Ô toi lecteur qui commence «
le diable, tout le temps », abandonne tout espoir d'optimisme, de foi dans ton prochain, de beauté, bref de tout sentiment positif. Rien de tout cela à
Knockemstiff et Meade, les deux bourgades de l'état de l'Ohio dans lesquelles prend place l'action de ce roman coup de poing de
Donald Ray Pollock et où le diable règne en maître.
Plusieurs histoires, toutes plus noires les unes que les autres, sont imbriquées dans ce roman, de manière assez intelligente puisque le personnage principal de chacune a un lien avec celui de la prochaine : on rencontre ainsi le jeune soldat Willard Russell qui revient de la deuxième guerre mondiale avec des souvenirs terriblement traumatisants, puis sa femme Charlotte, l'un des seuls personnages humains mais qui finira mal, leur fils Arvin, celui qui s'en sortira le mieux (ou plutôt, le moins tristement), Lee Bodecker, shérif véreux, sa soeur Sandy et son mari Carl, deux psychopathes dont le loisir est de partir régulièrement en tournée meurtrière, le pasteur Teagardin, un pervers qui aime séduire les jeunes adolescentes…. Tout un panel de personnages plus affreux, sales et méchants les uns que les autres.
Ce n'est pas peu dire que «
le diable, tout le temps » est un roman violent. Dès les premières pages, j'ai été choquée par la noirceur extrême des situations et des personnages, « rednecks » de l'Amérique profonde. Les rapports entre les personnages sont toujours d'une violence extrême, la crudité de certains passages (notamment ceux dédiés aux psychopathes Sandy et Carl) m'ont mise assez mal à l'aise. Je me suis dit dès le départ que ce roman n'était pas pour moi et j'ai longtemps douté d'arriver jusqu'au bout ! Toutefois, la plume acérée de
Donald Ray Pollock se lit très facilement, et est tellement bien tournée qu'une certaine fascination pour les horreurs qu'elle dépeint s'est rapidement développée. J'ai donc dévoré ce roman, presque malgré moi. Une ballade dans l'abject que je ne suis pas prête d'oublier de sitôt…