La Marche du crabe, tome 1 : La Condition des crabes

Dans l'estuaire de la Gironde, non loin des plages, sur les rochers, l'on trouve une espèce de crabes particulière au nom scientifique de Cancer simplicimus vulgaris mais que l'on nomme plus vulgairement les crabes carrés de Gironde. La nature les a fait de telle sorte qu'ils ne peuvent se déplacer que le long d'un axe immuable. Dès lors, dès que deux d'entre eux se croisent, c'est peu dire qu'ils ont intérêt à bien s'entendre vu qu'ils sont condamnés à se croiser tout le temps. Mais aussi rapides s'ils veulent échapper aux humains qui les trouvent fascinants. Notamment ces deux journalistes animaliers qui veulent faire un reportage sur ces petites bêtes, se rendant ainsi sur les plages. Mais bientôt deux crabes se rendent compte que, si l'un d'eux porte l'autre sur son dos, cela modifie leur direction. Une révolution qui risque bien de changer leur vie jusqu'ici ennuyeuse et simple...

"La marche du crabe", court métrage maintes fois récompensé, deviendra un film d'animation et une bande dessinée. Une trilogie dans laquelle l'on suit le parcours de deux crabes carrés qui ont révolutionné leur mode de déplacement. Arthur de Pins donne la parole à ces crustacés qui peuplent l'estuaire de la Gironde et l'on fait connaissance notamment avec Soleil et Bateau. Mais leur quotidien sera bien vite chamboulé par l'arrivée de journalistes mais aussi par la jalousie des tourteaux. Voilà un album pour le moins original, caustique et étonnant. Un récit qui se met en place gentiment mais qui ne manque pas de rebondissements, d'humour et de facéties. Graphiquement, les couleurs ensoleillées illuminent ces pages claires au trait épuré.

Oubliés les pin-up potelées et les monstres "so busy" de Zombillénium. Arthur de Pins souhaite manifestement quitter l'autoroute bien balisée qu'il s'était jusqu'alors tracée. Et c'est tant mieux car le dernier album qu'il nous laisse à lire est d'une toute autre nature.

Puisant dans le registre de la fable, cette histoire débute sur le postulat suivant: il existe, dans l'estuaire de la Gironde, une variété de crabe répondant au nom pseudo-scientifique de "Cancer simplicimus vulgaris" ou plus vulgairement "crabe carré" dont la particularité est de se déplacer (depuis leur naissance) le long d'un axe immuable sans aucune capacité de tourner.

Sur cette base on ne peut plus simple, l'auteur brode une histoire passionnante et riche de rebondissements inattendus. Non content de jouer avec les trajectoires loufoques de ses petits animalcules, il va faire s'entrecroiser nombre de destins... humains cette fois.

Petit à petit, le récit s'étoffe, s'étaye, et au fil d'une lecture émoustillante et sans la moindre aspérité que celles voulues par l'artiste, vous percevrez d'un oeil presque distrait la délicieuse mécanique se mettre en place. Au fil des pages, l'analogie entre ces crabes incapables de quitter leur route monotone et nos petites vies routinières et bien rangées devient saisissante. L'identification prend tout son sens. Nous nous laissons mener par le bout du nez tout du long de ces 105 pages d'un dessin épuré, redoutablement efficace et drôle.

Un vrai bonheur, on vous dit !

J'avais vu le film dans un festival de courts métrages et j'avais adoré.
Et je suis tombée sur ce livre totalement par hasard, je n'ai donc pas pu résister...
Mais je suis un peu déçue. Je me souviens d'un film avec un rythme assez rapide, une histoire très centrée sur les crabes qui va tes vite et qui ne laisse pas le temps à la digression.
Forcément pour produire 3 volumes de BD il a fallut diluer un peu et donc je ne m'y retrouve pas.
C'est sympa et amusant, mais pour moi il y a quelques pages de trop.

Cet album, découvert grâce au challenge BD est une très bonne surprise. Sans le challenge je ne l'aurais peut-être jamais empruntée car je ne trouve pas la couverture très attrayante, et le titre non plus. J'ai bien aimé les Zombillenium, du même auteur, et on retrouve ici la même technique de dessin numérique très reconnaissable. J'ai même relevé un petit clin d'oeil de l'auteur : sur l'une des maisons du front de mer il est écrit Gretchen (c'est le sous-titre du premier tome de Zombillenium).
Nous sommes dans les années 70 et deux reporters se passionnent pour le cancer simplicimus vulgaris qui a la particularité de se déplacer toujours sur le même axe, rendant sa vie plus que monotone et sa reproduction plus qu'hypothétique !
Les scènes où l'on voit les crabes alternent avec celles où l'on voit les humains et j'ai trouvé ces mises en parallèle souvent très drôles et très bien vues.
Nous suivons donc la soudaine prise de conscience d'un puis de deux petits crabes qu'ils peuvent prendre leur destin en main et ils inventent un système de déplacement où ils se portent l'un l'autre pour pouvoir tourner. Très ingénieux ces petites crabes !
Pendant ce temps, les humains se disputent, entre écologistes et pêcheurs, les journalistes cherchent le scoop.
J'ai vraiment bien aimé ce premier tome, qui m'a bien fait rire. C'est une histoire originale qui pointe les nombreuses incohérences de notre société avec beaucoup d'humour.
Un petit bémol : il y a tout de même des longueurs et certains passages se répètent donc je me demande comment cela va rebondir dans le tome 2.

Quel triste destin que celui des Cancer Simplicimus Vulgaris, condamnés à ne pas pouvoir tourner et à marche indéfiniment selon la trajectoire dans laquelle le hasard les a fait naitre.
J'ai passé un bon moment mais je pense que mon appréciation a été un peu faussée par l'excellent souvenir que j'ai du court métrage...J'avais en tête quelque chose de plus rythmé, de plus vif. Ici j'ai trouvé que ça tirait un peu sur la corde. Je me réjouis de lire le tome deux afin de voir si cette impression perdure...