AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 545 notes
Et soudain, la liberté retrace le parcours de Mona, l'avatar romanesque de la mère de l'une de ses auteures, Evelyne Pisier. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Evelyne Pisier (je faisais partie du lot avant de lire le roman), elle est une figure du droit public français. Sacrée figure puisqu'Evelyne est devenue professeure de droit à l'université Paris 1 – Panthéon Sorbonne. Elle fut de surcroît écrivaine et politologue. Ce destin déjà hors du commun est lié de très près à celui de Mona.

Nous rencontrons ce personnage figé dans un carcan de femme éprise et soumise à un mari dominateur et violent. Petit à petit, parfois brutalement, le personnage de Mona rompt avec cette trajectoire pour embrasser le voile léger de l'indépendance, de la liberté. Corollaire de cette métamorphose, le contexte historique de la narration correspond à la période de décolonisation française en Indochine. de ce point de vue, j'y ai retrouvé les échos lointains de L'Amant de Marguerite Duras - ce qui n'était pas pour me déplaire.
Si seulement, Et soudain, la liberté s'arrêtait là ! Au cours de la rédaction de ce roman, Evelyne Pisier est décédée et a confié la responsabilité de sa publication à son amie et éditrice, Caroline Laurent. A la trame principale se tisse la chaîne du deuil et du travail d'un texte devenu orphelin. Nous sommes invités à passer dans les coulisses du texte littéraire. Caroline Laurent nous livre en toute transparence sa douleur et ses interrogations. le dosage est savamment exécuté : jamais le récit ne vire au pathos, tout au contraire, à la façon d'un sablier que l'on retournerait, les instants de légèreté d'une des deux narrations succèdent aux instants les plus graves. Cela nous permet de faire une pause, pour reprendre plus tard le cours de l'histoire.
Et soudain, la liberté prend un autre sens. Comment a-t-on le courage de s'affirmer comme soi ? Avec nos propres désirs ? Il y a tant de barbelés invisibles qui emprisonnent l'esprit des femmes. Ce besoin de légitimité. Ce sentiment de jamais assez bien. de prouver. Et notre soif d'assurance n'est jamais tarie. Et soudain, la liberté appartient aux ouvrages qui m'inspirent. Ils me disent que lorsque l'on trouve ce qui est important pour nous, nous avons le devoir de ne pas le lâcher, le devoir d'en faire une réalité, sous peine de voir notre liberté réduite à une cage à serin.
Lien : https://lirevoyager.wordpres..
Commenter  J’apprécie          00
Une histoire de remises en questions politiques, féministe et religieuses racontée sans le moindre engagement par une éditrice empoussiérée par des préoccupations purement littéraires. Flamme devenue braise. Fond devenu forme.

Au lieu de geindre et raconter ses tourments à restituer l'amitié et la promesse qui la liait à Evelyne, l'éditrice aurait du, il me semble, mettre en avant des progrès sociaux contemporains. De cette manière elle pouvait faire une lien intéressant entre deux époques. C'est ce qui est choquant dans la narration, une fascination pour le littéraire, comme si finalement, elle n'avait rien retenu du fond qu'elle essaye de nous livrer.

"Tandis qu'à La Sorbone Dany Le Rouge monte des barricades." Cette phrase montre selon moi l'inculture politique de Caroline Laurent qui utilise Daniel Cohn-Bendit pour parler de cette époque. Si mai 68 devait revenir sous une quelconque forme aujourd'hui, ce monsieur se rangerait implacablement du côté du pouvoir. La lutte que décrit Caroline Laurent est morte et enterrée alors que l'hommage à Evelyne Pisier aurait du être d'en faire un chemin guidant le présent. Encore faut-il avoir une conscience des enjeux sociaux et ne pas faire du littéraire pour du littéraire en oubliant qu'il peut avoir du sens.

Si le fond est passionnant tant la vie de cette personne est riche en combats plus beaux les uns que les autres, la forme est rapidement pénible.

Le parti pris d'intégrer l'amitié de l'éditrice est maladroit et donne l'impression de vouloir s'immiscer dans la grande histoire. Ce n'est sans doute pas son but mais il en ressort pour moi un livre qui aurait mérité mieux. J'ai également trouvé style d'écriture de l'éditrice très scolaire et pompeux.

Les procédés stylistiques utilisés par Caroline Laurent (comme changer les noms mais en nous le disant, inventer des histoires mais en nous prévenant avant ou après coup de l'invention) ont le mérite d'être belles tentatives mais comme bon nombre de critiques, je trouve que cela ne prend pas. S'immiscer dans l'autobiographie d'Evelyne Pisier de cette manière est trop technique et cela ne prend pas. La magie n'opère pas.

Après avoir lu une scène, puis apprit qu'elle était inventée, on sort du livre et la scène suivante devient fade car on ne peut que se demander si c'est encore une invention. Encore une fois, beaucoup de technique qui ne prend pas. Le travail de Caroline Laurent est mal payé.

Il n'en reste pas moins une histoire fantastique et enrichissante que nous aurions eu besoin de lire des années plus tôt.
Commenter  J’apprécie          00
L'originalité : un livre écrit à deux voix, l'une pour soutenir et prolonger la parole et le périple romanesque de l'autre. Castro comme personnage secondaire, étonnant.
Commenter  J’apprécie          00
Ce roman nous parle de l'évolution d'une femme Mona qui grâce à la rencontre d'une bibliothécaire particulière va passer du statut de bourgeoise oisive au statut de femme engagée dans le féminisme. Cela se fera progressivement. Dans un premier temps, ce sera à son propre bénéfice puisqu'elle va apprendre à vivre indépendamment de son époux puis de plus en plus au bénéfice des autres mais le parcours sera long et chaotique. Elle ainsi découvrir et revendiquer le droit de la femme à décider par elle-même mais aussi le droit à la différence.
A travers l'évolution de cette femme, il est question de l'évolution de la société » qui au sortir de la guerre a vu émerger des mouvements qui ont changé la physionomie du monde et ont permis une avancée des comportements notamment ceux des occidentaux par rapport au reste du monde.

Ce roman nous parle aussi des relations intra-familiales qui peuvent être complexes et avoir une incidence sur le futur des enfants autant dans leur comportement que dans leur cheminement intellectuel.

Ici l'enfant Lucie ,qui vit au sein d'une famille bourgeoise dans les colonies, dont le père , un raciste primaire, en charge de faire perdurer les intérêts de la France, va choisir un autre voie que celle que l'on prédestinait, en embrassant la cause du plus faible et militera contre l'oppression des occidentaux sur les pays désireux d'accéder à l'indépendance.

Ce roman est écrit à quatre mains mais j'ai fait le choix, après la lecture des premières pages, ne pas lire les passages écrits par l'éditrice, car j'ai estimé que cela ne n'apportait pas de plus-value à ce roman mais qu'au contraire cela perturbait ma lecture. Néanmoins, même si cette histoire est intéressante, j'ai comme une sensation d'inachevé et de quelque chose de trop lisse. J'aurai aimé plus d'aspérités, plus de hargne dans le(s) combat(s) mené(s).
Commenter  J’apprécie          00
J'ai été embêtée lorsqu'il a fallu donner un genre à cet ouvrage. C'est à la fois une biographie, une autobiographie, une fiction et une sorte de journal. Cet enchevêtrement provient du fait qu'Evelyne Pisier a choisi de raconter sa mère via une fiction, et que c'est Caroline Laurent, éditrice et amie de Mme Pisier qui apporte des éléments de réel au beau milieu de la fiction. C'est je crois la première fois que je lis un roman comme celui-ci, et je n'ai ni repères ni points de comparaison. Après tout, je fuis généralement tout ce qui se rapproche d'une biographie. D'où ma vision de Et soudain, la liberté, qui tranchera avec certains avis que j'ai pu lire. de plus, je ne connaissais rien de plus que le nom d'Evelyne Pisier et quelques rares éléments de sa biographie avant de lire ce roman. Je l'ai découverte à travers ces mots. Ainsi, j'ai eu un regard sans préjugés, sans aucune idée préconçue sur cette femme et sur sa famille.

Si je devais résumer ma lecture, une hrase nominale suffirait : "Quelles vies extraordinaires !" Vies au pluriel, car on suit ici la vie de Mona et de sa fille Lucie, qui elles-mêmes semblent avoir vécu mille vies. Extraordinaires au sens strict, car elles sortent de l'ordinaire. La volonté d'Evelyne Pisier était de raconter sa mère dans une fiction, sorte de biographie romancée, avec des prénoms changés. A travers Mona, on découvre Lucie, qui n'est autre qu'une version fictive d'Evelyne Pisier. Je ne me suis reconnue dans aucun des protagonistes, mais je n'ai pas eu de mal à apprécier cette lecture. Je l'ai trouvée fascinante, passionnante, époustouflante. Tout d'abord, la particularité de ce roman, écrit par deux personnes, m'a un peu troublée. J'ai tendance à craindre les coupures dans la narration mais les chapitres du point de vue de Caroline Laurent sont suffisamment courts et pertinents pour finalement se fondre dans la fiction commencée par la véritable héroïne de l'histoire. Ils permettent de plus de masquer les ellipses temporelles, nécessaires, mais qui auraient pu donner une sensation de hachure du récit fort désagréable.

L'histoire en elle-même ne peut être jugée. Elle ne provient pas totalement de l'imagination mais relate en grande partie des faits réels. Aussi, je ne peux pas émettre le moindre jugement à ce propos. La vie est telle qu'elle est, les choix faits l'ont été pour des raisons que je ne connais pas et que je ne suis pas en droit de remettre en question. J'avoue tout de même avoir eu envie de secouer Mona pour l'empêcher de se remettre avec André parce que, non concernée, je savais que c'était une mauvaise idée, chose que Mona ne pouvait pas voir sans recul. Pourtant, même lorsque je la trouvais détestable, elle restait touchante, émouvante. Elle était ce qu'on attendait d'elle, une mère et une épouse, et avait abandonné ses rêves pour cela. Lorsqu'elle comprend qu'elle peut aspirer à mieux, à être un homme comme les autres comme le dit Simone de Beauvoir, elle prend les libertés auxquelles elle a droit et s'émancipe. Ce changement s'initie chez la mère et peu à peu chemine vers la fille. C'est probablement le plus fascinant. de plus, Lucie développe rapidement une pensée distincte de celle de sa mère. Plus tolérante, plus humaine, plus libertaire.

Ce roman est particulièrement intense. On y sent tellement de choses qu'on est assailli de réflexions de toute part. Les mots d'Evelyne Pisier, complétés par ceux de Caroline Laurent, racontent le racisme à travers la colonisation, l'antisémitisme, l'homophobie, bref la cruauté humaine, à travers parfois de gros événements, tels que les avortements clandestins, ou de petits riens, comme une conversation sans savoir que l'autre est homosexuel.

L'histoire d'Evelyne Pisier avec Fidel Castro est probablement la partie du livre qui m'interroge le plus, probablement parce que je suis de la génération qui n'a connu que le dictateur et que je ne sais pas ce que Che Guevara et lui incarnaient au départ. J'ai besoin de faire quelques recherches pour bien comprendre comment une femme aussi brillante que Lucie, et Evelyne, a pu voir chez cet homme qui deviendra un dictateur.

Conclusion : ♥♥♥♥♥ Ce roman atypique est un véritable concentré d'émotions. Il raconte les vies extraordinaires d'une génération qui voit la fin des colonies, mais aussi la montée d'un féminisme assumé qui a donné aux femmes d'aujourd'hui la plupart de leurs droits. J'ai trouvé fascinants les changements opérés chez Mona et Lucie, et les apports de Caroline Laurent rappellent sans cesse que ce roman est bien plus qu'une fiction et qu'Evelyne Pisier était une femme hors norme. Je vous invite chaudement à découvrir cette histoire, et à travers elle, L Histoire.
Lien : http://sweetie-universe.over..
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (1147) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1734 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}