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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'avais eu du mal lors de ma première rencontre avec Saint-John Perse ; beaucoup trop obscur pour ma modeste compréhension.
"Sa poésie est réputée pour son hermétisme, mais aussi pour sa force d'évocation", nous dit Wikipedia.
Lors de cette première rencontre, j'avais calé sur l'hermétisme, qui m'avait caché la force d'évocation.
On la retrouve davantage, heureusement, dans "Éloges".
Éloges qu'il adresse à son enfance guadeloupéenne, restituant admirablement l'atmosphère tropicale, chaleur, moiteur, végétation oppressante.
Beaucoup de sensualité dans ses descriptions pleines de sous-entendus : "Je m'éveille songeant au fruit noir de l'Anibe ; à des fleurs en paquets sous l'aisselle des feuilles."
Beaucoup de beauté dans ses vers libres, avec parfois le petit choc d'une image incongrue, d'un mot insolite :
"Cependant le bateau fait une ombre vert-bleue ; paisible, clairvoyante, envahie de glucoses où paissent
en bandes souples qui sinuent
ces poissons qui s'en vont comme le thème au long du chant."
Hélas, beaucoup aussi de mots qui fâchent, comme de trouver dans la même phrase Nègre, fourbe et vicieux…
… ou ce ton colonialiste avec lequel il exprime son obsession de "jeune maître" pour le corps des domestiques noires.
Je n'ai très probablement pas tout compris. Mais ce qui semble le plus transparent ne me donne guère envie de poursuivre avec Saint-John Perse

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ELOGES

Je me suis donné pour objectif cette année de relire de la poésie, genre que j'avais abandonné sur les bancs de l'école, avec deux souvenirs agréables et pourtant bien différents: Hugo avec Demain dès l'aube et Aragon avec Les yeux d'Elsa.

Difficile pour moi de faire une critique de la poésie, et encore plus de celle du XXème siècle. Là où la poésie des siècles précédents s'enserrait de règles destinées à créer la magie dans la contrainte, les poètes modernes s'affranchissent du carcan des pieds, vers et rimes, recherchant par d'autres biais la musicalité, le biais pour toucher le lecteur ou pour exprimer les émotions. La poésie est donc affaire tellement intime, savoir si elle éveille en nous des images, pas forcément celles que l'auteur souhaiterait mais celles qui sont enfouies en nous.

Tout en comprenant le sens général du recueil (nostalgie, retour sur l'enfance, éloge de la nature en opposition à la civilisation), je ne me suis pas senti emporté par la poésie de Saint-John Perse. J'y ai même parfois été gêné par les images de l'ancien monde des maîtres ravis non seulement de ce que la nature leur offrait, mais aussi des soins prodigués par leurs servants (leurs esclaves ?).

Les poèmes en référence à Crusoe sont ceux qui m'ont le plus emporté avec la reprise nostalgique de plusieurs des éléments du récit, repris après le passage du temps et la perte de tout le charme que l'aventure leur avait apporté.

Mon édition comportant d'autre recueils de l'auteur, je tenterais peut-être l'expérience avec un d'eux, et j'ajouterais alors mes impressions à la suite ici.
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La poésie de de Saint John Perse, en particulier ce recueil, est d'un accès complexe de prime abord, de par ces compositions poétiques sibyllines, utilisant la forme du verset, parfois avec une longueur déroutante en se rapprochant de la prose presque classique. Néanmoins, les paragraphes se modulant selon la volonté de l'auteur, ce recueil offre dans sa première partie : éloges, une poésie de la réminiscence de l'enfance du poète, sous les cieux ensoleillés et tropicaux de sa terre natale, la Guadeloupe. Souvenirs égrenés au son d'une prosodie dithyrambique, sur l'amour, la beauté, la nature, la famille, l'art de vivre antillais, terre de douceur, de merveilles, où l'auteur fait revivre un esprit colonial d'antan, mais sans jamais de mépris racial ou social pour ses compatriotes iliens. Au contraire, il exalte dans ses versets une tendresse infinie pour les petites mains qui gravitent et s'occupent de faire vivre cet univers de la bourgeoisie créole, participant au bonheur de ce paradigme idyllique.
La suite du recueil, que ce soit la Gloire des rois, Anabase et exils, marquent une rupture très nette avec le début de l'oeuvre, orientant la poésie de l'auteur vers des horizons de voyages, empreints d'histoires, de lyrisme presque épique, combiné avec une recherche intérieure sur la vocation du poète et son appréhension globale de l'humanité et de l'existence. Dans la dernière partie : exils, l'auteur évoque son départ obligé d'Europe et de la France à cause de la Seconde Guerre mondiale et de ses choix politiques. Douloureux moment, exprimant encore d'une façon de plus en plus quintessenciée, son cheminement personnel compliqué, ce ressenti exacerbé de solitude en tant que poète face au monde et ce besoin impérieux, d'en déchiffrer la signification existentielle et poétique. La poésie de Saint John Perse reste mystérieuse, alambiquée, tellement elle est intime dans son entendement profond, cependant, c'est peut-être pour cette raison, qu'on lui décernera en 1960 le prix Nobel de littérature.
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C'est un recueil de poésies de Saint-John Perse, poète symboliste récipiendaire du prix Nobel en 1960. Ces poèmes, très évasifs, très vagues, font référence à des voyages ou bien à des temps reculés, à des rois, à des reines, à Robinson Crusoë... J'ai fortement ressenti l'influence de Rimbaud et de son bateau ivre, mais j'ai la sensation, avec ce genre de poètes que l'hermétisme est allé trop loin. Parfois on a l'impression qu'ils tentent de replacer des mots rares du dictionnaire. Surtout, je trouve que l'avant-gardisme "absolument moderne" de Rimbaud a ringardisé par avance tout ce qui serait fait dans le siècle à venir. Certes, Saint-John Perse a pu paraître novateur quand il a publié ses poèmes, mais son oeuvre, à mon goût, à mal vieilli, contrairement à celle de Rimbaud et probablement à cause de celle de Rimbaud, qui est allée loin, beaucoup plus loin que lui près de cinquante ans avant. Je note une impression de répétition également à la lecture de ces poèmes qui sont souvent de longues énumérations assaisonnées de termes savants et de références obscures. Toutefois, le texte de Saint-John Perse reste constellé de belles images, ce qui le sauve.
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