Je signe ici ma première rencontre avec
Carmen Posadas, auteure espagnole que j'avais déjà découvert il y a un moment dans sélection de polars par pays.
Petites infamies n'est pas son premier roman cependant ! Sorti en 1998 et primé en tant que Prix Planeta de la même année, la première édition française a trouvé preneur chez le Seuil, puis chez Points en version Poche. Il faudra bien avouer que ce n'est pas le résumé qui m'a appelé à acheter le livre, mais bien sa couverture particulièrement sobre et… intrigante. Un titre à double sens et une fourchette, que peut-il y avoir dans ce polar comparé à l'une des oeuvres d'
Agatha Christie ?
Les mêmes ingrédients que la Reine britannique du crime, en effet : beaucoup de personnages qui se côtoient dans un lieu assez restreint, bien qu'il ne s'agisse pas d'un huis-clos. Des personnages qui ont des secrets, un cadavre retrouvé dans une chambre froide, et des mobiles de meurtre en quantité. Qui cache un secret a tout intérêt à le protéger, et il se trouve que Néstor Chaffino, la victime, en savait peut-être trop. Voici donc un roman qui reprend la recette d'un polar à la Agatha, avec une petite touche en plus. La gastronomie comme thème, tout comme l'indique la couverture : une fourchette et un titre à double sens. Ces infamies, sont-ce des infamies mangeables, ou des secrets que personne ne veut voir dévoiler au grand jour ? Malgré tous ces bons ingrédients qui prédisaient un excellent moment de lecture, je n'ai pas pu m'immerger comme je le voulais dans ce
Petites infamies tentateur.
Carmen Posadas a la maîtrise de ses mots, de ses personnages, les mots glissent dans une certaine poésie, mais ce délice du style ne suffit pas à faire tenir le roman.
Trois raisons à mon avis mitigé : la mise en page donne des paragraphes décidément trop longs et hélas pas assez espacés. Pour mes yeux malades, ce n'était déjà pas évident de poursuivre la lecture au fil des chapitres. Ensuite, le nombre de personnages. Ce n'est pas nouveau,
Agatha Christie en a d'ailleurs fait l'une de ses marques de fabrique, et j'ai parfois du mal à me souvenir de qui est qui, quel secret appartient à qui. Avec
Carmen Posadas, c'est encore plus délicat, parce qu'au-delà de la mise en page et des personnages, la façon de présenter la narration bouge beaucoup, aussi. Une première partie où l'on découvre la réaction de chaque personnage à l'annonce de la mort de Néstor, avec le présage de secrets bien enfouis. Chaque autre partie se découpe en chapitres qui sautent d'un personnage à l'autre, de lieu à lieu, et il y a aussi le livre de Néstor, ses fameuses
Petites infamies. Il y a sa correspondance.
Avis mitigé, je ne le cacherai pas. C'est que tout au long des chapitres, il y a l'enquête sur la mort de ce pauvre Néstor qui savait tout, avec une obligation de remonter dans le temps pour savoir comment il en est arrivé là. Après ça, il y a les « sous-intrigues » où le lecteur est amené à découvrir les secrets de chacun, des secrets si lourds qui auraient pu servir de mobile pour un meurtre aussi froid. Pardon, mauvais jeu de mot ! Sur le papier, c'est palpitant, exaltant, mais quand il faut taper dans ce petit pavé, cet intérêt se mue en attente, puis en indifférence. Arrive alors la fin, comme un petit plaisir au chocolat, celui qui te réconforte. La fin est mémorable ; enfin, surtout la révélation de qui a tué Néstor, et pourquoi. La raison m'a paru légère, puis j'y ai réfléchi à nouveau. Un petit coup de génie qui fonctionne sur moi et ne fonctionnera peut-être pas sur d'autres lecteurs.
Alors, mitigé toujours ? Hélas oui, une fin comme je les aime et un style plaisant ne suffisent pas à relever le surplus de personnages, leur personnalité assez exagérée et les longueurs qui accompagnent. Ceci dit,
Carmen Posadas a publié d'autres romans, pourquoi ne pas me laisser tenter ?
Note : 3/5
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