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Des histoires Pierre Pelot, l'air de rien, en a écrit plus deux cents dans les genres les plus variés en s'aventurant du côté de la science-fiction, du roman historique, du western et du roman noir bien évidemment, ceci avec l'aisance caractéristique des grands conteurs. du fin fond de son petit village natal des Vosges qu'il n'a jamais quitté c'est toute une armada de personnages parfois déroutants qui ont peuplé notre imaginaire, ceci durant près de cinquante années. On se souvient encore de ce jeune gamin, prénommé Kid Jésus (J'ai Lu 1980), fouillant les décombres d'une civilisation perdue ou de Girek, l'auteur contestataire de Parabellum Tango (J'ai Lu 1980), ouvrages d'autant plus marquants que les couvertures sont ornées d'illustrations réalisées par Caza. Pour ce qui a trait à l‘oeuvre de Pierre Pelot, dans le domaine du roman noir, beaucoup évoquent L'Eté En Pente Douce (Folio policier 2001), l'un des seuls ouvrages de l'auteur adapté au cinéma, mais je ne peux que vous recommander de découvrir Pauvres Zhéros (Rivages Noir2008) qui a fait l'objet d'une adaptation en BD illustrée par Baru (Rivages/Casterman/Noir 2008). Et puis il y a ces romans vosgiens amples et ambitieux, à la lisère des genres qu'il affectionne, dont la plupart sont publiés aux éditions Héloïse D'Ormesson à l'instar de Braves Gens du Purgatoire, présenté comme l'ultime roman d'un auteur qui ne se reconnaît plus dans cette équation éditoriale où le marketing et l'aspect commercial semblent prendre davantage le pas sur l'activité créatrice et artistique. Un romancier qui ne veut plus se raconter d'histoire en se refusant à écrire des romans qui correspondraient aux critères de ces commerciaux qu'il abhorre et qu'il fustige parfois sur les réseaux sociaux.

Le glas résonne dans les rues désertes de Purgatoire tandis que les villageois se rassemblent pour l'enterrement de Maxime Bansher et de sa femme Anne-Lisa. Les braves gens aiment à se réunir ainsi pour causer des événements, tenter de comprendre les raisons qui auraient poussé ce vieillard à tuer sa femme avant de se suicider. Mais Lorena, la petite-fille de Maxime, n'entend pas se contenter de cette version et compte bien faire taire les rumeurs en prouvant que son grand-père aurait été incapable de commettre un tel geste. Pour cela il lui faudra fouiller dans le passé du village et déterrer les vieilles histoires entourant la famille Bansher. Lorena devra donc se tourner vers Simon Clavin, écrivain reconnu, dépositaire de la mémoire trop encombrante de celles et ceux qui veulent oublier les drames d'autrefois qui ont secoué la région. Des drames auxquels sont peut-être liés les deux hommes parcourant les forêts des environs du village. Des hommes armés de fusil qu'ils ne comptent pas utiliser pour la chasse.

Fresque ambitieuse, portrait dense et minutieux de ce village des Vosges portant les stigmates d'un passé trouble, il est vraiment difficile d'évoquer un roman tel que Braves Gens du Purgatoire tant l'auteur semble avoir eu pour volonté d'intégrer, pour un dernier tour de piste vertigineux, les thèmes qu'il a évoqué tout au long de sa carrière littéraire. Révolte, refus du conformisme et déliquescence sociale sont tour à tour abordés au détour d'un roman noir dont l'intrigue principale s'articule autour d'un fait divers atroce dont les entournure permettent de mettre à jour des histoires d'une autre époque que l'on souhaiterait pouvoir enterrer définitivement à l'instar des règlement de compte entre maquisards et collabos ou de la révolte d'ouvriers désespérés devant faire face au démantèlement des petites manufactures qui fleurissaient dans la région. Jeune femme de caractère, il incombe donc à Lorena de faire la lumière sur les circonstances du drame dont son grand-père Maxime, surnommé L'Homme aux loups, semble avoir été l'auteur. Autant de tragédies jalonnant des époques tourmentées que les habitants du village de Purgatoire ont traversé en s'exonérant du passé au détour du silence des uns et des compromissions des autres finissant par former une espèce de sédiment étouffant que seul, Simon Clavin, l'écrivain vieillissant du village, est en mesure de mettre à jour. Entre cet homme taciturne, portant comme un fardeau la mémoire du village, et la jeune femme impétueuse, s'instaure alors des rapports complexes où les non-dits font place aux confidences à mesure que ces deux protagonistes parviennent à s'apprivoiser afin de faire la lumière sur les grands mystères qui entourent toutes les générations de la famille Bansher.


Avec la maestria qu'on lui connaît, cette expérience du conteur aguerri, Pierre Pelot nous propose ni plus ni moins qu'un impressionnant examen intergénérationnel d'un village des Vosges auquel il affuble, sans nul doute, de nombreux éléments en lien avec son vécu et qu'il distille par le prisme de l'ensemble de personnages pittoresques gravitant autour de Simon et de Lorena qui eux-mêmes projettent quelques traits de caractères ou quelques expériences propre à l'auteur. Explorateur de l'âme humaine qu'il sait parfaitement restituer, on appréciera l'épaisseur de ces personnages hors norme que Pierre Pelot a façonné pour mettre en scène un récit subtil où les interactions complexes ne font que renforcer l'épaisseur d'une intrigue qui se révèle toujours plus surprenante à mesure que l'on découvre les grands événements qui ont marqué les habitants du village. Les cris de Zébulon, parcourant la région au guidon de son vieux clou, la retenue de Justin Friard compagnon de Lorena, débarqué on ne sait trop comment des contrées du Haut-Jura, la détresse et la colère toute intériorisée de son père Adelin Bansher, nul doute que l'ensemble des protagonistes peuplant ce roman interpelleront le lecteur en se demandant quel est la part qui pourrait correspondre à Pierre Pelot tant cette sensation de présence de l'auteur est prégnante entre chacune des lignes d'un texte d'une rare intensité chargé d'émotion. Et puis l'on ne peut s'empêcher de se focaliser sur Simon, cet écrivain bourru, double de papier du romancier, évoquant son rapport à l'écriture et son aversion pour tout le cirque médiatique entourant la parution d'un ouvrage. Un homme blessé ruminant ses peines et ses douleurs avec pudeur dans une vieille tanière qui craque de partout.

Mais au-delà de l'histoire, des intrigues qui prennent parfois la forme d'un western au détour de la rudesse de somptueux paysages forestiers que Pierre Pelot se plait à dépeindre minutieusement, il y a le plaisir de se plonger au coeur d'un texte intense malmenant le lecteur qui devra se plier à l'exigence d'une écriture envoutante qui l'entraînera dans le tourbillon de longues phrases distillant atmosphères et sensations que seul ce sorcier des mots est en mesure de maîtriser. On distingue ainsi le chatoiement des couleurs et de la lumière, le détail de l'écorce des arbres et de la mousse recouvrant les pierres, l'odeur du feu dans l'âtre ou celle des chevaux et de leurs cavaliers parcourant les sentiers des Vosges. Une écriture brute, dépourvue de toutes fioritures inutiles, où l'on perçoit surtout les sentiments et les émotions de ces femmes et de ces hommes qui constituent un patchwork social aussi singulier qu'explosif. A n'en pas douter Pierre Pelot est un grand conteur qui nous livre, avec Braves Gens du Purgatoire, un roman bouleversant qu'il convient de découvrir impérativement.


Pierre Pelot : Braves Gens du Purgatoire. Editions Héloïse d'Ormesson 2019.

A lire en écoutant : So Hard To Move de Dana Fuchs. Album : Brocken Down Accoustics Version. 2015 Antler King Records.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Bienvenue au Purgatoire, lieu d'expiation et de purification en vue d'une situation meilleure ? Et c'est bien à cela que nous convie Pierre Pelot dans ce très beau roman. Dans ce petit village des Vosges, tout part de la mort du couple Maxime et Anne Lisa. Un voile de mystère plane sur cette mort.
Meurtre, suicide ? Ils sont nombreux dans le village à s'interroger, à commencer par Lorena leur petite fille. Secrets de famille, règlements de comptes, rancoeurs, non dits...
Quel pacte de l'oubli relie tous les habitants de ce village depuis plusieurs générations ?
L'histoire est âpre, sauvage à l'image de cette région vosgienne. Présent et passé se mélangent en un récit puissant.
Les personnages ont des caractères bien trempés, tantôt bourrus, taiseux, tantôt loufoques, on les aime ou on les déteste.
Le lecteur est embarqué dans des aventures captivantes où le suspense est habilement mené.
Porté par une écriture pointue, marqué par une appréciable érudition, on retrouve ici le style bien particulier de l'auteur.
Et « C'est ainsi que les hommes vivent » pour reprendre un autre titre de Pierre Pelot.
Une très belle fresque à découvrir.
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C'est le "petit dernier", dis-tu. L'expression, cher Pierre, est quelque peu réductrice. Car, "dernier" : à voir... Et "petit" : certainement pas.
"Petit dernier", revenons un moment sur cette expression qui, tu t'en doutes, m'attriste et je suis loin d'être le seul. Entre sa signification de "nouveau-né" et celle de "der des ders", s'étire une fructueuse oeuvre multiforme riche de quelque 200 naissances, d'après ceux qui comptent. En ce qui me concerne, j'en avais lu et majoritairement aimé 15 (je fais aussi mes stats!) avant d'entrer en Purgatoire. Autrement dit, ma déception due à ton abandon est atténuée. du Pelot, il m'en reste une belle cargaison à découvrir pour ma très égoïste satisfaction.
Abordons maintenant ce Purgatoire : c'est à nouveau un grand roman que tu nous proposes, ancré au plus près de tes racines, étoffé par cette prose chantournée à merveille par le véritable artisan de la langue que tu es devenu. Allez, pour le plaisir, quelques petits bonheur d'écriture : "le fugace troussis d'un sourire narquois", "la nuit chichement enlunée", "toutes fenêtres éteintes derrière les volets clos comme des paupières pâlies aux coulées passagères de lune". C'est en cela que Pelot est grand et son style séduisant.
Son travail, c'est du cousu-main, du pur local (et pourtant tellement universel) avec une galerie de personnages authentiques et passionnés. Avec "L'ombre des voyageuses", tu faisais le grand écart des Vosges à l'Amérique. Cette fois, chemin inverse avec le jeune couple, Joshua et Kate Bansher, qui débarque dans les Hautes-Vosges en provenance de la Louisiane à la fin du XIXe siècle. Plus d'un siècle après, un de leurs descendants trouve la mort avec sa compagne dans des conditions pour le moins suspectes. Un assassinat suivi d'un suicide qui sentent la mauvaise mise en scène et la résurgence de vieilles jalousies sur fond de secrets de famille. Un terreau propice à l'imagination de Pelot, jamais aussi vive et affûtée que lorsqu'il s'agit de traquer dans le passé des comportements déviants, des rancoeurs accumulées, des haines recuites.
Jamais personnage n'a été aussi proche de Pelot que ce Simon Clavin, écrivain, pour qui "l'ordre des choses est une invention imbécile de ceux qu'épuise la moindre imagination". Aurait-on là le plus autobiographique des recueils du Vosgien ? Ce qui est sûr en tous cas, c'est que la nature occupe une place de choix, dangereuse ou hospitalière, séduisante ou dégradée, dans la geste pelotienne. Elle est l'occasion de pages d'un grand lyrisme, un hymne à la forêt, aux arbres, aux éléments.
Faut-il vraiment croire que Pelot nous abandonne en rase campagne et que cet opus est l'ultime aventure littéraire d'un écrivain à nul autre pareil ? Touchons du bois, celui de ses sapins hauts-vosgiens pour imaginer que ce n'est là qu'une trêve et que les Emeline, Lorena, Simon, Lazare, Maria, Mo et toute la galerie de la comédie humaine de l'écrivain auront une nouvelle descendance pour notre plus grand bonheur.
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Un retour dans le passé de tout un village afin de mieux comprendre le drame qui vient de s'y dérouler. Lorena apprend que son grand-père Maxime vient d'assassiner sa femme avant de mettre fin à ses jours, cela elle ne peut y croire pas plus que son père Adelin. Pourtant c'est la thèse officielle et aucune enquête ne sera menée au-delà des apparences aussi, elle décide de chercher à comprendre avec l'aide du vieux Simon. Pour nous Pierre Pelot fait parler « l'oncle Simon » l'écrivain qui a conservé la mémoire du village et de ses fondateurs. Un roman rural fort et taiseux dont on suit la piste sinueuse auprès de Lorena. C'est un peu comme remonter un arbre généalogique, aller de branche en branche et s'accrocher à l'écorce pour arriver à comprendre l'étendue et la singularité de la famille Bansher. Même si le rythme est lent, les événements s'enchaînent et ne nous laisse pas indifférents car mettre en lumière les zones sombres du passé est tout un art que maîtrise fort bien l'auteur. Sa façon de décrire l'environnement est majestueuse, j'ai adoré découvrir la région en suivant le vélo de Zébulon ou en marchant aux côtés de la jument de Lorena. J'étais aussi rendu à espérer une belle histoire d'amour pour la dernière génération, tout autant j'ai apprécié découvrir les turpitudes de la famille Bansher.
Si j'en ai aimé le contenu je ne peux pas en dire autant de la forme, c'est un style particulier qui n'est pas des plus aisés à lire. J'ai eu très peur aux toutes premières pages alors que les phrases semblent ne jamais vouloir finir, tant les digressions sont nombreuses. Je me suis retrouvé plus d'une fois complètement perdue dans ma lecture à ne pas savoir de qui on parlait, à remettre en question ma faculté de compréhension. Pourtant j'ai persévéré parce que je voulais vraiment comprendre la mort des grands-parents de Lorena. J'ai bien fait parce que j'ai su apprivoiser au fur des phrases ce style incroyable d'où une poésie s'échappe et vient nous prendre comme par surprise. Au final ce fut une très belle lecture, une belle découverte et un roman noir familial que je n'oublierai pas tant il est riche de tout le coeur qui a mis son auteur. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Il est des livres dont on sait avec certitude, dès la première page voire dés la première phrase, qu'ils vont nous plaire, que l'on va se régaler.
C'est en tout cas ce que j'ai ressenti en commençant ce grand roman qu'est "Braves gens du Purgatoire".

De Pierre Pelot, j'avais gardé en mémoire "C'est ainsi que les hommes vivent". Roman magistral.
Car Pierre Pelot est un orfèvre de la langue Française. Il maîtrise à la perfection un style travaillé où les longues phrases obligent une attention particulière et de la concentration, certes, mais procurent un plaisir de lecture à nul autre pareil.
Une lecture exigeante donc, qui peut demander un petit temps d'adaptation mais qui plaira aux nombreux amateurs de belle littérature que nous sommes.

L'histoire se déroule dans les Vosges. Un couple de personnes âgées est retrouvé mort, la scène laissant penser à un meurtre sur conjoint suivi d'un suicide. Sauf que personne n' y croit et surtout pas Lorena, la petite fille du "suicidé".
A partir de là, c'est toute l'histoire d'une famille qui va se dérouler. Une famille avec de nombreuses ramifications, des liens de parenté parfois tenus, il faut être attentif. Cousins, oncles, épouses...ce sur quatre générations. Des secrets sont dévoilés...ont ils un lien avec le double meurtre ? Plusieurs pistes possibles...
Et c'est passionnant. Ajouté à cela une ambiance montagnarde et une description de la nature très imaginée. Une ambiance qui me fait penser aux romans noirs de Franck Bouysse.
Magistral !
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Du noir rural au fin fond des Vosges, un village paumé, des autochtones mal embouchés et une ambiance poisseuse à souhait, le pitch était alléchant. Malheureusement, l'écriture a tout gâché. Bien trop ample, bien trop bavarde, bien trop ampoulée. Chez les taiseux vosgiens, il aurait fallu que chaque phrase aille à l'essentiel, sans circonvolutions inutiles. Pelot s'égare dans une prose boursouflée alors qu'il aurait clairement dû rester sur l'os. On a impression qu'il se regarde écrire, qu'il se perd dans une démonstration de style non seulement sans intérêt mais qui, en plus, dessert grandement son propos. Un pavé qui aurait gagné à être largement dégrossi.
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Le bonheur de retrouver l'écriture, flamboyante comme un coucher de soleil, de Pierre Pelot ne se boude pas. le lecteur se délecte d'un vocabulaire riche, de phrases longues mais nécessaires, car ce diable d'homme sait où il veut nous emmener.
L'intrigue de ce roman noir est touffue mais jamais confuse.
Nous prenons connaissance d'un drame la mort d'un couple Maxime Dansher et sa compagne Anne-Lisa. A priori Maxime aurait tué Anne-Lisa et se serait pendu. L'enquête est close et le curé interdit les obsèques religieuses.
Lorena, petite-fille de Maxime, ne croit en rien à cette thèse. Pour cela elle interroge celui qui… Simon Clavin, ami du défunt, vivant lui aussi à part, car il suit son bonhomme de chemin.
Le chapitre 3 est juste, à mon avis le modèle absolu, de ce qu'il faudrait faire pour installer une atmosphère et renforcer l'impression de mystère.
Par l'attitude de chacun, d'un côté la famille Dansher, de l'autre le clan Derandier, le lecteur sent immédiatement les non-dits, les secrets, qu'il peut y avoir. C'est d'un réalisme, que seul un oeil avisé peut livrer, pour montrer à la fois ce que chacun peut avoir à cacher, ce que sont les diktats sociétaux et comment chacun va se dépatouiller de tout cela.
Lorena décrit sa famille ainsi : « Ça se réduit à ça, en fait, la famille Bansher, le tronc et les branches. Un gros tas de cousins-cousines. Même si c'est pas toujours l'appellation, à la lecture des fiches d'état civil, ou sur les réseaux sanguins… je sais pas. On arrange, c'est la manière, et c'est comme ça que ça marche. Tout ce qui descend des deux Américains : des cousins… La tribu. Des fois, on se dit qu'il n'y a que cette engeance, dans Purgatoire… dans Purgatoire, et même que ça en déborde… »
Peu à peu on découvre la vie et ses habitants. Les moeurs du coin, les vérités et les « on dit ». Lorena arrivera-t-elle a percé le secret et à faire éclater la vérité.
« Quelques personnes descendaient la rue à pied, des habitants de Purgatoire étrangers à l'enterrement de l'Homme des loups, qui ne faisaient qu'aller à leurs propres occupations. Une grosse dame à vélo, un cabas de paille tressé arrimé sur son porte-bagages, pédalant comme une forcenée dans la montée de la route et qui devait avancer deux fois moins vite en zigzaguant un peu que si elle s'était contentée de marcher. »
La lectrice que je suis aime les beaux textes, ceux qui sont ciselés par l'auteur qui pense que le lecteur est un être intelligent et qu'il sait lire.
J'aime lorsque chaque phrase me fait sentir que je vis, le temps de l'histoire, à Purgatoire ce village des Vosges, et que je vais découvrir l'histoire de cette famille. Car Lorena ne lâchera rien, elle sera l'ongle qui gratte la peau écorchée. Pour cela elle n'aura de cesse que de mettre à contribution Simon Clavin, écrivain, misanthrope, peu loquace mais qui sait beaucoup.
L'histoire est si finement construite que j'ai l'impression d'ouvrir un vieux meuble remisé dans un grenier, d'ouvrir ses multiples tiroirs et de sentir que je vais découvrir des fonds secrets.
Un peu de cocasserie ne nuit pas dans le noir, et le personnage de Henri Rouy alias Zébulon est inénarrable sur son vélo, criant à se faire péter les cordes vocales.
« — Il m'a dit, et c'est pour ça qu'il est venu, il m'a dit avoir vu des gars rôder dans la forêt. Des gens armés. C'est de ça qu'il est allé avertir ton père, je pense.
— C'est Zébulon, dit Lorena.
— C'est Zébulon mais c'est Henri Rouy, aussi. D'abord. »
L'art subtile de créer un tableau de la ruralité, d'une justesse incontestable, tant dans la gestuelle que dans les dialogues. Des dialogues tellement vrais, qui sous une simplicité apparente implique mille choses. Alors non, il n'y a pas de longueurs ni d'égarements au fil des pages. Chaque mot donne à voir, à penser, induit des situations, des morceaux de voile qui se déchire sur le mystère.
Très savoureuse la façon dont Simon joue au chat et à la souris avec Lorena. Chaque face à face déroule l'histoire sur un credo :
« —C'est sûr qu'il y a beaucoup à savoir, que tu ne sais pas, mais la plupart ne savent pas non plus. Ou ne veulent plus savoir. Sauf certains. »
Et soudain, comme un orage qui tonne dans un ciel noir, le lecteur perçoit que Simon est le double de l'auteur, un portrait du duo père-fils. La véracité même transposée saute au coeur. Des images emplies de tendresse, d'amour désespéré voilées de pudeur. L'amour filiale éclate comme un produit révélateur met au jour un négatif argentique.
Absolue subtilité est de savoir que Simon a écrit un livre qui lui a valu une notoriété et que son titre est Braves gens du Purgatoire.
Cette mise en abyme du livre qui est entre les mains du lecteur est juste géniale.
Pierre Pelot joue avec nos nerfs, mais pas seulement, c'est comme s'il voulait à travers le mystère de ce meurtre nous faire vivre dans ses Vosges, terre dure où le paysage n'est pas seul à pouvoir inquiéter.
C'est dense comme une forêt peut l'être, le vocabulaire est d'une richesse à servir d'exemple, la construction si subtile que le lecteur ralentit sa lecture pour mieux savourer ce bel ouvrage. Pas de précipitation il faut savourer la beauté de l'écriture, la majesté des métaphores, cette poésie et l'humanité qui se dégage du tout.
Il est si rare l'écrivain, celui qui sait raconter une histoire qui a du fond et de la forme, en plus de cinq cents pages sans redondances, sans surenchères. de beaux portraits particulièrement ceux des femmes.
Au mitan du livre se trouve un passage sur le travail de l'écrivain qui est aussi savoureux que désespérant, car d'une justesse qui broie le coeur du lecteur, celui que les mots attirent comme le miel pour les abeilles.
L'ensemble est d'une densité éblouissante.
Un livre rare qui m'a donné envie de relire C'est ainsi que les hommes vivent, lu en 2003 à sa sortie.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 25 avril 2020.
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Braves gens du Purgatoire est un roman qui se mérite. L' écriture de Pierre Pelot est difficile, abrupte. Elle perd parfois son lecteur par des phrases longues, sans fins, aux circonvolutions longilignes. le rythme s'accélère aussi, laissant le lecteur haletant, pantelant. Les dialogues sont coupés au cordeau, efficaces, jamais de blabla car la parole est rare dans ces montagnes vosgiennes qui abritent le Purgatoire.

Le Purgatoire c'est un village parmi les montagnes qui s'auto-suffit presque. On y habite depuis des générations. Sin on en part pour la grande ville, on y revient tôt ou tard à l'image de Lorena, cette jeune femme d'une liberté folle, fracassante qui a préféré les chevaux au monde hospitalier.

Justement, Lorena, elle qui cherche à en savoir plus sur sa famille, sur son père Adelin, sur ses grands-parents, elle va être servi. Une nuit, Maxime, le grand-père aurait tué d'un coup de fusil Anne-Lisa la grand-mère puis ce serait suicidé. C'est ce qu'ont conclu les gendarmes en tout cas. Mais nous, nous savons que ce n'est pas vrai. Maxime et Anne-Lisa ont été assassinés. Par qui? Pourquoi? Lorena qui d'abord n'y croit pas, va se rendre à l'évidence. Il y a ces deux hommes aperçus dans une camionnette dans les bois, rôdant. Et puis, il y a aussi tous ces non-dits, ces secrets de famille qui crèvent la surface soudainement. Lorena cherche des réponses et en trouve auprès de Simon son presqu'oncle qui détient plus d'un secret.

Au-delà d'une magnifique écriture, parfois difficile d'accès il est vrai, Pierre Pelot convie son lecteur dans une histoire qui baigne dans les secrets de tout un village. Les pièces du puzzle semblent disparates mais se mettent en place peu à peu. On en apprend des choses au fil de ces pages. Des histoires violentes, charnelles, des revers de fortune, des massacres, des morts….Pierre Pelot n'épargne pas ses personnages. Il y a tous ces villageois, tous plus ou moins liés par la sang, par le travail. Qu'ont-ils fait tous, pour mériter ça?
Lorsque tout se précipite à la fin du roman, tout se met en branle. La machine à secrets éclabousse tout le monde, personne n'est épargné par le péché des hommes. La dernière scène est bouleversante et résume à elle seule le roman tout entier…

« Braves gens du Purgatoire » est un roman qui plonge le lecteur dans les secrets de tout un village, au coeur de la violence.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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A Purgatoire, un petit village des Vosges, Maxime Bansher a assassiné sa compagne puis s'est pendu. Meurtre et suicide, c'est la thèse des gendarmes. Pourtant si tout parait évident, ni sa petite fille Lorena, ni les relations proches ou éloignées du couple, ne sont convaincues. Alors en partant de l'origine des familles, ces deux américains tout droit débarqués de la troupe de Buffalo Bill en 1889, à leurs descendants pendant la résistance, puis à aujourd'hui, chacun cherche un mobile. Peu à peu, les relations, les sentiments se dévoilent, noirceurs, secrets, vengeances dessinent peu à peu les contours nauséabonds des relations entre les principaux protagonistes.

Lire un roman de Pierre Pelot, ça se mérite ! Il y a la force, la minutie et surtout la poésie de l'écriture, qui malgré des airs surannés est résolument actuelle. Chaque mot compte, chaque paragraphe amène le lecteur vers un évènement significatif, chaque digression l'entraine au loin, l'obligeant parfois à revenir en arrière.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/09/08/braves-gens-du-purgatoire-pierre-pelot/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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A Purgatoire, un drame réveille subitement les secrets enfouis depuis longtemps, car chacun pourrait expliquer le drame. Lorena, petite-fille des victimes, se lance dans une quête de vérité périlleuse, avec pour allié un écrivain vivant à l'écart et l'idiot du village. C'est noir et violent, mais c'est aussi plein d'émotions, l'histoire d'un bourg lorrain sur un siècle et de ses grandes familles.
Lien : https://appuyezsurlatouchele..
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