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EAN : 978B0000DO63Y
(30/11/-1)
3.5/5   2 notes
Résumé :
"Le lendemain d’Agadir" est le premier volume de la série " Au service de la France. Neuf années de souvenirs" publiée en 10 tomes de 1926 à 1933. Un 11ème tome intitulé " à la recherche de la paix " fut publié en 1974 et est constitué de notes prises au jour le jour tirées des archives du Président défunt.
Président du Conseil et ministre des affaires étrangères (du 14 janvier 1912 au 21 janvier 1913), puis Président de la République, élu pour 7 ans,... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le lendemain d'Agadir « s'ouvre sur une crise ministérielle provoquée par la révélations de l'existence de discussions secrètes qui avaient eu lieu avec l'Allemagne, à l'initiative de Joseph Caillaux, Président du Conseil. Ce dernier avait court-circuité son ministre des affaires étrangères, M.de Selves, dans la négociation des traités du 4 novembre 1911 par lesquels la France céda une partie du Congo au profit du Cameroun allemand contre la possibilité de conclure un traité de protectorat au Maroc. Ces traités mettaient fin à la crise franco-allemande provoquée par l'envoi d'une canonnière le 1er juillet 1911 dans la rade d'Agadir.
La démission de M. de Selves provoqua la chute de Caillaux L'opinion était d'autant plus énervée qu'on avait appris également qu'en 1903 un accord, resté secret, avait été conclu avec l'Espagne aux termes duquel la France acceptait que son futur protectorat soit amputé du nord du pays comprenant les Présides, territoires occupés par L'Espagne depuis des siècles . le président Fallières appela Poincaré, alors sénateur de la Meuse, à former un nouveau gouvernement. Poincaré y exerça également les fonctions de ministre des affaires étrangères. L'ouvrage est consacré principalement aux relations internationales où oeuvraient aussi les frères Cambon, tous deux ambassadeurs de France et esprits perspicaces, Paul à Londres et Jules à Berlin.
Le Maroc y occupe une place importante. Poincaré relate le combat parlementaire qu'il dut mener pour obtenir la ratification des traités du 4 novembre 1911, les difficultés de mise en application du protectorat conclu avec le Sultan Mouley Hafid le 30 mars 1912 et la négociation avec l'Espagne du tracés de la frontière et des relations entre le protectorat et les possessions espagnoles.
A la même période, fin 1911 – début 1912 l'Italie se lança, non sans mal, à la conquête des territoires qui constituent aujourd'hui la Lybie et qui étaient alors possession de la Turquie. La France entendait rester neutre. Les « mémoires », exposent les origines de guerre italo-turque et la stratégie de la diplomatie italienne qui permit à cette conquête de s'opérer avec l'assentiment tacite des grandes puissances de l'époque.
Les relations franco-allemandes, sont un sujet permanent de préoccupation. Guillaume II annonça le 7 février 1912 une augmentation du budget militaire (l'effectif en temps de paix fut porté à 683 000 hommes). Est longuement cité un rapport du 26 mai 1912 du colonel Pellé, attaché militaire à Berlin. Il y expose le sentiment de l'opinion en Allemagne : elle est insatisfaite des traités du 4 novembre 1911, voit dans l'alliance franco-russe une menace d'encerclement et a une confiance absolue dans la supériorité de son armée. Les nationalistes militants ont des représentants dans le parti conservateur, au ministère de la Marine ; la caste militaire se répand dans l'administration, dans la diplomatie impériale elle forme l'entourage du souverain. Et le colonel Pellé de conclure qu'après un délai d'une année, le temps que se mettent en place les grosses mesures militaires dernièrement décidée par l'Allemagne, on devait craindre une agression et s'y préparer sans tapage. « C'est à cette préoccupation que n'a cessé d'obéir le gouvernement » précise Poincaré.
Avec l'Angleterre c'est un renforcement de l'Entente cordiale que rechercha Poincaré. L'Angleterre avait été inquiète de certaines positions prises par Caillaux. Poincaré, immédiatement après sa nomination s'attacha à renouer les liens. Il fut ensuite confronté à une négociation engagée par l'Allemagne qui voulait obtenir de l'Angleterre une promesse de neutralité dans le cas où l'Allemagne serait entraînée dans un conflit non provoqué par elle .La formule aurait ruiné l'Entente cordiale. du jour où l'Angleterre refusa de prendre cet engagement de neutralité l'Allemagne renforça sensiblement son programme d'armement naval. Les mémoires relatent cette négociation importante dont les Anglais tenaient informé Paul Cambon.
La négociation anglo-allemande se poursuivit jusqu'en 1914 mais fut limitée à l'éventualité d'un partage des colonies portugaises qui aurait permis à l'Allemagne d'acquérir l'Angola, sorte de compensation à l'acquisition par l'Angleterre de l'Orange et du Transvaal intervenue en 1898 sans opposition de l'Allemagne. Poincaré raconte que cette dernière demanda à la France, en complément du traité du 4 novembre 1911 sur le Maroc, de lui céder le droit de préemption sur le Congo Belge qu'elle tenait de la Belgique, ce qui lui fut refusé
Les Mémoires de Poincaré insistent aussi sur les démarches françaises qui visaient à obtenir de l'Angleterre un véritable accord de défense mutuelle. Elle le refusa toujours. Les accords techniques passés entre états-majors lui laissaient toute liberté d'engager ou non ses forces dans le cas où la France serait victime d'une attaque. Cette liberté d'appréciation fut expressément confirmée dans l '‘accord naval conclu sous le gouvernement Poincaré.
La question de la neutralité de la Belgique est également évoquée. Comme la France et l'Angleterre étaient garantes de l'intégrité de la Belgique (en vertu du traité fondateur de 1831) les états-majors avaient prévu le débarquement de 6 divisions anglaises en cas d'agression contre la Belgique. Poincaré raconte que les états-majors s'attendaient à ce que l'armée allemande viole la neutralité de la Belgique mais qu'à aucun moment on a envisagé des mesures préventives qui auraient permis aux armées françaises et anglaises de franchir la frontière belge avant les Allemands dès une menace d'invasion. Au risque d'être balayée par l'armée allemande la Belgique s'en tint à la primauté du principe de sa neutralité.
L'année 1912 vit aussi le dénouement de négociations que l'ambassadeur de France à Vienne, M. Crozier, avait cru devoir engager avec le ministre des affaires étrangères autrichien. « Un tour de valse « selon le mot de Poincaré. A la fin de l'année précédente l'Autriche avait quasiment subordonné son acceptation des traités du 4 novembre sur le Maroc à la possibilité d'émettre sur la bourse de Paris deux emprunts de 500 millions. Cette exigence était d'autant plus malvenue que la France s'était abstenue de toute réaction lorsqu'en 1908 l'Autriche avait unilatéralement annexé la la Bosnie –Herzégovine qui était sous son protectorat . On observait aussi que l'emprunt de l'Autriche lui aurait permis de renforcer son armée. Cependant M. Crozier avait engagé une négociation, chimérique, visant à obtenir la neutralité de l'Autriche en cas de conflit. La demande d'émission sur la bourse de Paris fut refusée, l'ambassadeur fut remercié et l'Autriche accepta les traités du 4 novembre
Le volume se termine par d'importants développements sur les relations franco-russes, leur origine, et le traité de défense mutuelle de 1892. Poincaré insiste sur l'humiliation que constitua pour la Russie l'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche et dresse un parallèle avec l'attitude de cette dernière envers la Serbie en juillet 1914. Il traite des guerres balkaniques dans un deuxième volume.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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