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Un roman qui se place dans l'univers de l'Art contemporain, déjà, c'est rare ! Quand en plus s'y ajoutent un fond de contexte historico-politique pas si lointain mais que les plus jeunes n'ont pas connu (le mur de Berlin) et une dimension sociale (la place des femmes dans la peinture moderne et contemporaine), je suis encore plus intéressée. Et cerise sur le gâteau, une intrigue, un mystère, une enquête, me voilà comblée !
Pour ceux que l'univers pourrait rebuter, il n'est nul besoin de s'intéresser ou de connaitre l'Art contemporain pour apprécier le roman et se plonger dans l'histoire. Ce n'est pas un roman « savant ». le thème principal est résolument féministe, les héros sont des héroïnes qui prennent toutes le lead sur les hommes, dépassés par les évènements. La scène de misogynie des pseudo-experts est implacable dans sa démonstration du ridicule du propos.
Le roman est très enlevé, plein de personnages, certes, mais surtout plein de dialogues et de situations cocasses. C'est un régal de lecture, qui se dévore !

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte qui m'a conquise.
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Les raisons qui m'ont amenée à lire La Femme périphérique sont multiples. Déjà, le titre m'intriguait. Puis la première de couverture, avec cette illustration insolite d'un tableau déchiré où ne subsiste qu'un oeil effrayé ou menaçant selon l'intention que l'on y met. Surtout, il parlait de la RDA et de la place des femmes dans le monde de l'art. Ce premier roman était fait pour que je le lise.

J'annonce la couleur, j'ai adoré. Les premières pages furent pourtant laborieuses. La quantité d'individus impliqués et les brusques changements de cap de l'intrigue me faisaient perdre le fil. Au point que je fus tentée de noter les noms des protagonistes, leurs activités, alliances et antagonismes. Mais plus j'avançais, plus c'était compliqué. Alors, je décidai de me laisser emporter par le flux de la narration et l'humour dévastateur de Sophie Pointurier. Bien m'en pris.
Le résumé est simplissime : pour l'anniversaire des trente ans de la chute du Mur de Berlin, des rétrospectives culturelles se mettent en place et quoi de plus symbolique, de plus émouvant, de plus vendeur que la mise en scène d'un couple d'artistes contemporains issus de l'Est – Peter, le peintre génial - et de l'Ouest – Petra, sa muse besogneuse ? Problème, Peter est introuvable et Petra mutique. Alors le monde de l'art s'emballe. Qui cache qui, ou quoi ? Les éditeurs, les galeristes et leurs agents sont sur les dents, la police s'en mêle et s'emmêle, la meute journalistique aboie. Chacun y va de son hypothèse, tous s'acharnent sur Petra, bientôt soupçonnée de meurtre.
Dès ce moment, le flux devient maelstrom. Un bref instant, je pense tenir l'extrémité du fil d'Ariane. Mais la ficelle est trop grosse et tendue trop rapidement. Il reste encore beaucoup de pages à lire dans cette histoire de "l'homme qui a vu l'homme, qui a vu l'homme, qui a vu l'ours" pour que ce soit si simple. Je lâche prise et reprends le courant. Ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage !

J'ai aimé ce roman pour de multiples raisons. Déjà, il a réveillé mon Ostalgie chronique. J'ai vécu deux ans en RDA dans les années 80 et la Stasi est alors une réalité tangible. Un pays entier vit dans la défiance. Un pays mutique où circulent cependant des flux vitaux, impatients de se libérer. Libre arbitre, liberté d'expression, dans un monde où les arts sont voués à la propagande.
Ensuite, j'ai découvert avec intérêt le monde de l'art contemporain. Fichtre ! Rapacité, vanité, orgueil et préjugés, coups bas et j'en passe. La causticité de l'auteure fait merveille, servie par une série de dialogues plus vrais que nature. Pour autant, rien de caricatural, chaque personnage est présenté dans toute sa complexité humaine, émouvante.
Si plusieurs axes de lecture sont possibles, le fil rouge du roman reste la place des artistes féminines dans le monde de l'art. Oui ou non, une artiste femelle peut-elle avoir la puissance créatrice d'un artiste mâle ? Quelle place peut-elle, doit-elle occuper ? C'est presque un marronnier. Depuis des siècles, se pose cette question existentielle.

Je souhaite plein succès à La Femme périphérique, qui eut une première vie sous un autre nom (je l'ai appris grâce à Babelio) renaissance qui témoigne de la pugnacité de Sophie Pointurier.

Et j'adresse un grand merci à Babelio-Masse critique et aux Editions Harper Collins pour cette belle découverte.
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Antipathique. C'est ainsi qu'apparaît Petra Wolf à ceux qui l'approchent, qui, pour la plupart, essaient à travers elle d'approcher leur idole, l'asocial grand artiste mythique, Peter Wolf. Périphérique, nécessairement, cette femme soupçonnée non seulement d'avoir mis son génial époux sous cloche, de lui avoir volé son énergie créatrice, abusé de sa notoriété pour s'approprier 50% de ses revenus sous couvert d'un oeuvre signée de leurs deux noms, mais aussi de l'avoir fait disparaître. Sophie Pointurier réussit, sous couvert d'un jeu de piste à tiroirs multiples, à nous faire sursauter et sourire d'un monde artistique ni plus ni moins vertueux que n'importe quel monde capitaliste. Une jolie chute sur fond d'Ostalgie, une autrice à suivre pour son humour comme pour son style…
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Tu t'appelles Petra.
Tu es allemande.
Mariée à l'artiste peintre Peter Wolf, cet homme de l'Est, maudit, sauvé in-extremis, cet homme légende.
Dont tu es à la périphérie.
Toi tout autour, protectrice, peut-être trop. On te le reproche souvent. Gardienne d'accord, mais gardienne comme on dit geôlière. Pourquoi ne voit-on qu'elle, au vernissage, à domicile, et chut, Peter travaille, Peter est phobique, Peter n'est pas là...

Le Mur est tombé voilà trente ans.
Et un certain Philippe décide d'écrire une biographie de ton couple. On dira le génie de Peter. Ta patience, Petra. Ta rigidité aussi.

Cette biographie va déclencher un cataclysme.
Policier.
Artistique.
Humain.

Tu devras sortir de l'ombre, Petra. En découdre avec la vérité.

La plume de Sophie Pointurier aborde la violence du silence. Exhibe le sexisme des milieux artistiques sans agressivité.
Et je me disais, en lisant ce roman d'une traite, que l'auteure était au fond parvenue à mêler plusieurs genres avec beaucoup d'adresse.
Chacun y trouve son compte.

Lu dans le cadre du #prixharpercollinspoche
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Sélection Prix Harper Collins poche 2024, #lecture1

Peter et Petra Wolf forment un couple d'artistes très en vue.
Issus d'Allemagne de l'Est pour Peter, l'artiste maudit, et d'Allemagne de l'ouest pour Petra, ancienne professeur d'arts plastiques, tout les opposait initialement.

Philippe est engagé pour écrire une biographie sur ce couple incontournable de la scène mondiale artistique.
Que va-t-il découvrir ?


Un roman rare se déroulant dans le monde de l'art contemporain, entremêlant des faits historiques centrés sur l'époque du mur de Berlin et la guerre froide, et abordant le sexisme y régnant.
La plume prolixe offre un récit riche en personnages et en feed back.
Un récit abordant avec profondeur la censure en plein coeur de la RDA.
A découvrir !

C'est un roman que j'ai lu dans le cadre du prix Harper Collins poche 2024.
#lecture1

@doresixtine
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Alerte coup de coeur ! Et le premier de l'année !

Si on m'avait dit un jour que je me prendrai de passion pour une intrigue liée aux courants artistiques en ex-RDA, je pense que je n'aurais pas misé un kopeck là-dessus. Enfin, plutôt un mark est-allemand vu le contexte. Et pourtant, avec La Femme périphérique, Sophie Pointurier a réussi avec grand talent à m'embarquer non seulement dans une période de l'histoire qui ne m'attire pas beaucoup – la scission de l'Allemagne par le mur de Berlin – mais également dans une thématique guère chère à mon coeur : le monde de l'art.

Le point de départ de cette intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page ? Un Français qui se met en tête d'éditer une biographie de Peter Wolf, artiste peintre dissident exfiltré de Berlin-Est à la fin des années 90 grâce à sa femme Petra, avec qui il forme un couple de plasticiens mondialement réputé. Problème : Peter a disparu. Suspecte n°1 : sa femme (oserais-je dire "bien sûr" ?). Entre New York, Paris et Berlin, le monde de l'art s'agite pendant que les hypothèses les plus folles surgissent et mettent à mal la légende d'un couple iconique.

Si vous êtes en quête d'un livre au suspense insoutenable ou si vous avez tout simplement envie de renouer avec le plaisir de la lecture, foncez lire La Femme périphérique ! Ce premier roman est mordant, jouissif, intelligent, remarquablement bien écrit et documenté. Sophie Pointurier déjoue les pièges des clichés et des facilités narratives tout en nous plongeant habilement dans les méandres de l'histoire allemande. Grâce à une galerie de personnages mystérieux, déterminés et passionnés, elle propose avec malice et finesse une réflexion sur la place des femmes dans l'art. Un page-turner à ne pas manquer ! (et pour le régal des oreilles : à lire en écoutant la bande originale du film Goodbye Lenin !)
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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J'avais beaucoup aimé « Femme portant un fusil », lire son premier roman s'est imposé, pour mon plus grand plaisir.
Ce que les puissants du monde des Arts plastiques disent des femmes artistes et la manière dont ils les traitent est le point central de ce roman aussi documenté que narquois, bien rythmé, très fin dans sa peinture des relations humaines, et dont l'énigme savamment entretenue nous retient de page en page jusqu'au tableau final… revigorant.
Sophie Pointurier, un point de vue sur le monde, une manière de l'attraper, de le démonter et de le remonter autrement des plus réjouissantes !
A suivre.
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Pffff, pffff, pffff..... Je ne sais pas comment commencer ma critique.
J'ai trouvé cet ouvrage à la fois complexe, un peu longuet à certains moments et très intéressant en même temps.
L'idée est louable : Petra et Peter Wolf forment un couple de peintre très célèbres, mais au fil de la lecture on découvre que seule Petra est la véritable artiste et que pour " percer" elle s'est servie du nom de Peter car l'art se vend mieux si il s'agit d'un homme..
J'ai beaucoup appris sur l'art contemporain, sur la question des femmes artistes et en même temps, je me suis quelquefois perdues dans les événements historiques qui jonchent l'histoire.
Je n'arrive pas à parler de cet ouvrage correctement alors je vais vous laisser le découvrir pour que vous vous fassiez votre propre avis car le mien n'est pas à la hauteur du livre.
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Les oeuvres de Peter et Petra Wolf, célèbre couple de la scène artistique allemande depuis les années 1990, se monnaient à prix d'or sur le marché international de l'art contemporain. Trente ans après la chute du Mur de Berlin, une petite maison d'édition française décide donc de publier une biographie sur ce duo iconique : lui, l'artiste maudit échappé de l'Est, préférant rester invisible aux yeux du monde à cause de ses phobies sociales ; et elle, l'ancienne professeure d'arts plastiques venue de l'Ouest qui assure la communication et les représentations pour deux.

Face à tant d'absence et de mystère, le monde de l'art se rend compte que Peter a disparu … mais depuis quand, en réalité ? Très vite, le roman revêt son costume de polar et l'enquête policière pointe vers Petra, que tout accuse.

Pour parler du fond, j'ai beaucoup aimé lire sur ce qui apparaît pour moi comme le grand sujet de ce livre : l'invisibilisation des femmes et l'effacement des créatrices dans le monde artistique, au profit de leurs pairs masculins. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'il m'était bien plus facile de citer 5 artistes peintres masculins célèbres, plutôt que 5 artistes peintres féminines. Faites l'exercice de votre côté, et vous verrez !

De plus, l'histoire du roman donne tristement de la résonance à celle vécue par l'auteure, Sophie Pointurier, qui a premièrement du publier ce livre sous le pseudonyme masculin de Gary Kouderc après avoir reçu, sous sa véritable identité, des retours désobligeants et démotivants de la part de certains éditeurs (le livre était alors intitulé "La RDA, Peter et moi").

C'est, in fine, un premier roman que j'ai apprécié de par le sujet souvent peu mis en avant en littérature, la clarté de l'écriture de l'auteure et la fluidité de son intrigue.
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Pour fendre l'Art-Mur

Tout d'abord, merci aux éditions Harper Collins et à l'Opération Masse Critique pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage. La 4ème de couverture est plutôt alléchante même si trop bavarde. Voyons ce que ça donne.


Peter Wolf est un artiste-peintre qui a eu la chance de vivre dans la RDA d'Honecker, celle où des ombres tristes en pantalons Blue Cottino traversaient des cités hérissées de barres d'immeubles grises, aux intérieurs criblés de meubles en Formica, avec pour loisirs, des virées en Trabant pour aller pique-niquer à poil, au bord des lacs. Youkaïdi, youkaïda…

Au fond, comment rêver mieux que cet environnement de contraintes, formidable adjuvant pour sublimer une âme d'artiste véritable ?

Dans ces conditions, il est difficile de comprendre que Peter choisisse de passer à l'Ouest en 1987, un peu avant la chute du Mur.
Quelle ingratitude !

Toujours est-il qu'à Berlin-Ouest, Peter rencontre, non pas Sloane, mais Petra.
Comme elle est également artiste-peintre, le couple décide de faire oeuvre commune. C'est un immense succès porté essentiellement par le génie de Peter qui « transcende le figuratif » , tandis que Petra est davantage « gestionnaire ». Par ailleurs, la qualité de leur peinture se conjugue à la forte symbolique du couple Est-Ouest, de ces amants qu'un Mur ne peut stopper. Tous ces éléments font de Peter et Petra Wolf, des artistes de renommée internationale, aux tableaux loués par tous ceux qui comptent dans le marché de l'art.

Et puis, à l'occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur, une biographie est en préparation et une exposition au Met s'apprête à les célébrer. le tout sur fond d'Ostalgie, cette nostalgie un peu factice de l'esthétisme de l'Est.

Des questions commencent alors à se poser, car Peter, souffrant de phobie sociale, n'a semble-t-il pas été vu depuis longtemps. La rumeur commence à enfler : lui serait-il arrivé quelque chose ?

Autant le dire de suite, j'ai trouvé que la construction du livre était assez bancale. Curieuse idée quand même de bâtir une intrigue et d'en livrer aussi rapidement la clef à la moitié du livre (p 172) ?
Autre regret : une fin assez brouillonne et qui, confer le paragraphe précédent, vient conclure une deuxième partie un peu en roue libre, même si les rappels historiques de ce que fut la vie derrière le Mur, ne sont pas négligeables.

Mais au fond, l'intérêt du livre est ailleurs, dans les débats ouverts sur plusieurs sujets touchant au domaine de l'art.

Tout d'abord, le livre offre une vision -qu'on peut ne pas trouver si caricaturale- du « Monde de l'Art ». Il est présenté comme un petit cénacle où se font et défont les réputations et les cotes, veillant jalousement sur ses intérêts, adoptant une attitude hautaine reposant sur une expertise parfois assez discutable et parsemée de concepts fumeux tels que la« surénergie », la « résilience salvatrice » la « mise en abime », la « prise de l'espace », ou la « femme phallique »...

A ce propos, les petits marquis qui dans le livre veillent à ne pas déplaire aux puissants du réseau, en assumant mensonges et approximations, font aussi montre d'une misogynie nourrie de poncifs accablants : « L'Homme a besoin de nouveaux territoires. La femme trouve son territoire et y reste », ou « Alors que toutes les femmes cherchent un homme, les hommes veulent toutes les femmes ».
Ce n'est certes qu'une fiction. Ce serait plus inquiétant si, par exemple, un candidat à une élection présidentielle tenait peu ou prou ce type de discours…

Ce sujet de l'invisibilité des femmes dans de nombreux domaines est désormais régulièrement abordé, mais il reste sensible. le mérite du roman est d'exprimer cette idée du plafond de verre qui empêche des femmes d'être jugées capables de ce génie prêté aux peintres masculins. Ici, c'est forcément Peter le moteur du succès car «seul un homme qui s'est battu pour sa liberté peut générer autant de puissance physique dans son travail » tandis que « l'art féminin est bien différent ». Petra est décrite comme une « castratrice », « parce que c'est lui, le talent. Elle est l'obstacle », « une femme vénale », « une muse », « une petite main ouvrière ».
Bref, la femme artiste ne peut être que périphérique.

Enfin, le livre présente le sujet de la sensibilité de l'art à son environnement et de l'influence de la liberté.
Comme le dit un des personnages : « Vous croyez que l'idéologie pépère et prospère n'a jamais eu d'influence sur le travail de vos collègues de l'Ouest ? ».
Et on se dit en effet qu'a contrario, il devait exister « un interstice dans lequel les gens se jouaient d'un système grâce à un réseau qui ne se dénonçait pas… ».

Donc un roman pas totalement tenu selon moi, mais très agréable à lire en raison d'un style alerte, bien supérieur à ce que produisent quelques auteurs chevronnés, et d'une réflexion loin d'être périphérique.
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