'aviation anglaise de la France Libre, Compagnon de la libération, diplomate français aux Etats Unis, et déjà un écrivain reconnu, il avait obtenu le prix Goncourt en 1956 pour « les Racines du ciel » et connu un grand succès avec « La promesse de l'aube ». Dans les années 70 une presse littéraire de gauche « lui bave contre depuis trente ans » (page 132) et c'est pour bousculé ce milieu qu'il a l'idée de cette nouvelle identité. Au delà d'un nouveau nom d'auteur, c'est une nouvelle écriture, de nouveaux sujets qui se démarquent de ses propres romans. Paul Pavlowitch montre que dans chaque livre publié par Romain Gary, il y a toujours un personnage qui est son double. Par contre il décrit un homme tourmenté, qui ne vit que pour la littérature, souvent dépressif entre deux périodes d'écriture. Ce qui est spectaculaire c'est de voir comment Gary et lui ont monté cette affaire de pseudonyme un peu comme des agents secrets. Gary dictait souvent les réponses que Ajar devait faire devant la presse, car Pavlowitch était fréquemment bousculé, car certains doutaient de sa capacité à avoir écrit les romans de Ajar. Gary lui dicte aussi comment il doit négocié avec les éditeurs, les traducteurs. Il se comporte comme s'il avait créé un personnage vivant, Paul Pavlowitch en est souvent déstabilisé, voire dépressif lui aussi. A la sortie de « La vie devant soi » les réactions de la presse sont unanimes pour encenser le livre. L'identité est au coeur du roman, arabe, gitans, prostituée juive, déracinés, discriminés, enfants de la rue. Lorsque Gary écrit et publie « Pseudo » la confusion est encore pire car il traite du cas Ajar, mais sans se révéler. Dans cette période, Gary publie sous son propre nom notamment " Clair de femme" et sous celui de Ajar ses livres sont encore décriés et ceux de Ajar encensés. Cette situation le rend encore plus dépressif, le suicide en 1979 de Jean Seberg son grand amour finit de le faire plonger et le conduit progressivement vers sa propre fin en 1980. le récit de Pavlowitch n'est pas toujours d'une lecture très aisée, mais il est super intéressant. Je regrette simplement que lorsque Paul Pavlowitch évoque la période littéraire des années 50 de Gary, il ne mentionne pas le rôle de son épouse Lesley Blanch qui, peut-être, fut un peu son pygmalion en écriture. Pour moi c'est ce que j'appelle une lecture en cascade : Delphine Horvilleur avec son « Il n'y a pas de Ajar » m'a donné envie de relire ce récit qui dormait dans ma bibliothèque, et du coup je vais lire également « Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable » de Romain Gary qui est plusieurs fois cité.
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