Je tiens tout d'abord à réitérer mes excuses auprès de Joël pour avoir pris autant de temps à lire et à pondre une chronique sur Haig. Je le remercie aussi de nouveau pour sa confiance.
Je sais qu'en littérature, la première chose qui tape à l'oeil reste la couverture du bouquin. Celle-ci,est assez jolie cependant les écritures en rouge et jaune me dérangent un peu. Si je n'ai pas bien compris le fait de représenter Marisol plutôt qu'Haig en première de couverture, le fond de l'image rend parfaitement hommage au voyage que nous narre Mr.Poncet. Il manque à mon goût, pour rendre le livre « objet » une petite carte du monde. J'aime l'idée de pouvoir me figurer les lieux et les espaces, d'autant plus lorsque la plupart de ceux ci existent vraiment.
Dans Haig et le secret des monts rouges, nous sommes transportés au Cambodge, plus particulièrement dans la capitale de Phom Penh, après la guerre civile de 1967 – 1975 ayant opposé le Vietnam et le Cambodge.
Nous sommes donc dans une période assez électrique, où les souvenirs/traumas de la guerre sont encore bien présents/ancrés chez les peuples. C'est dans un climat lourd qu'intervient notre héros Haig et ses acolytes qui naviguent au bord de la Marie Barjo. Sorte de pirate des temps modernes, Haig sillonne le mékong pour faire des affaires et rendre la vie après guerre moins difficile. Cependant, ce voyage risque d'être plus particulier que les précédents. En effet, il semblerait que partout où la Marie Barjo passe, des meurtres atroces soient commis.
J'ai beaucoup apprécié ma lecture qui a été vive et rapide. L'écriture de
Thierry Poncet est plaisante, il ne s'épanche pas dans des descriptions longues mais parvient tout de même à faire passer une abondance de sentiments à son lecteur. Sous les traits de son personnage principal, qui est un rustre, un guerrier, un aventurier qui manie la répartie avec brio, on sent poindre une petite part d'autobiographie. J'ai directement calqué le personnage Haig à son père/auteur Thierry de manière presque automatique. Cette espèce de gros nounours au coeur de guimauve… Peut-être que je me trompe! Et peut-être qu'il ne s'agit finalement là que d'un hommage à son compagnon d'aventure : l'aventurier
Cizia Zyke. Quoiqu'il en sois cette impression d d'aspect autobiographique ne s'arrête pas là. Pour décrire aussi bien les paysages et nous donner presque l'impression de voyager à travers de simples mots, il fallait forcément avoir vécu et côtoyer dans/ces endroits.
Extrait biographie de T.Poncet :
Sa rencontre avec l'écrivain-aventurier
Cizia Zykë, en 1984, bouleversa son existence. Engagé comme secrétaire, il partit aux côtés de
Zykë pour un grand voyage qui devait lui faire traverser tous les continents.
Il publia un roman, Pigalle Blues, en 1990, aux éditions Ramsay, alors propriété de Mme
Régine Desforges.
S'étant fixé en Asie du Sud-Est, au Cambodge, il y fut reporter au journal le Mékong, rédacteur à L'UNESCO puis à L'
Ecole Française d'Extrême-Orient et auteur de théâtre. Il publia à Phnom Penh un recueil de nouvelles, Les Pantins d'Angkor, aux éditions Cabaret-le-Monde.
Les endroits décrits prennent vie et couleur dans nos esprits grâce aux savoirs de l'auteur. Savoirs autant historiques que « géographiques ». Comme je l'ai dit, c'était un voyage fort intéressant qui ne pouvait prendre force/racine que grâce au vécu de son auteur. La présence et le talent de l'auteur planent d'ailleurs au dessus de cet ouvrage. C'est une trame finalement assez plate et simpliste. Cependant, la plume de l'auteur amène réellement une âme au récit. On se prend immédiatement d'affection pour les personnages, personnages qui ont tous leur propres caractères, façons d'être et de parler, et leur passés. Les personnages deviennent personnes, la marie Barjo devient réelle. le quotidien s'enlace au drame, au thriller avec parcimonie et brio. Les questions écologiques côtoient celles juridiques, économiques, morales et politiques. C'est un concentré de plusieurs thématiques qui s'imbriquent les unes aux autres avec facilité. Les descriptions des meurtres ou même la présence quasi constante des drogues sont rudes, dans le détail, mais dépeignent finalement une réalité post guerre qui nous échappe aujourd'hui. Nous apprenons, tout un pan d'un passé que nous ne connaissons que peu, nous voyons des plaies non encore fermées d'une nation entière en reconstruction. C'est une forme de dénonciation de ces guerres de pouvoir où les populations sont des victimes collatérales.
Haig – le secret des monts rouges à des allures de pirates des caraïbes et de tomb raider. de multiples ingrédients y font penser : le voyage au bord d'un bateau, des personnages sans limites, une seule femme sur le bateau, une quête avec à la clé des joyaux..! C'est un beau mélange qui foisonne et m'a réellement donné envie de savoir le fin mot de toute cette histoire. Une fin qui s'est révélée finalement un peu décevante, car trop précipitée par rapport à l'ensemble du roman. J'aurai peut-être aimé d'autant plus d'action et de suspens. Que la chute du méchant sois moins facile. Autre point négatif qui ne dépend que de moi même j'avais découvert bien assez tôt le pot aux roses…
En conclusion, c'est un livre qui se dévore très vite et trop facilement (à mon goût). Sans être une révélation littéraire, c'est un livre que j'ai quand même bien apprécié. Un thème particulier, que l'on ne rencontre pas toujours en littérature, une écriture saisissante.Bonne petite histoire qui nous fait passer un bon moment de lecture!
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