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Citations sur Lire est le propre de l'homme (88)

Mais supposons un instant que je me sois trompée, que le monde dans lequel nous vivons ne soit ni dur, ni violent, et que l'espèce humaine et la civilisation ne soient pas si menacées que cela, finalement. Que reste-t-il de nous? Nous, les super-héros défenseurs de la littérature? Restent nos index timides pointés vers la liberté, vers un plaisir quasiment gratuit.
C'est là, à portée de main, ça ne tombe jamais en panne, ça tient au creux de la paume, c'est un miroir, une machine à remonter le temps, une porte ouverte sur l'autre, c'est un livre.
Agnès Desarthe
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La lecture constitue un contre-pouvoir, un refuge. Elle a l'immense mérite de nous rappeler que nous appartenons à une communauté. Peut-être s'agit-il d'une utopie, comme je l'ai dit plus haut, mais je ne crois pas qu'il puisse exister d'art littéraire en dehors de l'utopie humaniste. (p. 36) - Agnès Desarthe_
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Car les petits lecteurs ne "lisent" pas encore comme nous. Ils se tortillent, se lèvent, s'assoient sur leur livre préféré, le feuillettent à l'envers ou n'ont d'yeux que pour un minuscule canard sur le rebord d'une baignoire...
Ils font des petits sens, avec leur petite pensée.
A nous de les respecter, de les encourager. Car ils ont raison : lire, ce n'est pas de faire du son, c'est faire du sens.
Jeanne Ashbé
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J'avais huit ans[.......] je savais qu'un livre est le seul remède à la solitude.
Florence Seyvos
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(...) le livre n'est pas un luxe, ni une fantaisie d'intellectuel, ni l'expression d'un snobisme. Ceux qui voudraient nous le faire croire sont de clinquants imbéciles, ou, plus grave encore, des esprits malins espérant exploiter l'ignorance. (...)
La lecture n'est pas un loisir qu'on puisse comparer au cinéma ou au jeu vidéo, c'est une nécessité de chaque jour, c'est le passeport pour l'insertion dans notre société et c'est ce qui donne accès à la liberté, liberté de parler, de penser, de circuler. (...)
Nombreux sont ceux qui louent les bienfaits de la lecture : bonne pour la croissance, bonne pour la conscience, l'orthographe, la grammaire et la culture générale. On en serait presque à la déclarer d'utilité publique. (...)
C'est là, à portée de main, ça ne tombe jamais en panne, ça tient au creux de la paume, c'est un miroir, une machine à remonter le temps, une porte ouverte sur l'autre, c'est un livre. (...)
La lecture est le premier instrument de la liberté et elle est la première chose à défendre. (...)
Tous ces livres, ils habitent avec moi, chez moi. Dans ma maison comme dans ma tête. Cet imaginaire est comme un jardin dans lequel j'aime me retrouver. Un jardin un peu sauvage, aux contours indéfinissables, avec encore plein de coins à explorer. (...)
un bébé lecteur, ce n'est pas un sagouin érudit qui ânonne l'alphabet avant l'heure. C'est un humain. Un petit mais un vrai, qui met en mouvement sa petite pensée. Qui découvre une formidable source d'esprit, de capacité à quitter l'ici et maintenant pour prendre de la hauteur. (...)
Quel être cosmique qu'un enfant, un adolescent qui lit ! C'est à la fois un être qui rêve et qui agit, un être qui joue et réfléchit ; il est en train de se construire, il est en train de grandir, et nous n'en avons jamais fini, de grandir. (...)
Le livre est une clé ; des portes s'ouvrent à l'intérieur de soi, comme à l'extérieur. (...)
Il faut donner des livres aux enfants pour leur faire prendre conscience de tout ce qui les contraint, pour alléger leurs souffrances, pour les faire rire, pour les faire rêver, pour les aider à penser, pour les rendre libres.
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- Les histoires, c'est l'espoir, me dit-il. Ce serait vraiment bien que vous reveniez nous voir.
Puis, malgré les remontrances de sa maîtresse qui lui reprochait maintenant de retarder le groupe, il rejoignit sans se presser le troupeau triste de tous ceux qui se laissaient faire.
Audren
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S'approcher de cette insoupçonnable intelligence, sensibilité, celle des petits humains qui se mettent à penser, c'est soudain quitter l'état de géant. Et s'incliner.
Un bébé lecteur, ce n'est pas un sagouin érudit qui ânonne l'alphabet avant l'heure.
C'est un humain. Un petit mais un vrai, qui met en mouvement sa petite pensée. Qui découvre une formidable source d'esprit, de capacité à quitter l'ici et maintenant pour prendre de la hauteur.
Pour maîtriser, de lecture en lecture, le destin de ce minuscule canard d'abord [celui qui évolue dans son livre], et bientôt le sien.
Jeanne Ashbé
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Contribution de Marie Desplechin

J'aime/j'aime pas

Je n'ai pas beaucoup d'affection pour les lecteurs en général, les grands lecteurs surtout. Je n'aime pas leurs manières péremptoires, leurs certitudes d'être au-dessus du commun, ces phrases satisfaites qu'ils ont pour parler d'eux-mêmes et de leurs inoubliables lectures, quand ils étaient tout petits déjà et qu'ils lisaient Chateaubriand et Flaubert, et tout ce qu'ils ont lu depuis, le crayon à la main, et toutes ces études formidables qu'ils ont faites par la suite et grâce auxquelles ils sont devenus des per¬sonnes si intéressantes et avisées, et puissantes. Oh, mon Dieu. Je n'aime pas les lecteurs qui se situent du côté du manche, ceux qui font la police dans les bibliothèques, les intellectuels de gouvernement, les dispensateurs nationaux du sens, les généraux tortionnaires. Je ne peux pas croire qu'ils aient été des lecteurs dans leur enfance, ils ont dû oublier, et encore, cette enfance, ils ne l'ont pas habitée très longtemps.
Mais je me sens proche de ceux qui se sont perdus dans la lecture comme dans une forêt han-tée. Ils ont emprunté des chemins qui ne menaient nulle part. Ils ont ouvert leur sentier tout seuls, avec un Opinel, au risque des mauvaises rencontres, au risque de se faire peur ou de se faire mal, au risque même de tourner en rond. Ils ont découvert des ruisseaux et des rivières, des précipices, des clairières, des prairies et des trouées sur le ciel. Ceux-là, quand ils parlent de leurs lectures, ont une manière singulière de le faire : les mots qu'ils utilisent sont les leurs, et ils se fichent bien que tout le monde lise qui ils lisent, que tout le monde aime qui ils aiment, ils veulent bien être tout seuls, ils ont même quelque chose d'un peu jaloux. Partager ses amours avec n'importe qui, c'est à vous dégoûter d'aimer.
J'aime la collégienne qui lit tout ce qui lui tombe sous la main et qui fait le désespoir du conseil de classe. (« Elle ne s'intéresse à rien, elle ne fournit aucun effort. ») J'aime le grand gamin qui vient de lire son premier livre et qui n'en revient pas de l'avoir lu en entier et d'y trouver un tel plaisir. (« Madame, je l'ai fini et tout de suite je l'ai recommencé. ») J'aime le dandysme un peu las de l'une et la joie éclatante de l'autre. J'aime la lycéenne évaporée pour qui je pille le rayon poches de la librairie, en vacances, et qui m'envoie des SMS à chaque livre qu'elle termine, parfois deux par jour, c'est insensé. J'aime le tout petit enfant qui récite son album préféré, au fur et à mesure que je tourne les pages, il a retenu jusqu'aux virgules. J'aime le bébé qui essaie furieusement d'entrer dans le livre cartonné en poussant les pieds dans la reliure. J'aime mon fils qui refuse d'ouvrir un livre parce que lui qui peut voir sans ciller n'importe quelle horreur sur un écran sanglote à la fin du Lion, à la fin de La Rencontre, au milieu des Malheurs de Sophie, aux deux tiers de Oh, boy !. J'aime mon fils quand il lit la Rubrique-à-brac, que j'ai lue à son âge. J'aime mon grand fils quand il lit les Métamorphoses, ou L'Univers, les dieux, les hommes racontés par Vernant, lentement, calmement, allongé dans un canapé. J'aime ma fille quand elle lit « Coeur Grenadine », Barbara Cartland, Jane Austen, Edith Wharton, et finit par déclarer, per¬plexe, qu'elle ne comprend pas qu'on tombe amoureux. J'aime l'amie qui a trouvé son premier roman sur une poubelle et n'a cessé depuis de lire. J'aime les gens qui empruntent les livres, ceux qui fréquentent les bibliothèques, et ceux qui vénèrent des graphomanes que le monde a oubliés. J'aime les enfants quand ils lisent, les grands, les très grands enfants aussi, et même les vieux enfants.
Je crois que je n'aime pas beaucoup que la lecture soit cette Vertu publique dont on peut tirer de la gloriole et des profits orthographiques ou sociaux, ni ce mausolée muet dans lequel on précipite de force et comme au hasard des collégiens rétifs et qui n'y comprennent rien. Je crois que je voudrais toujours qu'elle soit un vice privé, un chemin de traverse, une échappée belle et que chacun lise pour soi, contre le monde. Je crois même que nous devrions avoir l'ambition poli¬tique d'inviter autour de nous au repli, au retrait du monde, à la désobéissance aux canons, à la solitude et à l'égoïsme enfantin de la lecture. Il me semble que rien ne prépare mieux à tenir tête (à la meute, à la peur, à l'autorité, à l'existence même) que l'expérience solitaire de la liberté, et, franchement, quel meilleur champ d'exercice, plus vaste, plus divers, plus sauvage, plus scandaleusement personnel, que la lecture ?
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Pourquoi lisons-nous ? N'est-ce pas dans l'espoir d'une vie plus dense, de journées plus vastes ? Une vie plus dense, plus ronde, des journées plus vastes, plus claires, un monde plus lumineux, un avenir vivable, un passé compréhensible, oui : les livres, lorsqu'ils sont lus par ceux, innombrables, à qui ils sont destinés, sont simplement vivants. (p.95)
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Aujourd'hui, ne parlons-nous pas toujours de Salomon ou de Lao Tseu? Et n'en tirons-nous pas de la sagesse pour notre propre vie? De l'esprit de décision? Ne lisons-nous pas les fables d'Oesope réécrites par La Fontaine, et passées par des versions persanes, arabes ou turques pour nous venir d'Inde? N'en tirons-nous pas, depuis des milliers d'années, de quoi comprendre, choisir et agir par notre pensée personnelle, individuellement commune et culturelle, mais libre?
Claude Ponti
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