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Nous rencontrons Marie lors de son départ pour le bagne de Cayenne. Accompagnée par de nombreuses jeunes filles dans la même tranche d'âge, elle ne sait absolument pas ce qui l'attend. Lors de la traversée, elles échafaudent mille et un scénarios sur leur futur environnement. Bons ou mauvais pressentiments, aucun n'est à la hauteur de l'horreur de leur nouvelle vie. Rien n'est prévu pour elles, en fait, rien n'est prévu pour aucun être humain. Cet endroit, c'est un mouroir. Un endroit où l'on envoie ceux dont on ne veut plus, un endroit pour les mal-aimés de la société.

La guillotine sèche.

"- Pour nous, ma mère, ils ont trouvé la "guillotine sèche", on crève sous la chaleur. Pour vous, c'est la "guillotine humide", ils vous entassent dans ce carbet suintant de microbes."

Pourquoi sont-elles là? Pour servir de "reléguées". Pour se marier avec des bagnards, des criminels sans foi ni loi, sans aucune pitié, en échange de quoi l'heureux couple se verra offrir gracieusement par la République un lopin de terre, plutôt de marais, où ils sont censés construire une maison où vivre.

En débarquant dans cet espèce de village, sans absolument aucun endroit où vivre, elles finissent entassées comme des chiens dans une grande pièce unique. Maladies, proximité, méchanceté, cette vie en communauté deviendra un enfer. Les privations, car évidemment la nourriture manque et on les fait travailler constamment, les font vieillir à vitesse grand V. En un an, elles ont l'air d'avoir vieilli dix ans. Perte de cheveux, dents qui tombent, maigreur morbide, elles ont l'air de vieilles femmes.

"Maintenant qu'elle avait vu les chevelures des autres, elle prenait conscience. Quelque chose d'inexplicable accélérait les années. le temps ici n'était pas le même qu'avant. Son corps avait vécu en une seule année plus de vingt, ou trente années. Mais alors, d'ici peu, l'année prochaine, peut-être serait-elle vieille?"

Et en plus de tout cela, il y a les hommes. L'administration, tout d'abord, complètement sans pitié, qui s'en fiche complètement de toutes ces femmes qui souffrent. Et les autres, ces criminels en liberté dans cette jungle nauséabonde, libres de faire ce qu'ils veulent.

Elles doivent supporter tout cela. Certaines se battent et se créent des châteaux en Espagne, sans doute pour ne pas tomber sous le poids de ce si lourd fardeau. D'autres s'enferment complètement dans une coquille, se renfermant à tout ce qui les entourent. Y-a-t-il vraiment une solution pour survivre? Ou est-ce qu'au final ces pauvres gens finiront morts sans personne pour les pleurer?

Quelle injuste que ce récit. Combien de fois ais-je eu envie de crier devant tellement d'horreurs indescriptibles! Et pourtant l'auteure n'y arrive que trop bien, à nous plonger dans cette univers sordide; à un tel point qu'en lisant je sentais l'humidité ambiante sur ma peau, que j'entendais la pluie dégouliner le long des arbres et que je frémissais de terreur face à cette faune impitoyable.

J'ai eu envie de me révolter pour ces femmes abandonnées, ces femmes qui n'avaient absolument rien fait. Marie, l'héroïne de notre histoire, n'avait commis que quelques petits vols pour manger, survivre; et alors qu'elle avait tiré un trait sur tout ça, qu'elle avait commencé une nouvelle vie, on est venu la chercher sans prévenir. Mais pourquoi? Juste parce qu'elle était jeune et sans famille. Parfaite pour créer une colonie, pour repeupler une terre dont personne ne veut, non? Et c'est ainsi pour des dizaines, que dis-je, des centaines de filles. Une injustice, te disais-je.

Alors j'ai été révoltée, complètement abattue par cette tranche d'histoire dont j'ignorais absolument tout et que malgré tout j'ai été contente de connaître; parce qu'il ne faut jamais oublier les erreurs passées et celles-là font partie des pires.

Un roman bouleversant et prenant, un roman dont on se sort pas indemne. Une histoire sordide et révoltante mais qui est à connaître, absolument. Avec une plume sûre et un ton personnel, l'auteure nous hypnotise pour nous confronter plus profondément à une réalité trop ignorée. A lire malgré la dureté.

Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
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Ce livre raconte l'histoire vraie de Marie, la dernière bagnarde, ou l'histoire d'une jeune fille de campagne envoyée en Guyane pour des délits mineures à une époque ou la France ne s'embarrasse pas avec les indésirables et voit dans cette colonie deux avantages : le premier se débarrasser des criminels, violeurs, voleurs majeurs ou mineurs; le deuxième, défricher un territoire très hostile et coloniser une terre nouvelle. Ce livre relate la vie TRAGIQUE (et le mot est faible) de milliers de femmes envoyées au bagne pour être mariées aux bagnards ou pour y crever tout simplement... peu importe finalement aux yeux des dirigeants français et autres grands administrateurs qui ferment les yeux sur l'Horreur avec un grand H. Même si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, ce livre dont j'ai particulièrement apprécié la narration, m'a appris tout un pan d'histoire que j'ignorais et qui n'est vraiment pas glorieux. Un livre à découvrir.
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En mai 1888, Marie Bartête, 20 ans, est envoyée au bagne en Guyane. Reléguée, c'est l'enfer qui l'attend. Près de 2000 femmes subirent le même sort. Elles ne reverront jamais la France.
En 1923, Marie Bartête était encore en vie. Elle raconta son calvaire à Albert Londres, journaliste. Elle fut la dernière bagnarde.
Il fallu attendre le 17 juillet 1907 pour que soit voté l'arrêt définitif de l'envoi des convois féminins en Guyane. le dernier eut lieu en 1904.
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Ils ont été nombreux ces pauvres gens a être embarqués pour six semaines de traversée pour accoster dans un pays plein de vermine, au climat étrange, où rien n'était prévu pour eux et où il allait finir leur vie sans que personne ne s'inquiète de leur état et de leur devenir. C'était à l'époque la réponse apportée à l'augmentation de l'insécurité dans les villes. On vous déportait et advienne de vous ce que le Diable voudra, car vous n'intéressez personne et tout le monde se fiche de votre existence.
Marie est la dernière bagnarde à travers l'existence de laquelle l'auteur nous rappelle qu'il y a eu aussi des bagnes pour femmes même si ce n'est pas souvent évoqué et qu'arriver là-bas, c'était tomber au pire des endroits. Victimes de la misère, corvéables à merci pour toutes les basses besognes, proies faciles des vauriens, victimes de viols, de coups, souffrant de tous les maux, elles ont tout connu sauf une petite existence calme et heureuse. Magnifique roman, très bien écrit, facile d'abord et instructif.
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