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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La poésie de Saint-John Perse est sons, couleurs et eau qui coule, comme elle est rythmes et vibrations. Il faudrait lire ou relire cette poésie comme on ne l'a jamais fait, à haute voix, pour en percevoir toute la musicalité. Faire de cette lecture une expérience poétique et sensorielle.

Saint-John Perse a commencé à écrire très tôt et ce recueil de Poésie Gallimard s'ouvre sur des textes composés alors qu'il n'a que 17 ans. Sa jeunesse ne l'empêche cependant pas de vouloir, immédiatement, trouver sa propre voix. Et en effet, cette poésie qui se déroule en longs flots ininterrompus est unique dans le paysage poétique contemporain.  Saint-John Perse use de répétitions ( "J'avais, j'avais ce goût de vivre"), procédé que l'on emploie plutôt dans la chanson et fait revenir certaines phrases dans le texte, tels des refrains entêtants. Il faut lire et dire le texte d'une traite pour ressentir l'enivrement, presque la transe, que procure cette poésie. Et que dire du plaisir que procurent les mots lorsqu'ils sont en bouche. Des mots gourmands comme "fabuleuse", "prodige", "merveilles" et des mots légers comme "engoulevent" qui font immédiatement rêver. le génie de Saint-John Perse est de savoir si bien les accoler pour qu'ils se magnifient les uns les autres, tel un peintre qui choisirait ses couleurs. Ainsi, ce sont parfois de véritables tableaux qui surgissent sous nos yeux, particulièrement dans "Neiges", tiré du recueil "Exil", écrit en 1944.

Passionné du verbe, Saint-John Perse le fut assurément, lui qui écrivait "Voici que j'ai dessein d'errer parmi les plus vieilles couches du langage, parmi les plus hautes tranches phonétiques: jusqu'à des langues très lointaines, jusqu'à des langues très entières et très parcimonieuses..."
En effet, chez ce poète, tout est voyage, y compris dans le temps et ce sont bien des récits de légende que nous lisons, sorte de chanson de geste des temps modernes, inclassable et surtout indémodable.
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Dans le Coran, Dieu a dit : "Et Il apprit à Adam tous les noms". Saint-John Perse a tenté de revenir à ce moment fatidique qui précède la descente sur terre, pour célébrer tous les Noms, embrasser tout l'univers dans sa poésie.

Dans la poésie persienne, (ici quatre exemples : "Eloges", "La Gloire des rois", "Anabase" et "Exil") apparaît l'étendue de son dessein cosmique, la véritable tâche du Poète, celui qui aspire à inventer une langue nouvelle, lui qui dit : "j'ai dessein d'errer parmi les plus vieilles couches du langage, parmi les plus hautes tranches phonétiques" labourant "la terre arable du songe" pour créer une réalité mythique et un merveilleux épique, cherchant à faire "un grand poème né de rien". Saint-John Perse trouve dans tout lieu fade un goût de la grandeur. Tout l'univers est présent dans cette poésie. Tout trouve une signification, même la chose la plus insignifiante ; rien ne se perd tout se transforme en beauté exquise, car pour ce poète "toute chose au monde [lui] est nouvelle"! Lui qui chante la beauté de l'enfance, regarde le monde d'un oeil curieux d'enfant. Dans un rythme vivant, orchestré de versets sublimes, chaque mot est choisi avec une exactitude encyclopédique.

Cet Albatros, vaste oiseau des mers, a été un poète précoce (à 17 ans, il écrit son premier poème "Images à Crusoé").
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Un de mes auteurs préférés en poésie moderne.
Un monde tout décrit avec semblerait-il une telle facilité de description, simple et magnifique. Un maniement du verbe que j'admire et qui me fait rêver au-delà du réel. Par ses mots, je m'envole.
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Saint-John Perse : Anabase (1924)
Impressions nouvelles à cette troisième lecture. le texte m'a semblé plus court, signe d'une plus grande familiarité. L'intention me paraît claire, au contraire des exégètes qui lisent dans le poème de multiples intentions contradictoires. Saint Léger quitte la contrainte matérielle, intellectuelle et hiérarchique de la diplomatie et prend un congé sabbatique pour rentrer de Pékin à Paris à cheval. Image liminale du poulain. Les cris répétés de Solitude ! en IV et V sont des cris d'enthousiasme. Cent ans plus tôt on aurait crié Liberté ! pour ce sentiment glorieux d'indépendance, mais en 1924 le romantisme est mort et la liberté est dévaluée. Plénitude devant des paysages extrêmes, déserts ou peuplés à sa guise d'hommes puissants des confins, réminiscence des ambassades, ou de foules bigarrées, explosion de la diversité humaine (ha ! toutes sortes d'hommes dans leurs voies et façons). Enfin un érotisme discret est omniprésent, sans la longueur et l'insistance d'Amers (1957) : (ah ! que l'acide corps de femme sait tacher une robe à l'endroit de l'aisselle !).
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