A priori, ce livre avait tout pour me plaire : une satire en forme de parodie qui se propose de régler leur compte aux Woke, aux tenants de la Cancel culture du Care et de la théorie du genre, aux vegans,decoloniaux, décroissants, neo-feministes, néo -racistes qui se disent racises, animalistes, et j'en oublie, et des pires, et qui y réussit, en partie seulement hélas. Car si le fond est très drôle, la forme pêche un peu : plutôt qu'un roman, le livre est une série de sketchs, reliés par leur triste héros. La trame est un peu lâche, et il y a des longueurs, surtout lorsque les traits de la caricature grossissent à l'excès, jusqu'à basculer dans le grotesque et à affaiblir ainsi, ce qui est dommage, le propos du livre. C'est le cas dans les derniers chapitres, concernant la campagne présidentielle. C'est là qu'intervient
le serment sur la moustache qui donne son titre au livre. Ce qu'est le serment, je ne le dirai pas. Sachez seulement qu'il fait partie de ces passages regrettables que je déplorais plus haut, et que la moustache est celle d'
Edwy Plenel (ou de son avatar), tête de turc particulière de l'auteur,et qui le mérite bien, même si la peinture n'en est pas tout à fait exacte. Mais il serait hors de propos de lister les invraisemblances qui font partie de l'exercice et qu'on pardonnera pour quelques morceaux de bravoure, tels que la réécriture politiquement correcte d'un poème de
Baudelaire par le "héros" du livre, professeur de lettre dans le collège d'une banlieue difficile, dont la bêtise confondante en fait le pendant du Romain de "
Le parti d'Edgar Winger", dernier roman de
Patrice Jean, que je rappelle pour tout le bien que j'en pense.
Malgré quelques réserves donc, une lecture bien réjouissante et parfois vengeresse.