Vivre à en mourir

On ne peut qu'être saisi d'un immense respect quand on lit ou relit tout ou partie de l'existence du groupe de résistants de Missak Manoukian. Dans ce récit, Jeanne Puchot prend le parti de raconter l'adhésion et l'action de Marcel Rayman. Avec son frère Simon, ils multiplient les petits actes d'opposition comme taguer une affiche pro-allemande mais sans aller plus loin. le quotidien des juifs est étouffant et c'est la dimension qui est la mieux rendue dans la BD. Toutes ces interdictions stupéfiantes - comme l'impossibilité pour un juif d'aller à la piscine - minent la vie des familles juives n'imaginant pas un instant que le pire est encore à venir. Maurice le père reste confiant et essaie de rassurer sa famille mais, il va finalement être le premier à être enlevé par la police de Vichy. C'est le déclencheur pour que Marcel adhère au groupe de résistants des Francs-Tireurs et Partisan – Main d'oeuvre Immigrée, soutenu par son son frère. le récit est prenant, on sent se transformer l'incompréhension de Marcel en colère puis en haine de l'occupant. Cependant, la psychologie des personnages reste sommaire et je ne sais pas si un lecteur ignorant tout de cette partie de l'histoire arriverait à comprendre qui est ce groupe nommée par les allemands « L'armée du crime ». Cependant, la reproduction en pleine page de très expressives d'affiches de propagande antisémite resitue sans commentaire inutile l'horreur ordinaire du discours paranoïaque du gouvernement de Vichy. Face à cette folie institutionnelle, ce groupe d'hommes et de femmes qui ont entre 17 et 37 ans vont mener des actions spectaculaires dont l'exécution d'un général allemand. Dénoncés, ils vont être fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien. Les allemands, pour l'occasion fabriquent la fameuse « affiche rouge » visant à dénigrer ces résistants, elle va avoir l'effet inverse suscitant admiration et adhésion. Aujourd'hui encore, cette affiche provoque une immense émotion, sa force d'expression reste intacte, la couverture de la BD reprend d'ailleurs le très beau visage de Marcel Rayman tel qu'il était sur cette affiche.

L'affiche rouge, devenue le symbole de la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale, je l'ai étudié en cours d'histoire et aussi en cours de littérature grâce au sublime poème "Strophes pour se souvenir" de Louis Aragon. D'ailleurs, je ne résiste pas l'envie de vous en mettre un extrait :

"Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants"

Revenons à la BD, qui intéresse plus particulièrement au destin de Marcel Rayman, un juif polonais. Voyant sa famille, ses amis et son entourage être victime de l'injustice et d'arrestation, il décide de s'engager dans un groupe de résistants auprès de Missak Manouchian.
Une BD qui nous apporte un éclairage sur les actions de la résistance et sur la propagande qui été diffusée dans les rues françaises. le tout avec un dessin soigné. Cependant, les expressions des personnages ne sont pas assez marquées et l'on manque d'empathie pour eux. Dommage.

Le 21 février 1944, Marcel Rayman est fusillé par les allemands avec 22 autres résistants, tous issus de la FTP-MOI, organisée en groupes armés dans la région parisienne. Quelques jours plus tard les Allemands tentent une opération de propagande en placardant sur les murs une affiche désignant ceux qu'elle a assassiné comme "l'armée du crime", le visage de Marcel Rayman y figure. En février 1944, cette opération échoue, la résistance a déjà gagné l'adhésion de la population. L'Affiche rouge restera le symbole de la résistance dans son unité, à travers l'engagement et le sacrifice de ces travailleurs immigrés.
La BD de Jeanne Puchot fait revivre au lecteur, l'itinéraire de Marcel Rayman dans cet engagement. Elle s'appuie sur le récit de Simon son frère, qui est le seul de la famille à survivre à la déportation.
Dans cette BD au dessin clair, au texte précis, la réalité de la FTP-MOI reste peu explicite et les figures principales du récit manquent de profondeur dans leur identification.
Le livre n'en a pas moins l'immense mérite de rendre accessible une réalité encore trop peu connue, elle complète donc de façon efficace des cours d'histoire sur la période, à destination du public scolaire.
Dans ces temps de naufrage de milliers d'immigrants en Méditerranée et dans la Manche, il a aussi le mérite de démontrer que ceux qui viennent d'ailleurs ont pu au péril de leur vie, faire la preuve de leur attachement aux fondements de la démocratie.

Je suis toujours preneur lorsque je lis des bds nous contant les actions de résistance durant l'occupation de la France par les nazis. Il y avait des personnes très courageuses qui se sont battues contre l'envahisseur et qui l'ont payé de leur vie pendant que d'autres collaboraient en déportant des juifs par exemple. Ceux qui réhabilitent le maréchal Pétain ne trouvent pas grâce à mes yeux. Je déteste les lâches, c'est comme cela.

Les résistants étaient composés de juifs, d'arméniens, de communistes de toutes nationalités. On se penchera surtout sur le destin de Marcel Rayman, un juif d'origine polonaise qui prendra les armes auprès de Missak Manoukian et d'autres résistants. Les allemands les ont arrêtés et les ont traités de terroristes sur une affiche rouge. Certes, ces actes de terreur visaient à créer la peur chez l'ennemi. On aura un aperçu de la condition des juifs dans cette France de l'occupation qui multipliait les rafles.

J'ai trouvé que le récit manquait un peu de cohérence sur ce qui a motivé Lucienne à trahir ce groupe de résistants ou comment ils fonctionnaient. Par ailleurs, le dessin reste trop minimaliste. Les détails manquent cruellement. Sur la forme, cela ne sera guère reluisant. Oui, c'est un peu froid.

Maintenant, à une époque où l'on oublie facilement, où l'on minimise (ce n'est qu'un détail de l'histoire) et où les extrêmes se développent, il est bon de se rappeler qui étaient les véritables patriotes et quelle a été la vie de la France sous l'occupation d'une nation fascisante.

Roman graphique retraçant la courte vie de Marcel Rayman, juif polonais qui a rejoint les rangs de la Résistance dans le groupe de Missak Manouchian et figurant sur l'affiche rouge et qui a été fusillé à 20 ans.
On découvre comment il est arrivé dans la résistance, pourquoi, la vie de sa famille, leur déportation. Comment devient on résistant quand on a 18 ou 20 ans.
Les dessins sont clairs, parlants et vivants. Une autre manière de présenter la persécution juive et les mouvements de résistance.
Lien : http://mumudanslebocage.cana..