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sur 1120 notes
Cher Benjamin Malaussène,
Je vous écris aujourd'hui depuis mon confinement. Je ne sais pas si, dans votre Belleville des années 80-90, vous en avez entendu parler, mais je voulais vous dire que je vais bien. Je me suis retranchée derrière un mur de livres et de romans, et bien malin le virus qui arrivera à le franchir. En première ligne de ce rempart physique et mental figurent d'ailleurs les différents volumes de votre saga, armes d'anti-dépression massives redoutables s'il en est, autant de bombes à fragmentation dispersant un nuage de molécules d'endorphines dans le système immunitaire de leurs lecteurs, ou à tout le moins capables de pulvériser d'un claquement ferme virus et bactéries entre leurs centaines de pages. Et à propos de pavés, après avoir achevé mon mur de livres, je me suis dit qu'il fallait tout de même que je puisse regarder ce qui se passait à l'extérieur, de l'autre côté. Il s'agissait donc de desceller une de ces briques de cellulose pour laisser passer la lumière dans un sens et mon regard dans l'autre. Mais laquelle, donc, pour éviter de dangereuses intrusions ? pas un dictionnaire, pas un mille-feuilles grand format, pas le coffret de l'intégrale des Schtroumpfs, juste de quoi faire une étroite meurtrière... Mes yeux fouillaient dans la pile et c'est là, oui, là, évidemment, bien sûr, comment-n'y-avais-je-pas-pensé-plus-tôt, comment-aurait-il-pu-en-être-autrement, c'est là, donc, cher Benjamin, que je tombe sur vous, que je croise votre regard, que mes cils et mon coeur s'arrêtent de battre et que je comprends que oui, c'est vous que je dois désimbriquer de ce mur, non seulement pour me créer une fenêtre sur monde, mais plus simplement, plus fondamentalement, pour me tenir compagnie. Alors oui, je l'avoue, c'est là un dessein bien égoïste de ma part, parce qu'après tout je ne vous ai pas demandé votre avis, aussi cette fois, cher Benjamin, je promets de ne pas abuser de votre temps. Prenez-en pour preuve que je vous choisis aujourd'hui en version extra-small, dans un extrait de même pas cent pages de votre illustre familialo-graphie, "Des chrétiens et des Maures". Mais quel plat nous servez-vous là ? un trou normand, un entremets entre le plat de résistance de Monsieur Malaussène et le dessert de Thérèse ? Avez-vous décidé de nous révéler un épisode aussi bref que mystique de votre aînesse grand-fraternelle ? Que non pas, en fait de crise existentielle, ce serait plutôt le Petit qui traverse la sienne : il veut son papa. Et aussi sec, il entame une grève de la faim. Branle-bas de combat dans la tribu et à Belleville pour le ramener à la raison – parce que ce n'est pas comme s'il suffisait d'ouvrir l'annuaire pour le trouver, le papa, hein, non, à peine l'acte procréateur accompli qu'il s'est volatilisé dans la stratosphère, celui-là. Comme tous les autres paternels de la famille, d'ailleurs, mais ce sont d'autres histoires potentielles. Mais las ! le Petit n'en démord pas, et têtu comme il est, c'est-à-dire comme vous, ce n'est pas demain ni même à Pâques qu'on va lui faire gober l'histoire du Saint-Esprit et le faire renoncer à sa diète de Carême. Alors il ne vous reste qu'une solution, celle que vous maîtrisez à la perfection : lui raconter une histoire, juste assez réaliste pour qu'elle lui semble plausible, juste assez surréaliste pour qu'elle lui semble convaincante.
Un équilibre difficile à trouver, cher Benjamin, et même si cette fois vous vacillez vraiment trop dangereusement sur le fil tendu au-dessus du gouffre de l'invraisemblable, vous avez le mérite de lui avoir sauvé la vie, ou au moins l'appétit, à votre frangin. Et puis surtout vous avez le mérite de m'avoir fait oublier, pendant quelques instants, ces murs ambigus qui à la fois nous protègent et nous enferment. Sachez que je vous remercie sincèrement pour cela et que, même si je me répète encore au fur et à mesure de mes lettres et que ces mots sont galvaudés, je vous aime, cher Benjamin, et qu'il me tarde de vous retrouver pour aller cueillir ensemble une pleine brouette d' "Aux fruits de la passion".
Malaussènement vôtre (si je puis me permettre – m'accepteriez-vous comme petite soeur supplémentaire ?)
Viou
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Dans la famille Malaussène, je demande le Petit. Ce dernier veut savoir qui est son papa. Jeremy a beau expliquer que « le père est une hypothèse dont on peut fort bien se passer », le Petit ne cesse de répéter : « Je veux mon papa » qui devient bientôt : « je préfèrerais mon papa ». Benjamin s'inquiète de ce conditionnel, le Petit ne serait-il pas atteint de bartlebisme (référence à une nouvelle de Melville, Bartleby où le protagoniste serine à l'envi : « j'aimerais mieux pas ») ? Il se confie à son ami Loussa de Casamance et forcément, avec ces deux-là, l'enquête commence dans les livres.
Quel plaisir de retrouver la famille Malaussène ! Mais aussi une intrigue originale même si elle n'est pas tout à fait à la hauteur des trois premiers livres de la saga.

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Voilà que je découvre, il y a à peine quelques jours, qu'il y a une suite à la série Malaussène, lue il y a bien longtemps!
Lu en quelques heures - pour contenter mon dernier jour de vacances et de farniente - j'ai été heureusement surprise du charme de ce petit livre. On y retrouve donc toute la "petite" famille de Benjamin Malaussène, un peu oubliée surtout pour les nouveaux venus; le Petit veut connâitre son papa, et entame une grève de la faim. Connaître l'un des papas, dans cette famille nombreuse, n'est pas une mince affaire, quand on sait que la mère en change à chaque enfant, et que quand elle n'est pas enceinte, c'est qu'elle est en quête du prochain géniteur.
Benjamin Malaussène entame alors un retour dans le passé, ce passé où une partie de la tribu n'existait encore qu'à l'état de cellules n'attendant qu'à se regrouper. le géniteur, Malaussène le connaît. Enfin... pas vraiment. Mais je n'en dirai pas plus.
je ressors de cette lecture avec le sourire et un nouveau livre dans ma PAL, Bartleby de Melville!
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Je cherchais un petit livre vite lu, j'ai choisi des Chrétiens et des Maures intrigué par le titre mais aussi un peu pour Pennac... Ne cherchez de considérations religieuses dans ce livre ou alors elles sont vraiment secondaires. Non, nous avons à faire ici à un exercice de style, une petite récréation, un mélange de polar et d'humour dans la lignée des autres aventures Malaussène.
L'histoire débute avec un enfant qui aimerais retrouver son père, mais bien vite on l'abandonne pour se retrouver au chevet d'un mourant à la peau coriace.
La pirouette finale est un peu surréaliste mais ça reste une lecture sympathique et surtout très rapide, une alternative concevable à une série Tv.
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Malaussène… suite et (pas) fin : 5e opus de la saga, et le plus court.

J'imagine tout-à-fait Daniel Pennac tournant la dernière page du roman d'Herman Melville, ‘'Bartleby le scribe'', et se disant : «Voilà qui ferait un excellent début de roman ! Mais comment l'intégrer dans ma série Malaussène ? » Eh bien, il a trouvé un procédé génial (à mes yeux)…

Le Petit (dernier de la fratrie) se réveille un matin en disant « Je veux mon papa » qui devient très vite un « Je préférerais mon papa » opposé à tout ce qui lui est proposé… une grève de la faim tellement déterminée que son entourage craint pour sa vie.
Mais comment résoudre ce problème ? Car tous les membres de la fratrie sont issus de pères différents, pères qui se sont évanouis dans la nature avant les naissances. J'ai positivement adoré la trouvaille de l'auteur pour parer à ce problème apparemment insoluble. A vous de le découvrir…


PS – Daniel Pennac fait une intéressante digression sur le « I would prefer not to » du roman original de Melville et les « Je préférerais n'en rien faire » et « J'aimerais mieux pas » des versions françaises.
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Joli tout petit roman dans la lignée des grandes et douces aventures de la famille Malaussène. On y découvre avec plaisir les origines du Petit, qui un beau jour s'éveille et réalise qu'il voudrait bien connaître son papa... Des papas, on le sait bien, il n'y en pas beaucoup dans la série Malaussène puisque la magnifique et évaporée Maman de la tribu aime et engendre beaucoup sans qu'on parvienne pour autant à saisir au vol ses compagnons de papillonnages... Mais face à la grève de la faim de son cadet, notre cher Benjamin va partir à la chasse au père et comme souvent avec le grand Pennac, c'est une jolie fable qui en sortira...
Pas aussi fort, attendrissant ni drôle que les précédents de la série, "Des chrétiens et des maures" est quand-même une jolie lecture à recommander!
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On referme ce livre en regrettant qu'il soit si mince... On aurait aimé pouvoir passer plus de temps avec cette famille Malaussène. Encore une lecture captivante, un bon livre que ce cinquième tome de la saga Malaussène!
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Petite histoire courte qui réunit la tribu Malaussène et leurs amis autour de la fabuleuse histoire du père du Petit.

« Je préférerais mon papa » décrète le Petit. Alors que son frère se lance dans une grève de la faim, Benjamin « frère de famille » demande de l'aide à Loussa pour le retrouver. Commence alors le récit à la Malaussène. Incroyable, rebondissant, plein de tendresse et d'humour.
Une lecture agréable. Dommage que ce soit si court.
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A quoi carbure Pennac pour imaginer des récits aussi déjantés...?
Les Mallaussène, c'est tout un poème et quand le Petit tombe dans le Bartlebysme, c'est une épopée drolatique dans laquelle s'engagent la famille et ses infréquentables proches amis pour retrouver son géniteur.
Et cette famille dysfonctionnelle sait se serrer les coudes pour parvenir à ses fins, usant de moyens parfois peu licites.
Bref un court roman recommandé ouvrant sur des pratiques peu recommandables, mais on en redemande, c'est addictif !.



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Assez déçu par ce livre pour trois raisons : trop court, incroyable et la qualité technique du support

Ce roman est court : 55 pages y compris les pages annexes !
C'est bien plus une nouvelle. Or si le récit avait été structuré comme une nouvelle bien plus percutante et ramassée, la lecture en aurait été bien plus agréable.
Dans le cas présent, la narration hésite et se perd en détail au lieu de générer de l'émotion et de l'attachement aux personnages.
Il n'y avait tout simplement pas assez de matière pour faire un roman.
Sans doute les impératifs de l'éditeur...

Incroyable : Oui on n'y croit pas. Les "Malaussènes" sont toujours exagérés, mais gardent un fond de crédibilité non pas forcément dans l'histoire et les situations, mais dans les rapports humains.
Ici, je n'y crois pas et encore plus à la fin qui tient plus de la feuille de style

Qualité technique :
Je l'ai lu en eBook
Il y a des DRM posés ! Je l'ai acheté dans un moment de faiblesse sans doute. Je ne lis plus de livre avec des DRM. Mettre des DRM c'est MÉPRISER le lecteur.
La réalisation technique est médiocre. Il y a par exemple (en plus des fautes de typographie) des caractères non occidentaux (sans doute du Chinois). Et bien on ne les voit pas ! On voit un carré vide à la place.
Eh oui, les gars, il faut RELIRE et si on met des caractères exotiques il faut sans doute embarquer la bonne police dans l'eBook.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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