Il aura fallu que je lise ce récit pour enfin comprendre ce qui faisait la différence entre
Oro (qui m'a littéralement scotché) et les deux autres opus de la trilogie autobiographique de
Cizia Zykë (
Sahara et
Parodie m'ont emballé, mais sans véritable engouement). Ce petit truc en plus n'est autre que la spontanéité.
Oro a été écrit à chaud alors que l'auteur rentrait tout juste du Costa Rica, alors que pour écrire
Sahara et
Parodie l'auteur a dû puiser dans ses souvenirs (les faits datent des années 70). Et de l'aveu même de l'auteur, il n'est pas du genre en s'encombrer l'esprit avec les détails qu'il juge futiles.
On apprend aussi qu'un livre (récit ou roman) signé
Cizia Zykë est le résultat du travail de trois personnes.
Zykë himself bien entendu, qui apporte le corps du livre (les grandes lignes, les orientations souhaitées, le ton…). Vient ensuite
Thierry Poncet qui donne du coeur au récit en mettant en forme ses prises de notes (c'est mieux quand un bouquin est lisible). Enfin
Colette Véron, lui insuffle une âme, par son travail de relectrice et correctrice (il faut non seulement que le bouquin soit lisible, mais aussi qu'il soit agréable à lire).
Voilà comment
Thierry Poncet décrit le travail de Mme Véron : « D'un porte-mine précis, intraitable, sévère, elle traqua mes répétitions, assécha mes flots de virgules, tailla dans mes guirlandes d'adjectifs, biffa mes pompeusement superfétatoires adverbes et tamisa mes épaisseurs jusqu'à l'obtention de la fluide, juste, essentielle phrase« .
Commençons donc par le point négatif, le récit de
Thierry Poncet aurait gagné en qualité en passant entre les mains expertes de
Colette Véron. Il y a quelques lourdeurs de styles et les répétitions superlatives ça devient vite limite insupportable. Et que dire du passage de défonce à Amstardam ponctué de « Poil au… » répétitif et ô combien puéril ?
Ceci étant dit, il n'en reste pas moins que j'ai pris énormément de plaisir à lire ce récit qui, l'espace de quelques jours, a fait revivre
Cizia Zykë (il est décédé en 2011, terrassé par une banale, mais fatale crise cardiaque) dans mon coeur. Non seulement l'auteur nous livre un hommage à la hauteur du bonhomme, mais aussi une très belle (et mouvementée) histoire d'amitié.
Il faut dire que pour suivre
Zykë dans ses pérégrinations il faut les avoir bien accrochées, mais surtout lui faire une confiance aveugle et lui être d'une loyauté sans faille. C'est non seulement le prix à payer pour gagner son amitié, mais aussi la clé de la survie dans les situations les plus délicates.
Au fil des pages, vous embarquerez pour un tour du monde hors du commun, quand
Zykê s'est fixé un objectif, il fonce au pas de charge, rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter. Certes le gars n'est pas un saint, au contraire, ce serait plutôt l'homme de tous les excès ; nul doute que les grenouilles de bénitiers et autres saintes-nitouches s'étoufferont avec leur eau bénite en lisant ces pages.
Pour ma part j'ai pris un réel plaisir à lire ce bouquin, on retrouve chez
Thierry Poncet le même humour teinté de cynisme que chez
Zykë. Même dans les moments les plus sombres du récit, j'ai gardé un sourire au coin des lèvres.
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