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4,01

sur 794 notes
Fragment monumental de la Recherche du temps perdu, Un amour de Swann se remarque par son côté continu: en effet, c'est un pavé de 250 pages qui nous est offert; sans aucune délimitation par de quelconques chapitres ou parties. Cela ajouté au style expansif de Proust (les phrases sont incommensurables!) rend le roman lourd à avaler en une seule fois; et le manque de coupure nette rend une lecture entrecoupée ardue...
Si l'écriture ne souffre de peu de défauts, il est dommage de se farcir un roman de 250 pages où le héros perd son temps...
Le côté étude psychologique séduira sûrement plus que les véritables actions des protagonistes.
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J'ai aimé les thèmes abordés. L'amour, tel qu'il est conçu, est un accident. Au début indifférent, Charles devient vite obsessif à l'égard d'Odette et l'amour se transforme en une souffrance. La manière dont l'art et surtout la musique se mêle au tout sert à la fois à la beauté du texte et à son sens. le leitmotiv de la phrase musicale de la sonate a un point culminant avec deux êtres qui sont incapables de se parler par “des mots humains” (p. 283), les laissant seuls avec les souvenirs laissés par la musique.

J'ai relevé un aspect du style de Proust que j'apprécie beaucoup. L'auteur arrive à insérer des expressions appartenant aux personnages par guillemets qui tranchent bien avec une narration très recentrée autour de Charles Swann et de longues périodes. Ainsi, nous avons un aperçu du langage bourgeois, de l'intériorité d'autres personnages qui arrivent par “coups de pinceau” dans la vie de Charles Swann.

Toutefois, les périodes sont difficiles à suivre, même si on en comprend la pertinence. J'ai rencontré des difficulté et mon envie de poursuivre la lecture a parfois était épuisée. C'est dommage car nous rencontrons de belles descriptions par moment.
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Voilà un des rares passages de la Recherche écrit à la troisième personne et qui permet au narrateur de prendre toutes les distances nécessaires, d'intégrer un groupe, de le quitter ; groupes dans, et autour desquels s'intègrent ou gravitent Swann, ami de la famille du narrateur déjà cité dans «Combray» et Odette de Crécy dont celui-ci est épris.

Swann rencontre Odette par l'entremise des Verdurin, famille de la haute bourgeoisie dominée par le caractère haut en couleurs et délicieusement comique de Mme Verdurin, mélange de vernis social et de culture minimum mais qui s'entoure d'une compagnie d'artistes, peintre et musicien, d'un médecin et d'autres personnages qui se croisent. le fameux «clan des Verdurin», au début du roman, dans lequel il est, paraît-il, difficile de s'intégrer, présente une sorte de casting, la toile de fond sur laquelle va s'inscrire l'idylle Swann-Odette.

L'amour qu'éprouve Swann pour Odette, lui, s'intègre dans un syncrétisme de sensations tout baudelairien (formes couleurs, parfums et sons) notamment à l'écoute de la fameuse sonate du musicien Vinteuil, sensations auxquelles se surimpose l'image d'Odette. On pense aussi à Baudelaire dans cette analyse clinique de l'amour, lorsqu'il assimile le couple à une opération chirurgicale où il y a le chirurgien et l'opéré. (Fusées 4) La moindre preuve d'amour est pour Swann un objet d'enthousiasme tout comme le moindre soupçon devient une souffrance profonde. Bref c'est l'éternelle ambivalence du «fuis-moi, je te suis ; suis-moi, je te fuis.»

L'art de Proust ici est d'associer les pensées de Swann comme un dévidoir de l'amour d'Odette où le sentiment se défait peu à peu, d'établir un parallèle subtil entre la disgrâce de Swann chez les Verdurin avec sa recherche obstinée d'Odette qui le fuit d'autant plus tout en intégrant, en filigrane, par l'entremise d'un rêve de Swann où apparaît un jeune homme inconnu, l'homosexualité latente du personnage. le jeu du narrateur, changeant sans cesse de point de vue – d'où l'utilisation de la troisième personne – lui permet de passer de l'humour distancié (les goûts et réflexions de Mme Verdurin), au mépris de Swann pour cette bourgeoisie dont il a besoin pour arriver à ses fins, tout comme l'auteur fréquentait ce monde pour amener de l'eau à son moulin littéraire.

de même, Proust, tributaire de son époque et des balbutiements de la psychanalyse, introduit plusieurs rêves freudiens à la fois révélateurs de la personnalité qu'il veut complexe de Swann et incarnant la schizophrénie du romancier, car le rêve distribue et crée des personnages réels (Napoléon III à la fin) et imaginaires (le jeune homme inconnu et d'autres personnages de cette diégèse.) Excusez le jargon … :
« Ainsi Swann se parlait-il à lui-même, car le jeune homme qu'il n'avait pu identifier d'abord était aussi lui ; comme certains romanciers, il avait distribué sa personnalité à deux personnages, celui qui faisait le rêve et un qu'il voyait devant lui coiffé d'un fez. »(303)

M'est avis que ce jeune homme va se retrouver plus loin dans la recherche.

Ce sera à suivre avec ô combien de délices encore.
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A LIRE MOT PAR MOT EN SUIVANT LE RYTHME PROPRE A MARCEL PROUST POUR MOI LIVRE ET RESSENTI FANTASTIQUES
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Heuet Stéphane (adaptation et dessins), Marcel Proust – A la recherche du temps perdu [adaptation en bande dessinée] – éd. Delcourt, 1998-2013 – format 32x23cm
2 - "[Du côté de chez Swann] Un amour de Swann, volume 1" – Delcourt, 2006 (ISBN 2-84789-321-0)

D'un point de vue éditorial : les six volumes en ma possession furent publié entre 1998 et 2013, dans un désordre anarchique surprenant et sans rappeler sur la page de couverture les titres intermédiaires : le premier volume s'intitulait ainsi tout bonnement "Combray" (sans rappel de l'intertitre "Du côté de chez Swann") et fut publié en 1998, alors que les deux volumes d'Un amour de Swann (sans rappel de l'intertitre "Du côté de chez Swann") furent publiés en 2006 et 2008 ; le volume "Nom de pays : le nom" fut publié en 2013, en rappelant l'intertitre "Du côté de chez Swann". Les volumes "à l'ombre des jeunes filles en fleurs"furent publiés en 2000 et 2002, sans mentionner la moindre tomaison sur le premier...
Pour les non spécialistes de Proust, ceci entraînait une incompréhension fort compréhensible, pour les spécialistes de Proust, ceci représentait une incohérence amenant à se poser moult questions sur le sérieux de cette entreprise.

Le texte lui-même : les planches comprennent de nombreux bandeaux hors dessins, qui sont en fait largement repris textuellement de l'original, ce qui respecte certes l'écrit proustien, mais ne s'avère guère approprié au rythme d'une bande dessinée. Cette remarque vaut également pour les dialogues. Finalement,il ne s'agit pas d'une adaptation mais d'un découpage effectué en piochant ça et là...

Les dessins : ils ne sont pas hors de propos, le dessinateur a fort probablement bien étudié son sujet pour ne produire que des représentations largement crédibles historiquement (un puriste y trouvera sans doute quelques invraisemblances en scrutant attentivement, mais bon...). Il va de soi cependant que cette mise en figures des personnages implique forcément une réduction drastique des possibles suscités par la lecture de l'oeuvre originale.

Grosso modo, il s'agit d'une des interprétations possibles du texte proustien, mais qui réduit évidemment le champ interprétatif de l'imaginaire suscité par la lecture du texte original qui contient déjà en lui-même les allusions visuelles que l'auteur souhaita y inclure. Il est fort peu souhaitable d'aborder l'oeuvre par ce biais, car le néophyte aurait bien du mal par la suite à laisser vagabonder son imagination.

En tant que lecteur assidu de "La recherche", je n'accorde finalement qu'un intérêt fort mince à cette entreprise, tout en reconnaissant qu'elle a du représenter un travail imposant pour Stéphane Heuet.
L'un des intérêts majeurs de l'oeuvre proustienne réside précisément dans le déploiement inégalé de la puissance d'évocation des mots, de la langue, qui est ici irrémédiablement enfermé dans les limites d'une interprétation particulière.
Les adaptations cinématographiques échouent sur ce même écueil...
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Ce livre me fera définitivement détester Proust ...
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Je sais que c'est un classique et que tout étudiant en littérature française se doit de lire et d'aimer cette oeuvre, mais pour moi, ce n'est que le délire nombriliste d'un auteur qui adore ralentir le temps et qui déteste la ponctuation.
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Excelletn plein de finesse psychologique
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Voila longtemps que je voulais lire quelque chose de Proust. Bien que la plupart des lecteurs (qu'ils aiment ou non) avancent que la lecture soit particulièrement difficile, je n'ai pas trouvé spécialement. Evidemment les phrases sont longues et le style parfois alambiqué mais cela reste accessible et très plaisant, les lignes coules. Un amour de Swann est une partie de l'emblématique du Côté de chez Swann, idéal pour se familiariser avec le style de Proust et pour savoir si c'est le moment opportun pour lire plus de son oeuvre. Pour ma part c'est un grand oui, ce roman m'a fortement donné envie de lire À la recherche du temps perdu en intégralité ! Je recommande pour les curieux, n'ayez pas peur.
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L'amour rend aveugle.

Swann se trouve à aimer éperdument Odette, une jeune femme qui, au premier abord, ne possède pas les traits et les caractéristiques des femmes qui l'envoutent en temps normal. Cet amour va lui faire oublier, progressivement, sa manière de vivre. Il va vivre pour elle. Il va se transformer et chercher à être l'unique, jusqu'à en devenir maladivement jaloux.

Swann devient touchant au fur et à mesure qu'on avance dans l'oeuvre. Les mots qu'ils emploient, son aveuglement et les regards que les autres lui portent, donnent aux lecteurs envie de l'aider. "On ne veut pas qu'il se noie", même si cela semble inévitable.

Marcel Proust nous entraine, à travers ses longues phrases, dans un étrange roman d'amour. Même si j'ai deviné la fin très vite, j'ai eu un grand plaisir à lire mon premier roman de cet auteur.
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