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Michel Arnaud (Autre)André Bouissy (Autre)
EAN : 9782070370634
250 pages
Gallimard (25/10/1978)
3.62/5   30 notes
Résumé :
Pirandello invite le spectateur à assister à ce qui lui est généralement caché : ce qui se passe sur une scène lorsque la salle est vide; ce qui se passe dans l'esprit du metteur en scène aux prises avec des personnages qui lui sont confiés; et plus encore, tout ce qui se passe dans le cœur d'un auteur lorsque s'imposent à lui des personnages, et qu'il les sent plus forts qu'il n'est.

Source : Folio, Gallimard
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Deux pièces de théâtre qui détonnent. J'avais beaucoup apprécié Chacun sa vérité et je continue la découverte de Pirandello avec toujours autant de plaisir et de surprise. Non seulement l'écriture est belle, percutante, mais les thèmes sont incroyablement recherchés et fouillés par cet auteur. La création artistique et l'honneur prennent une saveur riche, profonde avec des pointes d'humour qui allègent parfois les scènes. Un très bon moment de lecture.
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Avec cet ouvrage, regroupant deux pièces, trouvé dans une boite à livres, j'ai fait connaissance avec l'écriture de Luigi Pirandello.
L'auteur parle de la famille, et les pièces pourraient être banales, mais les situations sont loin d'être ordinaires, les personnages peuvent être complexes, et la trame très psychologique. Ce sont des drames.
Dans "Six personnages en quête d'auteur", une famille recomposée, fait irruption dans un théâtre pour y proposer le drame qu'ils vivent... Pour l'époque le sujet peut-être condamnable, avec un père de famille qui fréquente les maisons de tolérance, et une jeune fille qui se prostitue pour rapporter des revenus à sa mère...
Il y a une interférence entre la scène qui se déroule au théâtre avec les acteurs, et les personnages qui arrivent pour parler de leur histoire familiale, hors normes.
Dans "La volupté de l'honneur", le sujet est plus simple. Une jeune fille de la bonne société attend un enfant de son amant marié, donc un mariage est arrangé. La situation serait assez simple si le mari proposé n'avait pas une psychologie compliquée.
Luigi Pirandello, au travers de ces deux oeuvres, ne me semble pas être un auteur de tout repos et facile. Mais, j'ai beaucoup apprécié ces deux pièces, assez déroutantes par leur construction, avec des dialogues parfois difficiles à suivre.
Un auteur que je relirai avec grand plaisir.
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Un conte dans un conte, un film dans un film, un théâtre dans un théâtre pourquoi pas, Molière l'a fait et bien d'autres. Les Six personnages en quête d'auteur est une oeuvre qui bouleverse non seulement le théâtre mais la création artistique entière.

L'oeuvre artistique devrait marcher dans les rues, le théâtre devrait rentrer dans des maisons, dans des foyers, marcher sur les voies publiques au lieu de regarder vers le ciel. Fini le théâtre où les mots semblaient appartenir aux dieux plutôt qu'aux hommes. C'est en quelque sorte une marque de rupture entre le classique et le contemporain.

Seulement dans cette refondation des choses, dans cette création à laquelle tout le monde met la main à la patte, seul le public n'a pas été distribué. Il y'aurait eu une spontanéité très inattendue car toute fois le public changerait , cela apporterait un autre air de réalité.

Le théâtre à nu plutôt la créativité artistique à nu puisqu'on y parle d'écriture, dans l'art tout commence par l'écriture. Quoi écrire? Comment l'écrire? Seul être dans le vrai peut permettre de le faire.
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La volupté de l'honneur

Pirandello nous permet de suivre, grâce à sa production, un parcours de la crise historique et existentielle de l'individu et, en particulier, de l'intellectuel dans la société entre le 19e et le 20e siècle. Après 1870, les années de sa première formation, un fort sentiment d' insatisfaction domine les différents secteurs de l'opinion publique et les esprits des jeunes intellectuels en raison de l'échec des idéaux du Risorgimento. En fait, la réalité italienne n'a pas suivi les idéaux héroïques supposés au début du XIXe siècle : les régions du sud sans espoir de développement sont réduites à de simples marchandises de conquête, le renouveau de l'État, devant l'incapacité du politique à engager un véritable et substantiel processus de transformation, reste paralysé dans les scandales.

Naturellement, les intellectuels ont été saisis par une "crise d'identité"et c'est précisément dans ce contexte que l'on pourrait situer la figure de Pirandello. Sur le binôme dialectique vérité et fiction, pierre angulaire de la genèse du théâtre, Pirandello s'affirme comme l'un des auteurs les plus importants ; l'enquête sur la Vérité, comprise comme un débat sur les problèmes réels de l'individu et de la société et non comme la vraisemblance des personnages et des situations, définit le processus de libération, pour ainsi dire, mis en oeuvre par l'auteur pour arriver à une connaissance supérieure , une vérité interne à l'objet pris en analyse.

La volupté de l'honneur  est précisément un appendice au discours de Pirandello sur ce rapport structurel. L'ambiguïté du masque, qui permet d'atteindre la vérité par la fiction est l'objectif premier du théâtre. Baldovino accepte de passer pour l'époux légitime d'Agate, mais en faisant accepter aux autres personnages la réalité qui vient d'être construite par eux : “le théâtre n'est pas un illusion : c'est une réalité qui apparaît enfin. Non, nous ne sommes pas faits de l'étoffe des rêves : les rêves sont faits de notre propre étoffe insaisissable".

Dans sa vision amère et paradoxale de la vie, Pirandello tourné son attention vers l'individu et part de la prise de conscience d'une fracture qui s'opère dans la civilisation romantique et bourgeoise. L'art de Pirandello est la dénonciation angoissée de cette crise. La multiplicité de la réalité représente précisément l'apparence qui caractérise ses personnages toujours prêts à se battre, à lutter contre l'artificialité de toutes choses et à vivre dans l'angoisse d'une vraie existence. De là, à partir de la représentation d'une vie qui n'est pas la vie, mais seulement une illusion , “Par force, je dois nager dans l'abstraction : gare, si je touchais terre! La réalité n'est pas faite pour moi; gardez-la pour vous. Touchez-la, vous. Parlez : je vous écouterai. Je serai l'intelligence qui n'excuse pas, mais a de la compassion... “

Baldovino – qui est la conscience incarnée- n'est pas dupe des artifices de “la pauvre humanité qui souffre dans la joie et jouit dans la douleur de l'existence.”

Inversion des rôles? Illusion , typique des personnages de Pirandello, humour lié au paradoxe de la vie, fantômes d'eux-mêmes, rêves de leur réalité.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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La volupté de l'honneur :
Très très drôle... Un homme au passé louche est sollicité pour épouser Agathe, une jeune fille de bonne famille, enceinte des oeuvres d'un marquis lui-même marié. En échange du nom qu'il donnera au futur enfant, le marquis effacera ses dettes. Cet homme cultivé prend son rôle très au sérieux. Puisqu'on lui demande de préserver l'honneur de cette famille respectable, il l'incarnera jusqu'au bout, de manière rigide et tyrannique. Il prend un réel plaisir à mettre ces aristocrates aisés devant leurs contradictions. Il joue la comédie de l'honnêteté jusqu'au bout si bien que la famille veut bientôt se débarrasser ce cet homme trop honnête et cherche à le pousser à la faute.
Humour très caustique
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
LE DIRECTEUR se lève et indique.
Alors, nous y sommes bien?... Ici, le vestibule, là, la cuisine. (Se tournant vers l'acteur chargé du rôle de Socrate.) Vous entrez et sortez par là. (Au régisseur.) Vous poserez au fond un tambour garni de tentures.

Il s'assied.

LE REGISSEUR, inscrivant sur sa feuille.
Bien, monsieur le directeur.

LE SOUFFLEUR
"Scène première. - Léon Gala, Guido Venanzi, Philippe dit "Socrate". (Au directeur.) Dois-je lire les indications scéniques?

LE DIRECTEUR
Mais naturellement! Je vous l'ai déjà dit cent fois.

LE SOUFFLEUR, lisant.
"Au lever du rideau, Léon Gala, en tablier blanc, coiffé d'un bonnet de cuisinier, est en train de battre un oeuf dans du chocolat, avec une cuillère à pot. Philippe, habillé lui aussi en cuisinier, en fait autant. Guido Venanzi écoute assis."

LE GRAND PREMIER ROLE
Je vous demande pardon, est-il absolument nécessaire que je me coiffe de ce bonnet de cuisinier?

LE DIRECTEUR
Mais naturellement, puisque c'est écrit.

Il montre la brochure.

LE GRAND PREMIER ROLE
Mais c'est parfaitement ridicule!

LE DIRECTEUR, se levant furieux.
Ridicule! Ridicule! Que voulez-vous que j'y fasse s'il ne nous arrive plus de France une seule bonne comédie et si nous en sommes réduits à représenter des comédies de Pirandello, dont on ne comprend pas un traître mot et que l'auteur semble avoir écrites exprès pour se f... de moi, de vous et du public? (Les acteurs rient, le directeur s'approche du grand premier rôle.) Oui, monsieur, vous mettrez ce bonnet de cuisinier! Oui, monsieur, vous battrez ces oeufs! Vous vous figurez peut-être, avec vos oeufs, que vous jouez une pièce comme toutes les autres? Eh bien! détrompez-vous! Vous représentez la coquille des oeufs que vous êtes en train de battre! (Les acteurs se mettent à rire et échangent des commentaires ironiques.) Silence! Je vous prie de m'écouter lorsque je me donne la peine d'expliquer quelque chose. (Au grand premier rôle.) La raison est une coquille vide si l'instinct aveugle ne l'emplit pas! Vous, vous représentez la raison, votre femme représente l'instinct, dans A chacun son rôle. Le vôtre est de vous faire passer pour votre propre fantoche... Avez-vous compris?...

LE GRAND PREMIER ROLE, les bras en croix.
Ma foi, non!

(Six personnages en quête d'auteur)
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LE DIRECTEUR
C'est que je n'y suis plus du tout.

LE PERE
Je crois bien! Bombardé de tous les côtés, comme vous l'êtes! Exigez un peu d'ordre dans le récit, monsieur, et laissez-moi parler sans tenir compte de l'opprobre dont elle cherche à me couvrir si férocement, sans me laisser fournir d'explications.

LA BELLE-FILLE
Non, il n'y a rien à raconter ici, rien du tout.

LE PERE
Je ne veux pas raconter, je veux expliquer.

LA BELLE-FILLE
Oui, à ta façon.

LE PERE
Mais tout le mal vient précisément de là! Il est dans les mots. Nous avons tous un monde en nous, et pour chacun c'est un monde différent. Comment pourrions-nous nous entendre, monsieur, si les mots que je prononce ont un sens et une valeur en rapport avec l'univers qui est en moi, tandis que celui qui m'écoute leur donne inévitablement un sens et une valeur en rapport avec l'univers qu'il porte en lui? On croit se comprendre, on ne se comprend jamais! Voyez par exemple. (Montrant la mère.) Ma pitié, toute ma pitié pour cette femme a été interprétée par elle comme la plus féroce des cruautés.

LA MERE
Mais puisque tu m'as chassée!

LE PERE
Vous l'entendez? Elle dit "chassée", elle a cru que je la chassais!

LA MERE
Toi, tu sais parler, moi je ne sais pas... (...)
Exigez un p
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FABIO : Oui, oui, vous avez raison ! C'est vrai, je lui en ai voulu de m'avoir amené un homme comme vous !
BALDOVINO : Mais non, il a très bien fait, croyez-moi, de me choisir, moi. C'est un honnête homme médiocre que vous vouliez ici, n'est-ce pas ? Comme s'il était possible qu'un médiocre accepte une telle position sans être un gredin ! Moi seul pouvais l'accepter, moi qui — comme vous voyez — n'éprouve aucun scrupule à passer pour voleur !

LA VOLUPTÉ DE L'HONNEUR, Acte III, Scène 3.
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En entrant dans la salle, les spectateurs trouveront le rideau levé, le plateau tel qu'il est pendant le jour, sans portants, ni décors, vide, dans une obscurité presque complète.
Il faut, dès le début, qu'on ait l'impression d'une représentation non préparée.
Le couvercle de la boîte du souffleur est à droite du trou.
A gauche du trou du souffleur, sur le devant de la scène, une table et un fauteuil - dossier tourné vers le public - destinés au directeur.
Deux autres tables, une grande et une plus petite, entourées de quelques chaises éparses, comme pour une répétition.
Par la porte des coulisses entrent les acteurs de la troupe, hommes et femmes, isolément ou par couples, à leur gré. Ils sont huit ou neuf, le nombre qu'il faut pour jouer la comédie de Pirandello : "A chacun son rôle", annoncée par le tableau de répétition....
(extrait du lever de rideau de l'édition de poche parue en 1970)
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Oh, monsieur, vous savez bien que la vie est pleine d'innombrables absurdités qui poussent l'impudence jusqu'à n'avoir même pas besoin de paraître vraisemblables : parce qu'elles sont vraies.
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Videos de Luigi Pirandello (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Luigi Pirandello
Dans ce film, la romancière et critique littéraire italienne Daria Galateria et l'auteur et traducteur Jean-Luc Nardone, présentent le roman "Les Dix mille mulets" de Salvatore Maira à paraître le 2 juin 2021.
Sicile, 1949. le jeune éleveur de bétail Pepino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. Il devra trouver les bêtes dans toute l'île, les conduire à Messine, les soumettre à une commission et les embarquer pour le Pirée, cent cinquante à la fois, en anticipant les dépenses avec de l'argent qu'il ne possède pas. Pepino doit faire face en outre à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu'il tient là l'occasion de sa vie. Il trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, l'autre personnage central du roman qui, marqué par l'assassinat de son épouse, nourrit son désir de vengeance. Son enquête fait apparaître les puissances politiques, religieuses et mafieuses qui, dans l'ombre, intriguent pour mettre la main sur l'Italie. L'aventure individuelle de Pepino se fond ainsi dans l'histoire générale d'une Italie qui s'efforce de renaître et ne s'est pas débarrassée des forces maléfiques de la Seconde Guerre mondiale. "Les dix mille mulets" est une épopée populaire tragi-comique qui mêle faits historiques réels et intrigue romanesque, dans laquelle on croise toute une foule de personnages désespérés, comiques, solitaires, qui essaient avec autant d'énergie que d'imagination, et sans trop de scrupules, de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre. C'est aussi un roman choral qui recrée une Sicile disparue, à la fois séduisante et impitoyable, tragique et incroyablement vivante.
Salvatore Maira, né à San Cataldo en Sicile en 1947, a enseigné le cinéma à l'université La Sapienza à Rome. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Pirandello et Verga. Il a écrit et réalisé des longs métrages reconnus dans de nombreux festivals internationaux : "Valzer", par exemple, conçu avec un unique plan séquence a reçu le prix Pasinetti à la 64e Mostra de Venise. Il est également l'auteur d'un deuxième roman "Ero straniero" (2019).
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