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Critique de nadejda


Ce dernier livre de Jean-Claude Pirotte est un magnifique et douloureux hommage à la littérature et à la vie qu'il va falloir quitter un jour. Il aura jusqu'au bout, sauvé son désir d'écrire et de lire au sein des souffrances, de l'extrême épuisement dû à la progression de son cancer et des traitements éprouvants qu'il a subi.
Les livres ont protégé son enfance, ils l'auront accompagné durant son adolescence, sa longue cavale et jusqu'à la fin.

C'est avec une grande lucidité qu'il nous écrit une dernière fois alors que le suivi de sa maladie l'a contraint à quitter la maison de Saint Léger dans l'Aube où il vivait avec sa compagne pour revenir à Namur, la ville où il est né.


« Partout où il posait son bagage les livres l'entouraient, c'était une famille encombrante dont les membres ne cessaient de proliférer. Or, sans cette famille, il se sentait perdu, incomplet, mutilé.
(…) Aujourd'hui que le cancer l'assigne à résidence dans cette ville où il est né par un caprice du hasard, quelques rangées de livre le rassurent sur son destin. » p 49

Il nous offre au fil des pages un florilège des livres qui l'ont toujours accompagné et lui rappellent des lieux où il a vécu : Lisbonne avec la Ballade de la plage aux chiens de José Cardoso Pires, Joubert « le tant aimé, qu'il convient de relire sans cesse, (…) non pour oublier, mais pour se retrouver » et Nerval et Maurice de Guérin, Montaigne, « La Vigie » de Marcel Arland, Gaston Bachelard, Pablo Neruda, « La Relique » de Henri Thomas, « La Tradition de minuit » de Mac Orlan, le « journal » de Stendhal etc…

La vie ce sont aussi les malades qu'il côtoient à l'hôpital : 
« Le partage de la maladie défie le sentiment de solitude. Une humanité affligée, composée de toutes les couches sociales, se défend contre la terreur en partageant une intimité de hasard. Elle s'accorde quelques heures d'oubli des raisons pour lesquelles elle se trouve rassemblée.
(…) Et je vis là quelques moments d'un oubli bienheureux en écoutant cet homme, ou cette femme, parler d'une vie sans fards. Une telle confiance inattendue le bouleverse. L'humanité malade est riche de confidences et d'espoir, alors même que rôde la mort.
(…) Il fait bien partie de la communauté fraternelle des cancéreux » p 70 71

Cet ultime voyage avec un écrivain que l'on aime, désormais disparu est bouleversant mais procure un apaisement et un regain de force pour ne pas se laisser gagner par le pire des cancers celui que Pirotte nomme « le cancer de l'esprit » qui l'avait entraîné, quelques années auparavant, vers « les ténèbres de la dépression »
et « Les métastases de l'esprit devaient avoir inspiré celles du corps. La conscience diffuse d'un autre mal avait soudain réveillé en lui, paradoxalement, l'envie de vivre. »
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