Les écrivains commencent tous par une couche de vérité, pas vrai ? Si tel n'était pas le cas, leurs romans ne seraient rien d'autre que de la batbe à papa, un goût éphémère donné à une substance aussi peu consistante que l'air.
L'intimité a ceci de magique que les soupirs et effleurements qui la constituent sont plus résistants que de la brique, plus durs que du fer.
Comment pouvait-on accorder si peu de valeur à sa propre vie ? Puis j'ai commencé à comprendre : quand votre existence est devenue un enfer, la mort doit faire figure de paradis.
Les gens désespérés font souvent des choses qu'ils ne feraient pas en temps normal.
En chacun de nous sommeille un monstre ; en chacun de nous vit un saint. La véritable question est de savoir lequel nous nourrissons le plus, lequel dominera l'autre.
La vitesse à laquelle les mensonges sortent est stupéfiante. Ils se recouvrent les uns les autres, telles des couches de peinture, jusqu'à ce qu'on ne se souvienne plus de la couleur de la vérité.
Il se révèle que plus on reproduit le même acte, si répréhensible soit-il, plus facilement on se trouve une excuse.
Personne, en découvrant un éclat de silex sous une saillie rocheuse ou une bûche fendue sur le côté de la route, ne verrait de magie dans ces choses isolées. Pourtant, si les circonstances le permettent, le silex et la bûche peuvent à eux deux lancer un feu qui consumera le monde.
Il a été pris à son propre piège, finalement, car ma grand-mère n'a jamais terminé son récit. Non pas qu'elle n'en connût pas la fin ; ni parce que, bien que la connaissant, elle se sentait incapable de l'écrire, comme le pensait Léo. Elle l'a volontairement laissé en suspend, tel un tableau postmoderne. Conclure un récit revient à en faire une œuvre d'art statique, un cercle fermé. En revanche, ne pas l'achever l'offre à l'imagination de chacun. Il reste vivant pour toujours.
J'imagine que lorsqu'on vous prive d'une liberté, vous en venez à le considérer comme un privilège, et non comme un droit.