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EAN : 9782809413557
80 pages
Panini France (07/07/2010)
4.17/5   6 notes
Résumé :

Ecrit et illustré par George Pratt (Wolverine : Netsuke, Batman : Harvest Breed), Le Baron Rouge - Par-delà les lignes est un magnifique album dépeignant les tourments émotionnels qui accablent les vétérans de guerre à la suite des conflits auxquels ils ont participé. Le Baron Rouge Hans von Hammer, le plus grand as de l'aviation de la Première Guerre mondiale, revit l'horreur de sa jeunesse alors qu'il est int... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome qui ne nécessite pas de connaître le personnage.

En 1969, Hans von Hammer vit ses derniers jours dans un lit d'hôpital. Lui qui a été un as de l'aviation militaire dans chacune des 2 guerres mondiales, il est maintenant cloué dans son lit. Dans la scène d'ouverture, il se remémore une bataille aérienne. Il est aux commandes de son triplan Fokker Dr.I rouge écarlate (qui évoque celui du Baron Rouge, Manfred von Richthofen) et il abat les uns après les autres les avions français, après quoi il s'élève toujours plus haut jusqu'à voir le globe terrestre. Puis il reprend conscience alors qu'Edward Mannock (un journaliste) entre dans sa chambre. Il explique qu'il est envoyé par son journal qui souhaite publier une série d'articles sur des soldats récipiendaires de la médaille du mérite. von Hammer reconnaît tout de suite en lui un ancien soldat. Ils regardent ensemble les informations qui évoquent le massacre de civils à My Lai pendant la guerre du Vietnam, puis l'interview débute. Avec le recul des ans, von Hammer jette un regard désabusé sur ses périodes d'aviateur de guerre. Il évoque sa distanciation d'avec ses pairs et sa volonté d'être un professionnel efficace. Pendant ses périodes de repos, Hammock se plonge dans un ouvrage sur la vie dans les tranchées pendant la Grande Guerre et les informations télévisées diffusent les images d'un bonze en train de s'immoler par le feu.

Hans von Hammer a été créé en 1965 par Robert Kanigher et Joe Kubert sur le modèle de Manfred von Richthofen (il est possible de lire ces premières histoires dans ShowCase Presents Enemy Ace). Il a une place particulière dans le coeur des fans de comics. Lors de ces aventures, il est dépeint comme un aristocrate habité par un code de l'honneur et ayant développé une sorte de lien avec un loup rôdant dans les parages de la base. George Pratt reprend ces prémices pour parler des horreurs de la guerre. Garth Ennis utilisera également le même personnage dans le même but dans War in Heaven.Il aborde ce thème bien connu sous une forme intéressante. Mannock fait parler von Hammer pour connaître son point de vue sur les combats aériens auxquels il a pris part. Bien vite, von Hammer devine qu'il va s'agir d'un dialogue avec un vétéran de la guerre du Vietnam. Pratt a recours à une construction sophistiquée pour impliquer son lecteur dans ces échanges.

Pour commencer, il illustre les dialogues et les réminiscences entièrement à l'aquarelle et à la peinture à l'huile. Ce récit date de 1989, une époque à laquelle les comics peints étaient à la mode (pour des résultats parfois ridicules). Mais il ne faut pas s'y tromper, Pratt n'est pas un simple opportuniste, c'est d'abord un artiste peintre, et ensuite quelqu'un qui a souhaité réaliser une bande dessinée. Il avait déjà aidé Jon J. Muth sur un ou deux épisodes de Moonshadow et il indique dans les remerciements qu'il a fait appel aux conseils de Muth, ainsi qu'à ceux de DeMatteis. Là où Muth avait recours à l'épure, Pratt préfère tirer ses illustrations vers l'abstraction par des traits de pinceau plein de mouvements. Pratt construit bien ses pages comme de l'art séquentiel (une suite de cases soutenant ou développant les dialogues avec une fluidité dans les angles de vue), mais pour certaines cases il décuple les forces sous-jacentes, les émotions contenues en s'éloignant de la simple représentation en accentuant le mouvement des couleurs dans des formes exagérées. Ces formes aux couleurs denses attirent l'oeil et décuplent l'ambiance de la scène. Dans la première séquence un biplan perd du carburant qui commence à s'embraser. Pratt n'essaye pas de représenter des flammes ; il associe une zone de noir profond avec une zone de rouge très foncé avec des tâches plus claires. À l'évidence le feu lutte avec le carburant pour savoir qui prendra le dessus pendant qu'il subsiste quelques zones d'air. Deuxième exemple, von Hammer est allongé sur son lit dans la pénombre de sa chambre. Il s'assoupit. Les draps sont d'un noir profond et velouté dans la pénombre, seuls quelques plis se distinguent. Cet homme a déjà beaucoup plus qu'un pied dans la tombe. Troisième exemple, von Hammer est à pied entre 2 lignes de tranchée alors qu'un gaz se répand sur le champ bataille. Pratt représente les fumées comme un épais brouillard vert bouteille avec quelques lézardes de jaune. L'ambiance ainsi créée transcrit à merveille la claustrophobie de von Hammer qui doit trouver un masque à gaz pour survivre dans cette atmosphère délétère. Ce choix d'artiste permet de faire ressentir les émotions des personnages avec une intensité souvent éprouvante.

Pratt n'est pas seulement maître dans l'effet de couleurs ou dans la composition qui évoque un tableau de maître ; il est également un excellent concepteur de séquences. À ce titre ce premier combat aérien vous emmène dans les cieux à coté de von Hammer et vous fait ressentir le fracas de ses mitrailleuses, la cruauté des morts des ennemis, la fragilité du triplan et le chaos indicible de la bataille aérienne. La séquence dans le brouillard de gaz mortel repose sur 4 pages muettes qui là encore installent inconfortablement le lecteur sur le terrain aux cotés de von Hammer cherchant frénétiquement un moyen de survivre.

Les illustrations portent donc une part importante de signification du récit. Ce dernier comporte son lot d'horreurs et d'inhumanités (comme on peut s'y attendre pour un récit de guerre) vécus par von Hammer et par Hammock. Il y est question de la culpabilité du survivant, de l'absurdité des tueries, et de comment vivre avec ces expériences juste après ou des années plus tard. En tant que scénariste, Pratt a des ambitions ; il insère des citations de Rainer Maria Rilke, Henry James et Rudyard Kipling. Il incorpore harmonieusement les scènes d'actions dans le ciel, avec le bourbier terrestre, et les scènes plus réflexives dans la chambre d'hôpital.

"Par-delà les lignes" est une bande dessinée originale et intelligente sur le thème des soldats et du prix à payer pour survivre. le propos global n'est pas très original mais la narration est aussi convaincante qu'émotionnellement prenante. Les illustrations convaincront même les plus sceptiques qu'il est possible d'utiliser à bon escient les techniques picturales des maîtres en peinture pour magnifier le récit et atteindre un niveau artistique impressionnant.
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Le Baron Rouge - Par delà les lignes
Scénario & Dessins : Georges Pratt


Résumé :

Écrit et illustré par George Pratt, le Baron Rouge - Par-delà les lignes est un magnifique album dépeignant les tourments émotionnels qui accablent les vétérans de guerre à la suite des conflits auxquels ils ont participé. le Baron Rouge Hans von Hammer, le plus grand as de l'aviation de la Première Guerre mondiale, revit l'horreur de sa jeunesse alors qu'il est interrogé par un ancien du Viêtnam...


Mon avis :

1969. Alors que Hans von Hammer, as des as de la Première Guerre Mondiale, vit ses derniers jours, un journaliste vient l'interviewer sur ses souvenirs de guerre. Rapidement, von Hammer comprend que l'homme qui lui rend visite n'est pas un journaliste mais un vétéran du Vietnam. Brisé par ce qu'il a vécu, ce dernier cherche auprès de l'aristocrate prussien la réponse à la question qui l'obsède : comment a-t-il pu continuer à vivre après avoir vu et vécu tant d'horreurs ? Les souvenirs s'égrènent de part et d'autres comme autant de témoignages de la folie et de la barbarie des hommes et de ce que l'on doit devenir pour survivre et continuer à vivre.

Le personnage du Baron Rouge, Hans von Hammer, fut créé en 1965 par l'illustre Joe Kubert et proposait déjà une version inédite et sombre du premier conflit mondial aux antipodes de publications comme Sergent Rock, aussi chez DC. Georges Pratt a poursuivi dans cette veine et nous livre un récit simple mais fort sur la guerre qui évite l'écueil du pathos grâce à une grande pudeur. Il montre là un talent de conteur certain dont on peut regretter qu'il n'en ait pas fait plus usage depuis (la publication originelle date de 1989).

Quand à la partie graphique, c'est tout simplement une merveille. Qu'il s'agisse des combats aériens de biplans ou de l'enfer viêt, Pratt éclabousse ses planches de sa classe et de son talent. La couleur directe employée ici est une très grande réussite.
Ce récit fut initialement publié en France en 1991 par les éditions Comic USA. Vu la difficulté à le trouver actuellement à un tarif abordable, on ne peut que saluer l'initiative de Panini de rééditer cet album. On regrettera simplement qu'il n'ait pas eu les honneurs d'une couverture cartonnée là où une daube comme le Superman - le Monde selon Atlas, lui y a eu droit.


8.5/10 Un récit fort et poignant, tout en retenue et mis en image par un talent hors-norme. A ne pas manquer.

Winter

Lien : http://blog.librairie-critic..
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Le Baron Rouge, grand aviateur de la première guerre mondiale est interviewé par un journaliste sur les affres de la guerre et l'horreur du combat. L'intervieweur finit interviewé sur ce que lui a connu, au Vietnam et qui l'a poussé à venir auprès de ce vieux vétéran.
George Pratt, auteur du très moyen Batman : Harvest Breed, s'appuie sur le Baron Rouge pour s'interroger sur la survie après la guerre. Comment un survivant à l'horreur peut continuer de vivre avec de tels souvenirs ? Ce thème est très classique et on n'y apprend rien de plus, mais George Pratt le traite correctement et son travail graphique (peinture, encre et lavis) se mêle parfaitement à l'histoire, notamment dans les flash-backs de la première guerre mondiale.
Dans le thème de l'aviation et de la WWI, je conseille plutôt, en comics, le très bon War is hell de Garth Ennis et Howard Chaykin.
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Sous le titre de Baron Rouge : Par-delà les lignes se cache une nouvelle traduction du
Baron Rouge : Frères ennemis

En 2012 commence une série sur le Baron rouge, critiquée sur Babelio ici


http://www.babelio.com/livres/Puerta-Baron-rouge-Tome-1--Le-Bal-des-Mitrailleuses/377782
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Une réflexion pertinente sur la guerre, sur les guerres,
accompagnée d'une maîtrise magistrale des aquarelles
Cela faisait longtemps que je n'avais éprouvé cet "extase visuel"
comme je l'ai ressenti avec le "Dracula" de John J Muth (un de ses maîtres à penser)
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