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EAN : 9782234094017
180 pages
Stock (14/09/2022)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Un nouvel impérialisme menace la paix du monde, et il est russe. C'est cette réalité que l'invasion de l'Ukraine par la Russie oblige à regarder en face. Celle d'un impérialisme de revanche, mû par le ressentiment des nations déchues qui retournent leurs blessures en agressions contre d'autres peuples. Celle aussi d'un impérialisme de mission, convaincu de défendre une vision du monde conservatrice et identitaire, alternative aux idéaux démocratiques assimilés à une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Je pense que toute communauté a besoin de femmes et d'hommes qui observent consciencieusement ce qui se passe réellement dans leur communauté et le monde, au-delà du discours officiel et de la propagande politique.
Edwy Plenel appartient incontestablement à cette minorité agissante et vitale, qui manifestement n'a pas peur du message de Guy Béart "Le premier qui dit la vérité il doit être exécuté". Ce qui fut le cas, en 1940 au Mexique, de Léon Trotski, un de ses héros. Plus grave que l'agression ridicule du journaliste par la réalisatrice Maïwenn, qui lui a craché à la figure en février 2023 dans un resto parisien.

Personnellement j'admire sa clairvoyance et courage, surtout en ce temps où le "fake news" est malheureusement devenu un art, exploité de façon inquiétante sur les réseaux sociaux, où des Elon Musk veulent dicter la loi.

L'auteur a même réussi l'exploit de se faire entourer de toute une équipe de journalistes frondeurs comme lui, avec qui il a fondé le site web d'informations Mediapart, auquel je suis content de m'être abonné et dont je lis tous les soirs les dernières nouvelles.

Dans son dernier ouvrage, paru en septembre dernier, il se révolte contre l'incroyable mansuétude affichée par certains politiques et experts à l'égard de Poutine et son invasion criminelle d'Ukraine.

Pour Plenel, il s'agit d'une initiative qui s'inscrit ostensiblement dans un programme impérialiste de grandeur nationale et personnelle, qui va à l'encontre des règles convenues dans le cadre mondial des nations unies et la souveraineté d'un État voisin.
L'Ukraine n'est d'ailleurs qu'une étape après les interventions militaires en Tchétchénie, en Géorgie, et l'assistance armée au dictateur sanguinaire de Syrie, Bachar al-Assad.

L'auteur compare l'agression par Poutine et certaines réactions en Occident avec l'attitude de certains politiques à la situation dans l'ex-Yougoslavie de Slobodan Milosevic (1940-2006) et plus précisément la guerre du Kosovo 1998-1999, qui forme l'objet de son essai "L'Épreuve", publié en 1999, et repris ici comme seconde partie du livre sous rubrique.

La première partie, la contre-épreuve, soit l'initiative militaire russe et les réactions en Occident et en France, compte une bonne centaine de pages, après une brève préface, et contient 4 chapitres : un aveuglement français, l'impérialisme russe, l'opposition de gauche et le crime d'indifférence.

J'ai surtout trouvé intéressant l'analyse par Plenel du glissement du gouvernement poutinien d'un système autoritaire vers un régime dictatorial, tant à l'extérieur avec les interventions militaires précitées, qu'au niveau de la politique intérieure avec l'élimination de toute opposition (Nemtsov, Navalny), la dissolution des mouvements indépendants (tel Mémorial), la multiplication de lois et décrets répressifs, la mainmise et contrôlé complet de la presse, une propagande envahissante et mensongère, etc.

Il est frappant de constater que l'analyse que fait Plenel de la Russie actuelle rejoint l'analyse de Pierre Servent dans "Le monde de demain", que j'ai commenté dans mon billet du 24 mars 2023.

La conclusion de Plenel est que face aux prétentions impérialistes de Poutine et son entourage mafieux, l'Occident ne peut rester indifférent mais doit secourir l'Ukraine, victime de ces prétentions criminelles.

Edwy Plenel cite à ce propos une phrase de Régis Debray de 1971 : "Le national et la haine mènent le monde depuis que l'Histoire est humaine." et rappelle une vérité de Charles Péguy (1873-1914) : "Qui ne gueule pas la vérité quand il sait la vérité se fait le complice des menteurs et des faussaires."
Il rappelle également une boutade d'Antonio Gramsci de 1917 comme quoi "l'indifférence est le poids mort de l'histoire."
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Essai très accessible permettant de situer l'actuelle guerre en Ukraine.
Même si on n'a rien d'un politologue, ni d'un économiste, ni d'un historien, ce journaliste sait nous embarquer avec lui afin d'essayer d'y voir plus clair et pourquoi personne, ou presque, n'a pris la mesure de ce qui se tramait à l'Est.
Habituellement je suis plutôt septique quant à la lecture d'ouvrages écrits par les journalistes, mais là, je dois concéder que l'auteur a su me donner l'envie de le suivre dans le labyrinthe de ses recherches. Car oui, il s'agit bien d'un ensemble de faits qui sont observés, mis dans un contexte général de telle manière à devenir une explication possible.
Edwy Plenel essaie de donner des pistes quant aux significations que peut avoir l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pour l'essentiel il y voit un impérialisme qu'il nomme de "revanche". de revanche contre l'Ukraine ? pas forcément ; plutôt celle d'une nation déchue qui s'en prend à d'autres peuples (oui, pas pays, mais bien peuples). ce peuple est persuadé qu'il se doit de conserver quoi ? le passé ? ça aussi ça n'est pas si limpide pour nous autres.
Dans tous les cas il s'agit d'une bataille rangée contre "notre décadence occidentale" en général.
Edwy Plenel essaie de comprendre pourquoi les politiques aux manettes ont laissé "pisser" avant de se réveiller le 24 février 2022.
En tant que journaliste et co-fondateur à Médiapart, il est très bien placé pour planter le décor sur des faits historiques avérés. Il commence par le premier réel signe avant-coureur de cette marche en avant diligentée par un seul homme ; allez, disons avec quelques oligarques à ses côtés.
Edwy Plenel positionne les pions que Poutine place et avance depuis 2014 avec la guerre du Donbass et de la Crimée, voire depuis 1999 avec celles de la Tchétchénie et du Kosovo. Ce sont toutes ses répétitions qu'Edwy Plenel appelle "l'Epreuve". Ce qui suivra sera "La Contre-épreuve", une simple vérification de "l'Epreuve".
En trois mots pour ébaucher le contenu, l'auteur rappelle tous ce que tous les parties politiques ont hyper mal évalué, observé. de Jean-Pierre Chevènement aux côtés de François Hollande à de Sarkosy qui ont en d'ailleurs généré l'opinion de Macron, en passant par Marine le Pen et un sacré joli paquet de commentateurs en tout genre, personne n'a su qu'ils se faisaient tous manipuler par un seul homme. La haine de cet homme contre "le genre, les genres" est incommensurable. Cette quête identitaire il l'a vendu à son peuple, par autoritarisme souvent mais pas que. Purifier est le mot d'ordre.
Merci à notre babélionaute Jean-Pierre, pseudo Kielosa, de m'avoir donné l'envie de le lire.
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La première partie (la contre-épreuve) était intéressante, la seconde (l'épreuve) m'a fait penser à des catilinaires, contre, ici, Régis Debray. C'est probablement très intéressant, pour peu qu'on ait connu comme eux les années 50 à 90, en tant qu'adulte - ou qu'on ait une grande passion pour l'histoire contemporaine et ses multiples hommes politiques français et européens.
En réalité c'est une analyse assez poussée de la Gauche mondiale et de ses travers (et de l'aveuglement de politiques/cards qui n'ont "rien vu venir" (mettons des guillemets, rien ne le prouve), tel Chevenement) - mais également du système de Poutine / la Russie actuelle et ce qui a mené à la guerre en Ukraine.

J'aurais mis habituellement un 2, parce qu'il reste que je me suis un peu ennuyé, mais il faut laisser à l'auteur ses qualités et admirer son travail.
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critiques presse (1)
LeMonde
16 septembre 2022
Le journaliste et essayiste jette une lumière personnelle sur la guerre en Ukraine pour souligner les faiblesses d’une partie de la gauche vis-à-vis de Poutine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Car sincèrement, à qui feras-tu croire que les sacrifices des millions d’employés et d’ouvriers grévistes en mai-juin 68 se ramènent à la même « divine surprise que fut l’an quarante pour Maurras », p 85 de ta modeste contribution ?

Que la réalité tangible du plus ample mouvement social que la France ait jamais connu se réduise à quelques retournements de veste, repentances et contrition, complaisamment montés en épingle ?

Que cette conjonction inédite, unique en son genre, d’une révolte de la jeunesse et d’une grève générale ne fut qu’une étape dans l’inéluctable « marche vers la normalisation », l’invention de la « voie française vers l’Amérique » ? Que tout ce qui fut alors mis en jeu et en péril, dans des vies concrètes, à l’usine comme à l’université, au syndicat comme au parti, au sein des citadelles familiales tout entre hommes et femmes, dans la pratique quotidienne comme dans la pensée de la culture, dans les façons d’être soi et de vivre l’autre, cette vigilance inépuisable à l’injustice et à l’oppression, du monde carcéral au sort des immigrés, cette infinie curiosité du monde et de sa diversité, que cet extraordinaire élan qui nous fit ce que nous sommes, oui, que ce mouvement-là ne fut à lui-même que sa propre fin, comme le langage pour le poète ou le jeu pour le joueur ?
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C’est l’autre mai qui te chiffonne, et celui-là, nous ne te laisserons pas l’effacer de nos mémoires. Le Mai humaniste, libertaire et internationaliste. Le mai qui, loin de s’égarer dans l’idéalisation du social, de la classe ou du peuple, tentait de penser l’autonomie et les médiations du politique. Le Mai qui nous a appris à ne pas soumettre la partie au tout, l’individu au pouvoir, l’homme à l’idée. Le Mai qui nous a enseigné la contradiction et le conflit, la libre dissonance et le droit de tendance, une exigence radicale de démocratie.
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Après tout, rien de ce qui nous entoure aujourd’hui ne dément notre « première fois ». Nous critiquions le pouvoir personnel d’institutions monarchiques, nous défrichions les territoires de l’écologie, nous épousions la cause des femmes, nous revendiquions l’hospitalité pour l’étranger, nous rêvions d’Etats-Unis socialistes d’Europe, nous défendions le droit élémentaire au travail et au logement, nous discutions de l’autogestion dans l’entreprise, nous faisions de l’antifascisme une valeur cardinale, nous exaltions la vertu en politique, nous imaginions une France ouverte au monde… Tout cela, qu’on le reprenne à la lettre, qu’on l’amende ou qu’on l’approfondisse, n’est-il pas au cœur de notre présent ?
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