[À Auray], la Bretagne montrait le bout de sa coiffe en granit. Sinistros. Une gare très large, très grise, une gare comme on en rêve dans les films d'horreur, avec la brume et le chef de gare qui a du poil aux pattes. Le loup garou à casquette. (p. 65)
Un jour, au lycée, pendant un match de rugby, j'ai pris un coup de saton dans les antoines et le prof, il m'a allongé par terre, m'a enlevé une godasse, et m'a foutu de grands coups de poing dans la plante du pied, putain ce que j'ai eu mal, mais j'avais plus mal au pied qu'aux couilles et, petit à petit, il a ralenti le bastonnage des arpions, la douleur avait presque disparu, le problème, c'est que je l'ai traité de salaud et je me suis coincé huit heures de colle.
(p. 22-23)
J'ai traversé Lorient. Plus moche, tu claques. Le style Allemagne de l'Est en moins riant. Je m'attendais, en marchant dans toutes ces rues sinistres, à entendre une sirène et à foncer vers un abri. (p. 70-71)
La poésie... Comme y'en a pas dans la vie, on la cherche dans les livres...
Je n'ai pas répondu, la gorge transformée en cadenas. C'était fou, moi qui ne pleurais jamais, même au cinéma. J'étais en train de vider mes réservoirs auxiliaires, comme dit Eric quand il va pisser. L'essence, dans les zincs, je sais où elle est, elle est dans les ailes. Mais toute la flotte qu'on sort par les yeux, je ne sais pas où elle peut être stockée. Dans les fesses, peut-être. (p. 30)
Elle portait une minijupe rouge et un chandail noir. J'ai pensé à l'anarchie.
Je me suis levé. J'ai été regarder machinalement qu'est-ce que c'était que ce rock qui passait pour la troisième fois. "Too young to love me", Little Bob Story. Ah oui, un groupe du Havre. Son chanteur, c'est Marguerite Duras avec un cuir et des lunettes noires.
C'est fou ce que les types de la S.N.C.F. sont désolés. Pour la S.N.C.F. Pas vraiment pour les pauvres passagers qui ont morflé. Un essieu qui claque, c'est terrible pour le train, pas pour les voyageurs. (p.67)
Tu parles d'un été ! Remarque, en Bretagne... Été ou pas, c'est le bidet de la France. Peut-être dit ma mère, mais comme ça, nous, on reste propre.
La poésie... Comme y'en a pas dans la vie, on la cherche dans les livres...