Citations sur Feu Mathias Pascal (38)
Nous avons besoin de rendre toujours quelqu'un responsable de nos peines et de nos malheurs.
"Maudit soit Copernic !"
- Voyez-vous ça... Mais que vient faire Copernic là-dedans ? s'écrie don Eligio, en se dressant le visage en feu sous son grand chapeau de paille.
- Il a sa responsabilité, don Eligio. C'est que, au temps où la Terre ne tournait pas...
- Saperlipopette, elle a toujours tourné !
- Ce n'est pas vrai ! L'homme l'ignorait, c'était donc comme si elle ne tournait pas. Au surplus, pour quantité de gens, aujourd'hui encore, elle ne tourne pas. L'autre jour, je l'ai dit à un de nos vieux paysans, et savez-vous ce qu'il m'a répondu ? Que c'était une bonne excuse pour les ivrognes.
- Rome aussi, morte? m'écriai-je consterné.
- Depuis bien longtemps, monsieur Meis! Et, croyez-moi, tout effort pour la faire revivre est vain. Enfermée dans le rêve de son passé grandiose, elle ne veut plus entendre parler de cette vie mesquine qui s'obstine à fourmiller autour d'elle. Quand une ville a eu une vie comme celle de Rome, avec des caractères si nets et si particuliers, elle ne peut devenir une ville moderne, c'est-à-dire une ville comme une autre. Rome gît là, avec son coeur brisé, sur les flancs du Capitole. [...]
Tous faux, pour elle, les hommes, tous coquins et traîtres.
Il avait commis l’erreur de choisir une femme de rang supérieur au sien, qui était fort bas. Or cette femme, mariée à un homme de condition égale à la sienne, n’aurait peut-être pas été aussi insupportable qu’elle l’était avec lui, à qui naturellement elle devait démontrer, à la moindre occasion, qu’elle était de bonne naissance et que chez elle on faisait ainsi et ainsi. Et voilà mon Malagna docile à faire ainsi et ainsi, comme elle disait, pour paraître un monsieur lui aussi. Mais il lui en coûtait tant ! Il suait toujours, il suait !
J’avais déjà effectué ma transformation extérieure de pied en cap : sans barbe, avec une paire de lunettes bleu clair et les cheveux longs, artistement ébouriffés : je paraissais vraiment un autre homme ! Je m’arrêtais quelquefois pour bavarder avec moi-même devant un miroir et me mettais à rire.
Je lus ainsi de tout un peu, en désordre ; mais surtout des livres de philosophie. Ces ouvrages sont très pesants : et pourtant, ceux qui s'en repaissent et les ingurgitent vivent au milieu des nuages. Ils dérangèrent encore plus mon cerveau, déjà pas mal détraqué.
“La femme est plus généreuse que l'homme, et elle ne s'attache pas seulement, comme celui-ci, à la beauté extérieure.”
J'entrevis en un éclair... mais oui ! ma libération, la liberté, une vie nouvelle !
J'avais quatre-vingt-deux mille lires sur moi, et je ne devrais plus les donner à personne ! J'étais mort, j'étais mort : je n'avais plus de dettes, je n'avais plus d'épouse, je n'avais plus de belle-mère : personne ! libre ! libre ! Que demander de plus?
Les absurdités de la vie n’ont pas besoin de paraître vraisemblables, parce qu’elles sont vraies. Au contraire de celles de l’art qui, pour sembler vraies, ont besoin d’être vraisemblables. Et alors, étant vraisemblables, ce ne sont pas des absurdités.