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32 pages
Fantagraphics books (28/07/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Levee Turks was an encryption software prodigy serving a life sentence for creating an online drug empire, until the FBI proposed a deal: infiltrate red rooms and help the FBI crack down on these deepest corners of the dark web. But Turks soon finds that prison might be a better fate... Another killer stand-alone issue of the all-new monthly series from the creator of Hip Hop Family Tree and X-Men: Grand Design! As seen on Piskor’s YouTube channel sensation, Cartoon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sac à vomi non fourni
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Cet épisode fait suite à Red Room, tome 2 (2021). Il vaut mieux avoir lu le premier épisode pour comprendre le principe des productions Pentagram. Sa première parution format papier date d'août 2021. Il a été entièrement réalisé par Ed Piskor : scénario, dessins, encrage, nuances de gris, et texte d'une page pour la postface datant de juin 2021. Il contient 22 pages en noir & blanc avec une teinte sablée pour imiter un papier de mauvaise qualité et légèrement jauni par l'âge. Il se termine avec 8 pages de dessins réalisés par des lecteurs. Ce créateur est également l'auteur de Hip Hop Family Tree et X-Men: Grand Design.

Dans un pénitencier haute sécurité, Leevee Turks a déjà effectué 6 ans, 4 mois et 28 jours de sa peine de prison. Il est au parloir pour un entretien avec l'agent McNamara. Ce dernier le pressurise : il explique qu'à cause de lui, des milliers de personnes ont trouvé la mort dans des Salles Rouges (Red Room). Turks a été condamné pour avoir organisé un marché noir de drogues sur internet, grâce à une appli permettant d'assurer l'anonymat grâce à un chat pour clients, un paiement en bitcoins, et une mise en ligne en direct de vidéo intraçables. Dans le même temps, dans un vidéo en direct, un individu masqué, le scarabée, se livre à une séance de torture immonde : il commence par saisir avec une pince, la paupière inférieure de sa victime ligotée à une chaise, pour la couper avec une paire de ciseaux aiguisés. L'agent McNamara continue : il se demande si la commerce des camgirls existait déjà quand Turks était encore libre. Les salles rouges sont la version Meurtre & Torture de ce concept. Les lignes de code de McNamara ont anéanti toute tentative de pouvoir demander des comptes aux coupables. le tortionnaire continue : il déchausse la mâchoire inférieure de sa victime et déchire la peau autour de la bouche, la laissant pendante.

L'agent du FBI poursuit son réquisitoire : les lignes de code de Turks restent impossibles à briser. Ce dernier s'est fait avoir à cause de son inaptitude dans la vie civile. le tortionnaire revient derrière sa victime, en tenant une batte de baseball hérissée de pointes métalliques. L'agent ajoute que les organisateurs de ces salles rouges sont beaucoup plus disciplinés que le prisonnier. Il est certain qu'ils ont étudié le cas de McNamara pour s'assurer de ne pas répéter les mêmes bêtises. Qu'est-ce que le prisonnier a répondre à ça ? le tortionnaire masqué abat sa batte sur l'arrière du crâne de la victime, avec une rare sauvagerie. McNamara répond qu'il ne sent responsable de rien de tout ça, et qu'il regrette l'incompétence du FBI qui gaspille l'argent du contribuable, tout en s'avérant incapable de neutraliser des lignes de code vieilles de plusieurs années. L'agent du FBI répond qu'il a un arrangement à proposer. Quelques semaines plus tard, McNamara est assis dans une cour d'appel devant le juge, un avocat à ses côtés. le jugement est annulé pour vice de procédure et Leevee est libre. Sa femme Rita le prend dans ses bras. McNamara lui tape sur l'épaule et lui explique la situation : le FBI a encore dans sa manche plusieurs autres chefs d'accusation et Turks est attendu dès lundi dans les locaux du FBI pour des journées de dix heures de travail.

Dans la postface, le créateur explique qu'il a produit cet épisode pendant le premier confinement aux États-Unis. Il avait été fortement décontenancé par le fait que sa vie n'avait pas beaucoup changé pendant ce temps : toujours à sa table de travail la majeure partie de la journée. Puis l'anxiété généralisée avait fini par lui peser sur le système et il avait fait une pause de deux mois entre les pages 15 & 16, et avait repris le sport avec le vélo. Il ajoute que cela a amélioré sa qualité de vie, sans pour autant impacter la noirceur de cette série. Il fait bien de préciser qu'il mène une vie plus saine, parce que dès la page 2, le lecteur en a pour son argent, même s'il ne lit que cette page. La promesse de la série est de montrer des tortures immondes et inventives. C'est un genre en soi qui ne s'adresse pas à tout le monde. le principe réside dans le fait de jouer le jeu quant à une violence imaginative, sadique et méchante. D'un côté, c'est un sous-genre bien présent dans les différentes formes de l'industrie du divertissement : film, livres, bandes dessinées, jeux vidéo. de l'autre côté, cela n'est pas donné à tout le monde. le lecteur peut être assez désensibilisé par les conventions de ce sous-genre après la consommation cumulée de plusieurs années. L'auteur peut être motivé uniquement par l'esthétisme de la violence, ou plutôt des coups portés, ou par le dynamisme visuel des combats, ou encore par la nature parodique de d'une intrigue où tous les problèmes se résolvent en frappant le plus fort. Il est beaucoup plus rare que l'auteur s'implique pour se montrer inventif dans l'immonde, l'inhumain, le vicieux. C'est encore plus ardu et épuisant dans une bande dessinée, où le rythme de la narration est choisi par le lecteur, et non imposé par l'auteur comme dans un film.

Or dans cette page deux, Ed Piskor montre des horreurs dignes d'un film gore ne faisant pas dans le parodique. Les caractéristiques de sa manière de dessiner amplifie la sensation horrifique : descriptif avec un bon niveau de détails, une légère exagération de certains éléments sans aller jusqu'à la parodie, des cadrages qui évoquent le sensationnalisme des comics d'horreur des années 1950. le lecteur peut estimer que les représentations de la première séquence de torture sont exagérées et glissent vers le registre du grotesque. Mais s'il ne s'attarde ne serait-ce qu'un seul instant sur la réalité du massacre qui se déroule sous yeux, il sent le malaise le gagner. La manière dont l'artiste montre comment la pince étire la paupière est un peu exagérée par le regard de dément de la victime et dans le même temps les ciseaux vont trancher cette peau mince, d'un seul coup. Ce qui rend l'image encore pire, c'est qu'il manque la paupière inférieure de l'autre oeil : elle a déjà été coupée. Il a suffi d'une seconde de changement d'état d'esprit du lecteur pour que le jeu des conventions devienne une éventualité bien réelle. Ça ne s'arrange pas avec l'image suivante, la seconde de la page 2, dans laquelle il peut ressentir la force musculaire des bras du tortionnaire masqué, et facilement imaginer la mâchoire en train de lâcher. Les deux autres images de torture sur la page suivante sont tout aussi terrifiantes, avec un savant dosage pour un équilibre parfait entre dramatisation du moment, et atrocité plausible. le lecteur affrontera encore deux autres pages de torture en fin de cet épisode, avec 5 cases également de la largeur de la page, tout aussi immondes.

Après tout, le gore et la torture sont des genres comme les autres : une façon de fétichiser des situations au point qu'elles en deviennent des conventions de genre, des moments attendus du récit. le lecteur de passage, sans être connaisseur, se retrouve un peu gêné de sa position de voyeur et se demande pourquoi il a voulu lire un truc pareil. le lecteur amateur du genre se rappelle ses premières émotions fortes avec la découverte de ces conventions, identifie l'intensité de sa réaction comme étant une preuve patente de l'implication de l'auteur de son goût et de sa maîtrise pour le genre. Ce n'est pas du préfabriqué, ni du prêt à l'emploi factice : c'est du vrai. Non, heureusement que ce n'est pas du vrai, mais c'est une oeuvre d'auteur dans le sens où Ed Piskor ne banalise pas les conventions du genre : il insuffle toute l'horreur et l'effroi que peuvent causer ces actes barbares. Il force le lecteur à regarder en face sa fascination pour cette perversité écoeurante : qu'est-ce que ça dit sur un lecteur pour qui il s'agit d'un divertissement savoureux ? Ça ne dit pas forcément que c'est une personne abjecte prête à passer à l'acte, ou un voyeur détraqué. C'est aussi une manière de regarder en face ce que l'être humain est capable d'infliger à son semblable, voire de frissonner car la réalité dépasse la fiction, que ce soit en temps de guerre, ou pour des tueurs en série. Oui, l'être humain peut être capable de telles atrocités.

Même si un personnage de l'épisode précédent revient le temps d'un interrogatoire en prison, l'intrigue peut se lire indépendamment des précédents. À nouveau une convention de roman : un individu a réussi à créer des lignes de code assurant une zone anonyme dans la toile. L'auteur explique qu'il s'est pour ça inspiré du marché virtuel bien réel créé par Ross Ulbricht, créateur de Silk Road, un site de marché libre ou n'importe qui pouvait acheter n'importe quoi en Bitcoins. Avec des dessins fortement imprégnés de l'esprit des comics underground d'artiste comme Robert Crumb pour les textures et les prises de vue, Piskor raconte une histoire mêlant le plausible (un accord passé entre le petit génie ayant créé des programmes du Dark Web) et le romanesque (son luxueux manoir, les termes très avantageux de son arrangement avec le FBI) pour un épisode divertissant, alors que le lecteur sait très bien que les Salles Rouges ne risquent pas d'être démantelées de sitôt dans cette série encore très prometteuse.

Troisième épisode pour cette série gore d'horreur malsaine. Dès la première scène, le lecteur comprend que l'auteur est à fond dans son oeuvre, et que la série ne va pas tourner en rond de sitôt. La narration visuelle fait preuve d'une inventivité obscène pour les tortures et les actes de barbarie avec un équilibre malsain entre description clinique et exagération dramatique. L'intrigue met en scène des individus différenciés avec une réelle personnalité, sauf pour la victime. le lecteur est agrippé à son siège du début à la fin, dans état entre l'amusement et l'écoeurement, une preuve manifeste et l'implication et du talent de l'auteur. Il ne manque qu'une toute petite prise de recul ou une touche de réflexion pour que la série s'élève au-dessus de sa condition de genre.
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Vidéo de Ed Piskor
Ed Piskor poursuit sa quête gore et repousse les limites de l'inadmissible pour dénoncer une Amérique dont il ne partage pas la même définition de la décence. Spoiler, celle de l'auteur n'est pas la plus intolérable. Mr NFT, les Splatterpunk Outlaws, Poker Face, Maitresse Pentagram toutes ces stars du dark web font leur snuff shows rapportant des milliers de bitcoins. Au menu macabre : tortures, meurtres sordides, violes et mises en scène ignobles, la petite entreprise sanglante ne connaît pas la crise. Mais qui est cette nouvelle star appelée le Décimateur qui fait recettes depuis peu ?
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