Citations sur À la croisée des mondes, tome 1 : Les royaumes du Nord (168)
- Tel est le devoir des gens âgés, dit le Bibliothécaire. Se faire du souci pour les jeunes. Et le devoir des jeunes est de railler l'inquiétude des vieux.
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Dès qu’ils voient une chose, les êtres humains ne peuvent s’empêcher de la détruire.
Les sorcières parlent de cette enfant depuis des siècles, expliqua le consul. Comme elles vivent tout prêt de l'endroit où le voile entre les mondes est le plus fin, elles entendent parfois des murmures éternels, par les voix de ces êtres qui passent d'un monde à l'autre. Et elles parlent d'une enfant comme celle ci, dotée d'un grand destin qui ne peut être accompli qu'alleurs, pas sur cette terre, mais bien plus loin. Sans cette enfant, nous mourrons tous. Mais elle doit accomplir ce destin sans en avoir conscience, car seule son ignorance peut nous sauver. Vous comprenez ?
La lune s'était couchée entre-temps, et le ciel, au sud, était d'un noir absolu, malgré les milliards d'étoiles qui le parsemaient, tels des diamants sur un drap de velours.
Lord Asriel était un homme de grande taille, avec de larges épaules, au visage sombre et féroce, et des yeux pétillants dans lesquels semblait étinceler un rire primitif. C'était le visage d'un homme fait pour dominer ou être combattu, en aucun cas celui de quelqu'un que l'on pouvait traiter avec condescendance ou pitié. Les mouvements de son corps étaient amples, parfaitement équilibrés comme ceux d'un fauve, et, quand il pénétrait dans une pièce comme celle-ci, on aurait dit un animal sauvage enfermé dans une cage trop petite pour lui.
- Je vois. Donc, tu te promènes sur tous les toits...
- Non, pas tous. On ne peut pas grimper sur le Bâtiment Sheldon, parce qu'il faudrait sauter de la Tour des Pèlerins, au-dessus du vide. Il y a bien une lucarne qui donne sur le toit, mais malheureusement, je suis trop petite pour l'atteindre.
- Tu es donc montée sur tous les toits, sauf sur celui du Bâtiment Sheldon.
Vous parlez de destin comme s'il s'agissait d'une chose immuable. Or, je ne suis pas sûre d'aimer cette idée, pas plus que le fait de me retrouver enrôlé dans une guerre que je ne comprends pas. Où est ma liberté dans tout ça, je vous prie ?
Nous sommes tous soumis au destin, mais nous sommes obligés de faire comme si de rien n'était, répondit la sorcière, pour ne pas mourir de désespoir.
Pantalaimon cracha doucement, mais le daemon de John Faa quitta le dossier de la chaise et vola vers eux en agitant ses grandes ailes noires, non pas de manière menaçante, mais plutôt pour rappeler les bonnes manières. Lyra tourna les talons, tandis que le corbeau planait au-dessus de la tête. La porte se referma derrière elle avec un petit claquement inflexible.
- On ira quand même, dit-elle à Pantalaimon. Qu'ils essaient donc de nous en empêcher! On va voir ce qu'on va voir.
Comme elles vivent tout prêt de l'endroit où le voile entre les mondes est le plus fin, elles entendent parfois des murmures éternels, par les voix de ces êtres qui passent d'un monde à l'autre. Et elles parlent d'une enfant comme celle ci, dotée d'un grand destin qui ne peut être accompli qu'alleurs, pas sur cette terre, mais bien plus loin.