"Les diplomates" est une enquête sur le Quai d'Orsay rédigée par un journaliste aujourd'hui installé au Vietnam où il a notamment travaillé pour le MAE (une force de son livre est d'illustrer son propos par de nombreux exemples rapportés d'Asie, une faiblesse de ne pas suffisamment sortir de cette région du monde).
L'exercice qui se veut inédit ne l'est guère. Régulièrement, des enquêtes journalistiques sont menées sur le réseau diplomatique français (voir par exemple le livre publié en 2000 de Albert du Roy "Domaine réservé") qui concluent unanimement à l'inadéquation entre l'ambition de notre politique internationale et la décrépitude de nos ambassades (Isabelle Lasserre, journaliste au Figaro, avait déjà fait ce constat en 2007 dans "L'impuissance française"). Cette situation est particulièrement bien documentée par une série de rapports parlementaires dont il faut saluer la grande qualité.
Dans ce contexte, le travail de
Franck Renaud trouve honnêtement sa place. On pourra certes s'irriter des erreurs factuelles qui entachent le sérieux de l'enquête, qu'il s'agisse du nombre d'énarques à la tête d'ambassades africaines (qui est d'une douzaine et non d'une vingtaine) ou de l'orthographe du tout-puissant secrétaire général Loïc Hennekinne (aimablement surnommé par ses collaborateurs « pourquoi tant de n »). On pourra trouver un peu lassant le petit jeu du journaliste qui prend plaisir à multiplier les références en évitant toute mention nominative (Pourquoi ne cite-t-il pas clairement Paul
Jean-Ortiz ou
Nicolas Chapuis quand il évoque les candidats au poste d'ambassadeur à Pékin ?).
Pour autant, il faut saluer la qualité de cette investigation qui examine tous les aspects de l'action diplomatique - depuis l'action consulaire jusqu'à l'aide publique au développement en passant par le rayonnement culturel - pour faire le constat inquiétant mais hélas pertinent d'une « vieille machine à bout de souffle ». Une enquête particulièrement bien venue pour éclairer la polémique provoquée par les déclarations de
Alain Juppé et
Hubert Védrine sur un « ministère sinistré » (« Cessez d'affaiblir le Quai d'Orsay ! », le Monde, 7 juillet 2010).