AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 129 notes
5
10 avis
4
13 avis
3
4 avis
2
5 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« L'autre loi fondamentale pour l'histoire des bagnes de Guyane est celle dite de la « relégation » du 27 mai 1885.
Une des lois les plus scélérates de la Troisième République, elle décidait l'envoi à Cayenne des récidivistes, des coupables de petits délits «  qui, dans quelque ordre que ce soit et dans un intervalle de dix ans, auront encouru deux condamnations à l'emprisonnement... »
C'était se débarrasser, pour la Métropole, des gens sans-aveux, sans-logis, des petits voleurs, des « paumés » sans domicile fixe. » Odile Krakovitch ( Revue d'histoire du XIXe siècle, 1985.).

« Au total près de 2 000 femmes furent envoyées au bagne. Il fallut attendre 1907 pour que soit voté l'arrêt définitif de l'envoi des convois féminins en Guyane, le dernier eut lieu le an 1904. »

Leur histoire est peu connue. Les dossiers d'archives les concernant sont extrêmement minces.
Deux ans d'investigation furent nécessaires à l'auteure pour reconstituer leur enfer.

Elle furent embarquées par des gendarmes, surveillées par des religieuses, et reléguées au Bagne.

La République espérait faire coup double : « épuration sociale » et «  repeuplement colonial ».

Ces reléguées étaient « destinées » par mariage aux bagnards qui, ayant purgés leur peine, se retrouvaient sous le système du « doublage », à savoir l'obligation de résidence après avoir purgé leur peine.

Aucune d'entre elles n'a jamais pu faire le voyage de retour.

Marie Barbête fut la dernière bagnarde. Albert Londres l'a rencontré en 1923.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          1510
La Feuille Volante n° 1089
La dernière BagnardeBernadette Pecassou-Camebrac – Flammarion.

On n'en finit pas de nous vanter les mérites de la République qui garantit notre modèle social, respecte les droits de l'Homme et la liberté des citoyens … Rien n'est parfait mais la Troisième du nom a fait largement fi de tous ces dogmes si généreusement proclamés. Tout était organisé pour protéger la société, mais n'importe laquelle, et l'administration pénitentiaire possédait des bagnes où on entassait ceux dont la République entendait se débarrasser. Il fallait en effet purger la Métropole de ses mauvais éléments et on condamnait aux travaux forcés, c'est à dire bien souvent à la mort, tous ceux qui avaient contrevenu à la loi et à l'ordre public. Ceux des bagnards qui survivaient après leur peine étaient maintenus sur place en relégation pendant un temps égal à celui de leur condamnation dans un souci de colonisation. Pour favoriser le peuplement de ces colonies déshéritées, il fallait faire venir des femmes pauvres, sans logis, condamnées elles-aussi, mais à des peines mineures, en leur faisant miroiter la possibilité d'une vie nouvelle. Pour cela il fallait qu'elles épousent un relégué et on donnait au couple un lopin de terre pour vivre et fonder une famille. Cela c'était la réponse officielle, bien loin cependant de la réalité.

Nous sommes en 1888 et Marie Bartête, alors âgée de 20 ans part de l'île de Ré. Elle a été condamnée et emprisonnée pour des délits mineurs et on l'embarque pour la Guyane. A elle aussi, comme à d'autres condamnées, on a parlé de la luxuriance de l'outre-mer, de la beauté les paysages, de la vie facile… Elle ne sait pas ce qui l'attend, se fait beaucoup d'illusions mais ne tarde pas à changer d'avis une fois sur place et se retrouve à Saint-Laurent-du-Maroni, dans un enfer où elle est complètement oubliée, exploitée, abandonnée aux miasmes et aux dangers, malgré la bienveillance des religieuses qui les encadrent et d'un jeune médecin venu de France. Elle survivra, malgré les viols, les maladies et les mauvais traitements mais ne reverra plus jamais son pays.

Dans cette atmosphère délétère, la nature humaine se révèle dans ce qu'elle a de plus abject. Ici le pire côtoie les bonnes volontés les plus affirmées mais la vie dans cette contrée, l'hypocrisie, l'irresponsabilité, l'intransigeance ont vite raison des enthousiasmes les plus fougueux et des illusions les plus tenaces. Dans ce microcosme, Marie, bien qu'entourée par la mort et assaillie par la souffrance, le danger, la peur, les trahisons et la solitude, fait preuve de détermination et d'une farouche volonté de vivre, rencontre des moment de solidarité, de compréhension, autant de miracles qui adoucissent ses épreuves.

Telle est l'histoire de Marie Bartête (1863-1938), orpheline béarnaise, qui avait ému Albert Londres. Il s'en était fait l'écho dans « Le Petit Parisien » en 1923. Pourtant, dès 1888, des informations étaient parvenues en France mais aucun homme politique n'eut assez de courage pour dénoncer ces faits. Pour autant, si la vie des bagnards a fait l'objet de nombreux récits, celle des bagnardes fut complètement oubliée et ce ne fut qu'en 1904 que les convois féminins cessèrent définitivement en Guyane. Pour autant celles qui survécurent n'avaient pas les moyens de s'offrir un billet de retour et moururent sur place, comme Marie Bartête.

Le style est à la mesure de la révolte de l'auteure qui parvient sans peine à la faire partager à son lecteur. Personnellement, j'apprécie qu'on consacre ainsi des ouvrages à ceux que l'histoire a oubliés ou que la vie et le destin ont injustement malmenés.
© Hervé GAUTIER – Novembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
Commenter  J’apprécie          93
La vie de Femmes envoyées au bagne, arbitrairement, pour un simple délit!
La documentation est simple mais suffisante pour nous relater les conditions misérables d'emprisonnement de ces femmes tout aussi misérables!
Commenter  J’apprécie          50
Un livre grandiose. L'héroïne est arrêté et envoyé au bagne sans avertissement, alors qu'elle a déjà payé ses petits larcins. Elle est sur le navire en partance pour Saint - Laurent - du - Maroni. Elle ne sais pas si un jour elle posera un pied sur le continent français. Surtout à lire. Il est excellent et traite bien le sujet du bagne, de ses intempéries, ses maladies et ses décadences.
Commenter  J’apprécie          40
Une vraie plongée dans le monde des bagnards, et plus particulièrement des "reléguées" dont je ne connaissais pas l'existence.
J'y ai découvert beaucoup de choses que j'ignorais.
Commenter  J’apprécie          20
Un roman extrêmement intéressant sur un sujet ignoré : l'envoi des bagnardes en Guyane. Des jeunes campagnardes pauvres coupables de petits larcins mais qui étaient censées "se marier" et repeupler la Guyane... Ce livre nous montre quelle fut la réalité... Assez choquant il faut le dire. Je suis pleine de compassion pour ces femmes qui ont tellement souffert... A lire pour quiconque s'intéresse à la Guyane, à la condition des femmes et/ou du bagne. A lire...
Lien : https://joy369.unblog.fr/
Commenter  J’apprécie          10
Livre lu en 2012, notice rédigée pour la plaquette de mon club lecture :
"A la fin du 19ème siècle - début du 20ème siècle, des familles entières de ruraux affluent vers les
villes suite à la chute du cours de blé. Ces familles sans travail régulier sont dans les rues :
mendiants, vagabonds, prostituées....
La France a honte, et pour se débarrasser de cette population, la loi des bagnes est renforcée en
1885 : « tous les petits délinquants condamnés deux fois, hommes et femmes, seront expédiés au bagne. »
C'est ainsi que Marie, notre héroïne se retrouve au bagne en Guyane. Après un voyage très
éprouvant en fond de cale d'un bateau, les conditions de vie au bagne sont très dures : insalubrité,
mauvais traitements, épidémies, viols....
Récit de l'horrible quotidien de Marie, une histoire bouleversante."
Commenter  J’apprécie          10
Un livre vraiment magnifique, non pas par son histoire bouleversante, mais par son écriture, les choses sont écrites avec émotions et sincérité, un très bel ouvrage.
Commenter  J’apprécie          10
Peinture sidérante de Saint-Laurent du Maroni et du tragique destin réservé par la France à de pauvres femmes n'ayant commis que de menus larcins sous des prétextes et intentions divers. L'auteur décrit des personnages saisissants de réalisme, dans leur humanité, leur sensibilité, leurs états d'âme, leur bonté, leur bestialité aussi. Dire qu'il y a moins d'un siècle cette institution barbare était encore en service ! Petit livre captivant. Âmes sensibles s'abstenir.
Commenter  J’apprécie          00
Nous rencontrons Marie lors de son départ pour le bagne de Cayenne. Accompagnée par de nombreuses jeunes filles dans la même tranche d'âge, elle ne sait absolument pas ce qui l'attend. Lors de la traversée, elles échafaudent mille et un scénarios sur leur futur environnement. Bons ou mauvais pressentiments, aucun n'est à la hauteur de l'horreur de leur nouvelle vie. Rien n'est prévu pour elles, en fait, rien n'est prévu pour aucun être humain. Cet endroit, c'est un mouroir. Un endroit où l'on envoie ceux dont on ne veut plus, un endroit pour les mal-aimés de la société.

La guillotine sèche.

"- Pour nous, ma mère, ils ont trouvé la "guillotine sèche", on crève sous la chaleur. Pour vous, c'est la "guillotine humide", ils vous entassent dans ce carbet suintant de microbes."

Pourquoi sont-elles là? Pour servir de "reléguées". Pour se marier avec des bagnards, des criminels sans foi ni loi, sans aucune pitié, en échange de quoi l'heureux couple se verra offrir gracieusement par la République un lopin de terre, plutôt de marais, où ils sont censés construire une maison où vivre.

En débarquant dans cet espèce de village, sans absolument aucun endroit où vivre, elles finissent entassées comme des chiens dans une grande pièce unique. Maladies, proximité, méchanceté, cette vie en communauté deviendra un enfer. Les privations, car évidemment la nourriture manque et on les fait travailler constamment, les font vieillir à vitesse grand V. En un an, elles ont l'air d'avoir vieilli dix ans. Perte de cheveux, dents qui tombent, maigreur morbide, elles ont l'air de vieilles femmes.

"Maintenant qu'elle avait vu les chevelures des autres, elle prenait conscience. Quelque chose d'inexplicable accélérait les années. le temps ici n'était pas le même qu'avant. Son corps avait vécu en une seule année plus de vingt, ou trente années. Mais alors, d'ici peu, l'année prochaine, peut-être serait-elle vieille?"

Et en plus de tout cela, il y a les hommes. L'administration, tout d'abord, complètement sans pitié, qui s'en fiche complètement de toutes ces femmes qui souffrent. Et les autres, ces criminels en liberté dans cette jungle nauséabonde, libres de faire ce qu'ils veulent.

Elles doivent supporter tout cela. Certaines se battent et se créent des châteaux en Espagne, sans doute pour ne pas tomber sous le poids de ce si lourd fardeau. D'autres s'enferment complètement dans une coquille, se renfermant à tout ce qui les entourent. Y-a-t-il vraiment une solution pour survivre? Ou est-ce qu'au final ces pauvres gens finiront morts sans personne pour les pleurer?

Quelle injuste que ce récit. Combien de fois ais-je eu envie de crier devant tellement d'horreurs indescriptibles! Et pourtant l'auteure n'y arrive que trop bien, à nous plonger dans cette univers sordide; à un tel point qu'en lisant je sentais l'humidité ambiante sur ma peau, que j'entendais la pluie dégouliner le long des arbres et que je frémissais de terreur face à cette faune impitoyable.

J'ai eu envie de me révolter pour ces femmes abandonnées, ces femmes qui n'avaient absolument rien fait. Marie, l'héroïne de notre histoire, n'avait commis que quelques petits vols pour manger, survivre; et alors qu'elle avait tiré un trait sur tout ça, qu'elle avait commencé une nouvelle vie, on est venu la chercher sans prévenir. Mais pourquoi? Juste parce qu'elle était jeune et sans famille. Parfaite pour créer une colonie, pour repeupler une terre dont personne ne veut, non? Et c'est ainsi pour des dizaines, que dis-je, des centaines de filles. Une injustice, te disais-je.

Alors j'ai été révoltée, complètement abattue par cette tranche d'histoire dont j'ignorais absolument tout et que malgré tout j'ai été contente de connaître; parce qu'il ne faut jamais oublier les erreurs passées et celles-là font partie des pires.

Un roman bouleversant et prenant, un roman dont on se sort pas indemne. Une histoire sordide et révoltante mais qui est à connaître, absolument. Avec une plume sûre et un ton personnel, l'auteure nous hypnotise pour nous confronter plus profondément à une réalité trop ignorée. A lire malgré la dureté.

Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (234) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}