J'ai dû ressentir très tôt l'insuffisance foncière du langage, son infirmité native.
Un rêve ne serait-il jamais qu'un autoportrait, au-delà du miroir ?
On dirait que tout écrivain, à un moment ou un autre, en vient à douter [...] que la littérature puisse tout exprimer [...].
L'intellect quand il est livré à lui-même est si proche du délire.
Quant aux livres, le mieux auquel ils puissent prétendre, c'est de s'approcher d'une rêverie, celle de l'homme assis.
Il arrive que l'amitié, aussi, plus que l'amour, soit une demeure.
Ce livre-ci n'aura été qu'une navigation sans but et sans boussole, qu'une promenade rêveuse comme celle que suscite la vue d'un arbre, d'une fleur, d'un écureuil roux ou d'un lapin apeuré - à défaut d'un ange-oiseau venu du ciel -, le long d'un sentier au coeur d'une forêt, ou lorsqu'on trace son chemin à travers champs sans savoir où nos pas vont nous conduire. Dans ces pages, ce furent une peinture, une photographie, quelques rencontres passagères, une lecture parfois, la source de la rêverie.
Songes, rêves et rêveries dont naissent littérature, art et musique, si nous vous aimons à ce point, serait-ce parce que vous nous offrez une vie seconde et nous donnez pour un temps l'illusion de nous délivrer de la mort?
Aux amis, ne serait-ce que par peur de nous blesser mutuellement et de mettre en péril notre amitié, nous sommes loin de tout dire. Une certaine réserve s'impose.
L'enfant silencieux que j'ai longtemps été, l'enfant sage, légèrement renfermé, disait-on, qui sera tout disposé plus tard à se croire incompris, mal aimé, n'a pas rencontré sur son chemin quelqu'un avec qui partager ses secrets et qui aurait su l'en délivrer : des secrets ignorés de lui-même.