Je me croyais absolument délivré des faiblesses de l'amour.
Donnez-moi un amant qui n'entre point aveuglément dans tous les caprices d'une maîtresse adorée, et je conviendrai que j'eus tort de céder si facilement. (p.227, Le Livre de Poche)
Quel passage, en effet, de la situation tranquille où j'avais été, aux mouvements tumultueux que je sentais renaître ! J'en étais épouvanté. Je frémissais comme il arrive lorsqu'on se trouve la nuit dans une campagne écartée : on se croit transporté dans un nouvel ordre des choses ; on y est saisi d'une horreur secrète, dont on ne se remet qu'après avoir considéré longtemps tous les environs. (p.124-125, Le Livre de Poche)
Il est sûr que, du naturel tendre et constant dont je suis, j'étais heureux pour toute ma vie, si Manon m'eût été fidèle. Plus je la connaissais, plus je découvrais en elle de nouvelles qualités aimables. Son esprit, son cœur, sa douceur et sa beauté formaient une chaîne si forte et si charmante, que j'aurais mis tout mon bonheur à n'en sortir jamais. Terrible changement ! Ce qui fait mon désespoir a pu faire ma félicité. Je me trouve le plus malheureux de tous les hommes, par cette même constance dont je devais attendre le plus doux de tous les sorts, et les plus parfaites récompenses de l'amour. (p.99, Le Livre de Poche)
Le commun des hommes n’est sensible qu’à cinq ou six passions, dans le cercle desquelles leur vie se passe et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez leur l’amour et la haine, le plaisir et la douleur, l’espérance et la crainte, ils ne se sentent plus rien.
J'étais presque sûr que mon père ne ferait pas de difficulté de me donner de quoi vivre honorablement à Paris, parce qu'étant dans ma vingtième année j'entrais en droit d'exiger ma part du bien de ma mère.
Et puis, tu es une chimiste admirable, ajoutai-je en l'embrassant, tu transformes tout en or.
Aussi mépriserais-je tous les empires du monde, lui répondis-je, pour m'assurer le bonheur d'être aimé d'elle.
Mon coeur s'ouvrit à milles sentiments de plaisir, dont je n'avais jamais eu l'idée. Une douce chaleur se répandit dans toutes mes veines. J'étais dans une espèce de transport, qui m'ôta pour quelque temps la liberté de la voix, et qui ne s'exprimait que par mes yeux.
Manon était passionnée par le plaisir, je l'étais pour elle