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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sacha et Tom ont quitté leurs familles dysfonctionnelles, quitté la ville et même leur Québec natal, ils ont levé le pouce et se sont retrouvés bien plus au Nord, bien plus à l'Ouest : au Klondike, pays des chercheurs d'or et aujourd'hui terre d'asile d'une communauté hétéroclite de marginaux, des punks du bout du monde. Les hivers à -40°C, une cabane spartiate pour tout logement et Luna, la plus belle chienne-louve que la Terre ait jamais portée : le paradis. Les années filent, dans un genre de bonheur.

Jusqu'à ce que Sacha se sente peu à peu mise à l'écart, insensiblement et sans heurt tout d'abord, puis avec une violence grandissante. Bouc émissaire ou chienne conspuée, reniée par une meute bien plus machiste et excluante que les airs libertaires qu'elle se donne en étendard.

Cheminer dans ce livre ne devrait jamais prendre fin, on voudrait s'attarder encore aux côtés de Sacha et Luna, on voudrait qu'Emmanuelle Pierrot écrive encore d'aussi beaux livres après ce premier roman si réussi.
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Ce livre qui m'a bouleversé, le genre de livre que j'ai longtemps cherché à lire au Québec, une représentation troublante et empreinte d'amour de notre génération, c'est une narratrice en quête d'elle-même, en quête de justice, en quête du paradis, elle reproduit dans son écriture le courant beatnik, mais au temps présent et de façon foncièrement féministe. C'est hilarant, absurde et ça va te faire brailler. Je le recommande aux femmes, mais encore plus aux hommes, à mes ami.es et à mes ennemi.es
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Un mélange original, créatif et québécois de Virginie Despentes et Jack Kerouac (avec une pincée de Jack London). Merveilleusement bien écrit, captivant. touchant, bouleversant. Une critique acerbe de la société patriarcale. Un roman qui vous rappelle que la vie chez les marginaux peut être impitoyable, d'une grande cruauté
Ce roman vous émerveille par ses descriptions de paysages nordiques, il vous donne envie, dans un premier temps, de tout larguer et de partir à l'aventure, puis une ambiance anxiogène s'installe... L'enfer, c'est les autres
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J'ai souvent pensé à Xavier Dolan au cours de ma lecture, à ses films, des oeuvres intimes, décalées, à ses rôles toujours fascinants et percutants, d'une grande maîtrise et je me suis demandée si Emmanuelle Pierrot ne serait pas sa version féminine. 
Car ce roman est un véritable uppercut littéraire qui bouscule, incommode, dérange, bouleverse tant par son histoire que par la manière dont elle est racontée, même si parfois on regrette qu'un lexique québécois ne soit pas présent pour mieux comprendre la langue qui possède beaucoup d'expressions propres à ce pays. 
Mais ça ne m'a pas empêché d'être emballée par cette histoire d'être touchée par tout ce que subit cette jeune femme, harcelée, violentée physiquement et verbalement par ceux qu'elles croyaient ses ami.es. 

C'est sauvage, cruel, fascinant, décalé, hors norme et bouleversant à la fois, les thèmes abordés sont actuels et montre à quel point tout peu déraper très vite et faire d'une femme libérée, une victime imparfaite et lui faire vivre l'enfer. 
La version qui n'intéresse personne, ça m'étonnerait beaucoup qu'elle n'intéresse que moi. 
Je serais même curieuse de savoir si Xavier Dolan l'a lu. 


Chronique complète sur mon blog ➡➡ https://madosedencre.over-blog.com/2024/02/la-version-qui-n-interesse-personne.html
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Originaires de Montréal, Tom et Sacha sont comme frère et soeur. Inséparables depuis leur rencontre, ils ont grandi et évolué ensemble, avant de tout plaquer pour fuir vers l'extrémité du monde, dans le Yukon, territoire hostile, à l'est de l'Alaska, où la courbe du chômage grimpe aussi vite que celle des températures chute. À Dawson City, le couple d'amis fait front. Tom et Sacha mangent, dorment et survivent côte à côte, emportés par une vie saisonnière, où il s'agit de profiter de l'afflux de touristes l'été pour travailler et emmagasiner de quoi lutter contre le froid hivernal. Leur quotidien est fait de rencontres, de défonces, de rires et de musique. Ils trouvent leur place au sein de la communauté folk punk de la région. Un mouvement porté par des valeurs progressistes et une conscience aiguë des répercussions pour les populations locales de la ruée vers l'or du Klondike à la fin du XIXe siècle. « La mise en tutelle de Britney Spears, la déshumanisation des femmes par l'institution médicale » sont au coeur de leurs discussions. Ils causent « du mouvement #MeToo, du mariage gai, du harcèlement de rue. »

Dans sa première moitié, La Version qui n'intéresse personne d'Emmanuelle Pierrot ressemble à un récit autobiographique consacré aux modes de vie alternatifs. Cherchant à donner l'impression qu'elle marche dans les pas des auteurs de la Beat Generation, Pierrot cite dans le texte les romans Sur la route de Jack Kerouac (1957) et Le Festin nu de William S. Burroughs, et le film Into the Wild de Sean Penn (2007), tels trois points de repère. le nature writing s'immisce dans des scènes hallucinées, corrompues par la drogue et l'alcool. Tom et Sacha vivent dans des meublés insalubres ou dans des tentes. Ils adoptent une chienne-loup, nommée Luna. Ils se font des amis, se donnent rendez-vous dans les rares bars de la ville via les messageries instantanées des réseaux sociaux. le lecteur progresse dans le texte, comme ses personnages dans la vie : aux hasards des nouvelles amitiés et des opportunités pour améliorer le quotidien.

Mais au milieu du roman, tout bascule. le piège se referme sur Sacha comme sur le lecteur. Après avoir installé son ambiance via des descriptions passionnantes de la vie des marginaux dans les terres reculées, La Version qui n'intéresse, porté par une langue sauvage, mute en un thriller psychologique, qui va gratter sous le vernis pour dévoiler l'ignominie du monde. Parce qu'elle a refusé de transformer son histoire d'amitié avec Tom en romance, Sacha va devenir une pestiférée démunie, à la merci de toutes et tous. « Dawson était le paradis, en dépit de preuves du contraire de plus en plus nombreuses, raconte Sacha. Ici comme n'importe où ailleurs, il y avait du conformisme, de la misogynie, de la haine. J'avais été incapable de le reconnaître. La violence dont j'avais été témoin, je l'avais excusée. Pendant huit ans, je m'étais crue autorisée à être pleinement moi-même, à être libre. Peut-être que ça n'avait jamais été vrai. » Peu importe comment évolue la société, les mécanismes de bouc émissaire et de construction du groupe social dans la détestation de personnes tierces constituent toujours un fondement malade des interactions humaines.

À chaque page grimpe le sentiment d'injustice. le jeu de faux semblants et la manière dont les protagonistes sourient à Sacha pour derrière lui planter un couteau dans le dos, le tout soutenu par une sournoise culture du viol, nous ébranle. C'est un roman écrit du point de vue de Sacha, qui sait combien ses mots peuvent contenir des biais de perception. Mais comme le titre l'indique, Sacha ne nous demande pas de prendre sa vérité pour argent comptant. Elle nous demande juste d'écouter sa version. Non pas pour remporter une victoire qu'elle n'obtiendra jamais, mais pour rappeler la nécessité de développer une vision d'ensemble, de déplacer la focale pour laisser l'empathie pénétrer nos coeurs dans une société où personne ne s'entend plus parler.

La version qui n'intéresse personne, c'est à la fois celle de Sacha, mais aussi celle du monde réel, où les fake news, les cabales et les procès en ligne font boule de neige pour devenir complotisme et remplacer la réalité. D'un roman sur des marginaux qui évoluent aux confins du territoire, Emmanuelle Pierrot a tiré une oeuvre universelle, d'une tragique modernité.
Lien : https://www.playlistsociety...
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Ce livre dégage une ambiance particulière, avec beaucoup d'aspérités. Ce n'est pas joli, ni lisse, c'est cru, brut et dur. Une menace sourde plane dès le prologue et s'infiltre même dans les moments les plus insouciants.
Pendant une bonne partie de l'histoire, je me suis sentie détachée du personnage principal. J'avais peu d'empathie pour son vécu, je n'étais pas d'accord avec ses choix et bien que je respectais son indépendance et son caractère fort, je ne m'y identifiais pas.
C'est là la grande réussite du roman: faire comprendre que la parole des victimes doit être entendue, peu importe qui elles sont et les sentiments qu'elles suscitent, peu importe si l'on est ou non d'accord avec leurs choix et leur mode de vie. Sacha mérite d'être écoutée, considérée et aidée dans son épreuve, sans qu'on lui demande d'éprouver des remords, de s'excuser ou de poser des gestes de réparation.
J'aime croire que la fin ouverte contient la possibilité d'une remontée vers la lumière. Pour ma part, j'en ressors émue et je suis convaincue de la nécessité de continuellement questionner mes biais.

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Un premier roman coup de poing, brut, animal et totalement addictif.
Le récit se focalise sur une petite communauté de punks marginaux, autoproclamés libre-penseurs, qui pourtant cache un conformisme à la papa des plus repugnants.
Dans la seconde partie du roman, la focale s'elargit et l'autrice dépeint à la perfection un mécanisme tout à fait universel d'autodestuction des communautés, cette capacité proprement humaine de se changer en meute pour attaquer les plus faibles, ou ceux qui refusent de se conformer à une norme sociale.
Un roman qui révolte, qui enrage.
Une réussite (en québécois non sous-titré, il faut quand même le dire).
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Une petite merveille! On entre dans un milieu très marginal qu'à priori je n'affectionne pas vraiment mais l'actrice nous emmène dans ce monde tout comme dans une balade ou tout paraît calme et naturel malgré le contexte de fond très sombre et sans pitié. Elle décrit cette misère et cette souffrance des personnages d'une façon qui nous les rend presque sympathiques . Je ne me suis à aucun moment sentie en position de spectatrice dans cette histoire mais plutôt partie prenante progressant avec ces personnages.
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Roman éprouvant et terriblement attachant, comme Sacha, son personnage, rejetée par ses ami(e)s, son milieu d'adoption, la gang de marginaux de Dawson City au Yukon. On ne peut pas quitter ce récit vivant, émouvant, de la vie de cette jeune femme «folk-punk» aux cheveux roses - comme les aurores boréales où elle a rêvé au bonheur avec son chien malamute - alors que via Facebook, ses amis, son copain d'enfance, ses partenaires de randonnée, d'impro musicales la rejettent, la menacent, l'agressent. À leur différence, elle travaille, ne prend plus de drogue dure, ni trop d'alcool. Comme la narratrice, on cherche de l'air pour respirer tant le récit, sans pathos, mais cru, détaillé, très actuel, traduit bien les émotions qui traversent cette femme victime de vouloir se tenir debout contre les mensonges et le rejet d'un milieu qu'elle aimait. À la fin, la pandémie où toutes les portes se ferment souligne en contrepoint l'impasse dans laquelle Sacha se retrouve. Roman coup de poing très réussi, en particulier dans la description et les dialogues des personnages ambivalents de cette communauté marginale. Car ils ne sont pas noir et blanc. Ils cherchent une complicité dans le no futur d'un monde près de la nature, l'amour libre, la musique, ils sont connectés, épris de liberté, non genrés et pleins de contradictions.
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