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EAN : 9782912567802
88 pages
Pleins feux (23/02/2000)
5/5   1 notes
Résumé :
Révolution du style : style de vie. Achèvement du XXe siècle : ouverture des frontières, Europe, mondialisation... terreur et pessimisme généralisés. Et si, dans son achèvement même, le XXe siècle était travaillé par une révolution sans précédent, autre, fondamentale, secrète et qui n'est aujourd'hui encore pas visible par tous, et encore moins observable par les contemporains ? La Révolution a été faite par des voluptueux, écrit Baudelaire en 1866. Quelles furent l... >Voir plus
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Faut-il rappeler que, né en 1759, Joseph-François Baudelaire, le père du poète, fut ordonné prêtre, en 1783 (Les Liaisons dangereuses, date de 1782), et qu’il abdiqua ses fonctions sacerdotales en 1793. Il se marie trois ans plus tard et, veuf en 1814, il épouse, en seconde noce, Caroline Dufays, la mère du poète, qui a 34 ans de moins que son mari. À la naissance de Charles Baudelaire, en 1821, son père a 62 ans et sa mère 28.

La Révolution occupe, on l’entend, une place tout à fait particulière, dans la vie et la pensée de Baudelaire, fils d’un prêtre défroqué en 1793, soit au début de la Terreur.

On ne peut pas douter que cet événement considérable dans le français, que constitue l’oeuvre de Baudelaire, ne soit à la fois lié à la Révolution et au règne de la Terreur.

Au demeurant, et d’abord pour des raisons de stricte chronologie, ce n’est pas, loin de là, la seule oeuvre du XIXe siècle qui se trouve dans cette situation. Elle l’est toutefois selon une occurrence qui dévoile un caractère, le plus souvent occulté du mouvement révolutionnaire français de la fin du XVIIIe siècle, qui tend à se confondre avec le puritanisme de Saint Just et de Robespierre, c’est-à-dire avec la Terreur.
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Si l’on retient ce que Baudelaire s’emploie à éclairer, on constate que, dès le milieu du XIXe siècle, les historiens de la Révolution, et d’abord cet extraordinaire prosélyte du « peuple » qu’est Michelet, ne parviennent pas vraiment à se débarrasser, ni à trouver une explication plausible de la Terreur.

À la fin de sa monumentale Histoire de la Révolution française, Michelet écrit à propos de Robespierre : « La destinée soigneuse, ce semble, de sauver un homme en qui, après tout, étaient de grandes choses et avec qui peut-être périssait la Révolution, la destinée, prodigue pour lui au dernier moment, ne se contenta pas de lui donner la victoire, elle lui offrit la sagesse. »

Et un peu plus loin : « Plus je sonde l’expérience, l’histoire, la nature, plus j’interroge l’étude que je fais depuis dix ans du caractère de Robespierre, plus je suis porté à croire qu’il ne sut les machinations de sa propre police que d’une manière très générale, qu’il n’en connut point le hideux détail. »

Un discours qui évoque curieusement certaines déclarations que l’on a pu entendre, dans l’immédiate après Seconde Guerre mondiale, et dans la seconde partie du XXe siècle.
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Une occasion de se demander pourquoi les biographies consacrées aux poètes, aux romanciers, aux artistes plus généralement, font, c’est un fait pour Baudelaire et pour Rimbaud, si généreusement place à la présence maternelle, pour le plus souvent occulter la figure du père ? Nous verrons tout à l’heure ce qu’une telle constatation peut avoir de rapport d’intelligence avec la Révolution et avec la Terreur.

C’est pourtant bien à la figure du père que nous sommes ici explicitement renvoyés.

« Lettres de mon père (badinages). »
« La Révolution a été faite par des voluptueux. »

Il ne fait aucun doute ici que, pour Baudelaire, la figure de son père vient ultimement et biographiquement éclairer ce qu’il pense de la Révolution. On peut même se demander, mais dans ce cas la question est une réponse, si l’oeuvre de Baudelaire n’est pas, dans son mouvement, essentiellement déterminée, par la figure de son père et ce que cette figure éclaire de la Révolution.
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« La Révolution a été faite par des voluptueux » écrit Baudelaire pour qui cette pensée n’a rien d’abstraite, mais participe d’une expérience créatrice, existentielle.

Baudelaire ajoute, dans la suite de ses notes sur Les Liaisons dangereuses : « Les livres libertins commentent donc et expliquent la Révolution. » Proposition qui mériterait d’être poursuivie, en reprenant l’oeuvre et la vie de D. A. F. de Sade, mort comme l’on sait en 1814.

Mais restons-en à Baudelaire qui poursuit : « Ne disons pas : Autres moeurs que les nôtres, disons : Moeurs plus en honneur qu’aujourd’hui. Est-ce que la morale s’est relevée ? Non, c’est que l’énergie du mal a baissé. — Et la niaiserie a pris la place de l’esprit (c’est moi qui souligne) . La fouterie et la gloire de la fouterie étaient-elles plus immorales que cette manière moderne d’adorer et de mêler le saint et le profane ? (Baudelaire vise ici ce qu’il dit « les drames et les romans honnêtes ».) On se donnait alors beaucoup de mal pour ce qu’on avouait être une bagatelle, et on ne se damnait pas plus qu’aujourd’hui, mais on se damnait moins bêtement. On ne se pipait pas. (C’est moi qui souligne une expression désormais peu utilisée dans la mesure je suppose où elle est plus significative que jamais — qu’arrive-t-il lorsque ce ne sont plus les dés qui sont pipés mais celui qui les jette ?) . »
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Comment comprendre cette déclaration de Baudelaire ?

On sait que, entre janvier et mars 1866, Baudelaire travaille à une préface pour la réédition des Liaisons dangereuses de Laclos. L’accident survenu en visitant l’église Saint-Loup à Namur, le 15 mars, entraîne des troubles cérébraux et prive Baudelaire de toute possibilité de poursuivre son oeuvre. Il meurt, le 1er janvier 1867, sans y avoir ajouté un mot. Ces notes de travail sur Laclos sont les dernières lignes que Baudelaire ait écrites.

En 1866, l’intérêt de Baudelaire pour Les Liaisons dangereuses, n’est pas nouveau. Dès 1848, dans une étude sur Edgar Poe, Baudelaire comptait Laclos au nombre des « romanciers forts ». Il prend un certain nombre de notes sur le roman de Laclos en 1856-1857 pour y revenir plus précisément neuf ans plus tard.

Il y a donc toute raison de s’arrêter à cette ultime pensée du poète. L’histoire de la littérature nous en fait bien entendu une obligation. Comment ne pas tenir compte de l’opinion d’un des plus grands poètes français sur l’incomparable roman de Laclos ?

Mais est-ce bien d’abord d’histoire de la littérature qu’il s’agit ? Quelle histoire et quelle littérature ?
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Vidéo de Marcelin Pleynet
Édouard Manet (1832-1883) : Nuits magnétiques par Jean Daive (1983 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 8 juin 1983. Peinture : Édouard Manet, "Autoportrait à la palette", 1879. Par Jean Daive. Réalisation Pamela Doussaud. Avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay). Lectures de Jean Daive. Édouard Manet, né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville, est un peintre et graveur français majeur de la fin du XIXe siècle. Précurseur de la peinture moderne qu'il affranchit de l'académisme, Édouard Manet est à tort considéré comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre : sujets espagnols notamment d'après Vélasquez et odalisques d'après Le Titien. Il refuse de suivre des études de droit et il échoue à la carrière d'officier de marine militaire. Le jeune Manet entre en 1850 à l'atelier du peintre Thomas Couture où il effectue sa formation de peintre, le quittant en 1856. En 1860, il présente ses premières toiles, parmi lesquelles le "Portrait de M. et Mme Auguste Manet". Ses tableaux suivants, "Lola de Valence", "La Femme veuve", "Combat de taureau", "Le Déjeuner sur l'herbe" ou "Olympia", font scandale. Manet est rejeté des expositions officielles, et joue un rôle de premier plan dans la « bohème élégante ». Il y fréquente des artistes qui l'admirent comme Henri Fantin-Latour ou Edgar Degas et des hommes de lettres comme le poète Charles Baudelaire ou le romancier Émile Zola dont il peint un portrait : "Portrait d'Émile Zola". Zola a pris activement la défense du peintre au moment où la presse et les critiques s'acharnaient sur "Olympia". À cette époque, il peint "Le Joueur de fifre" (1866), le sujet historique de "L'Exécution de Maximilien" (1867) inspiré de la gravure de Francisco de Goya. Son œuvre comprend des marines comme "Clair de lune sur le port de Boulogne" (1869) ou des courses : "Les Courses à Longchamp" en 1864 qui valent au peintre un début de reconnaissance. Après la guerre franco-allemande de 1870 à laquelle il participe, Manet soutient les impressionnistes parmi lesquels il a des amis proches comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot qui devient sa belle-sœur et dont sera remarqué le célèbre portrait, parmi ceux qu'il fera d'elle, "Berthe Morisot au bouquet de violettes" (1872). À leur contact, il délaisse en partie la peinture d'atelier pour la peinture en plein air à Argenteuil et Gennevilliers, où il possède une maison. Sa palette s'éclaircit comme en témoigne "Argenteuil" de 1874. Il conserve cependant son approche personnelle faite de composition soignée et soucieuse du réel, et continue à peindre de nombreux sujets, en particulier des lieux de loisirs comme "Au Café" (1878), "La Serveuse de Bocks" (1879) et sa dernière grande toile, "Un bar aux Folies Bergère" (1881-1882), mais aussi le monde des humbles avec "Paveurs de la Rue Mosnier" ou des autoportraits ("Autoportrait à la palette", 1879). Manet parvient à donner des lettres de noblesse aux natures mortes, genre qui occupait jusque-là dans la peinture une place décorative, secondaire. Vers la fin de sa vie (1880-1883) il s'attache à représenter fleurs, fruits et légumes en leur appliquant des accords de couleur dissonants, à l'époque où la couleur pure mourait, ce qu'André Malraux est un des premiers à souligner dans "Les Voix du silence". Le plus représentatif de cette évolution est "L'Asperge" qui témoigne de sa faculté à dépasser toutes les conventions. Manet multiplie aussi les portraits de femmes ("Nana", "La Blonde aux seins nus", "Berthe Morisot") ou d'hommes qui font partie de son entourage (Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Georges Clemenceau, Marcellin Desboutin, Émile Zola, Henri Rochefort).
Sources : France Culture et Wikipédia
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