Le monde est plein de ces petites choses : vieilles cartes postales, programmes de théâtre, publicités pour équiper votre cave contre les bombes, cartes de voeux, albums photos, catalogues d'agences de voyages, modes d'mploi pour outillage, plans, brochures, horaires de train, menus échappés de paquebots depuis longtemps disparus ; toutes sortes de choses qui autrefois avaient une fonction précise, une utilité certaine. Mais qui maintenant sont séparées des objets ou des gens à qui elles servaient.
Elles nous viennent de partout. D'autres mondes, pourquoi pas
- Au fait, monsieur Makepeace, vous transformez vraiment le plomb en or?
-Non, évidemment. Personne ne peut faire ça. Mais si les gens vous croient assez fou pour essayer, personne ne se donne la peine de chercher à savoir ce que vous faites réellement. Comme ça, vous avez la paix.
Oh, comme elle pouvait être stupide quand elle voulait être intelligente!
Mais ils avaient une vision de l'univers qui ne tenait pas debout, et quand une meilleure théorie est apparue, la structure qui maintenait leurs idées en place s'est écroulée.
-Peut-être que ça ne veut rien dire.
-Chaque chose a une signification, déclara Lyra d'un ton sévère. Il suffit de savoir comment l'interpréter.
peut-être le futur influence-t-il le passé d'une manière qui nous est inconnue
Quand elle s'allongeait sur la couverture de plomb, nul ne pouvait plus la voir, à part les oiseaux qui volaient dans le ciel.
- Le seul Makepeace dont j'aie jamais entendu parler est un gars prénommé Sébastien, dit-il en feuilletant des papiers. Il était Érudit à Merlon, jusqu'à ce qu'il devienne fou. Je ne sais pas comment ils ont fait pour s'en rendre compte là-bas. Il se consacrait à l'alchimie, à notre époque! Il passe son temps à transformer du plomb en or; du moins, il essaie. On le voit parfois à Bodley. Il parle tout seul; ils sont obligés de le mettre dehors, mais il se laisse faire sans protester. Son daemon est une chatte noire.
(...)
Le daemon de Miss Greenwood, un oustiti perché sur le dossier de sa chaise, dit:
-Makepeace. Voilà comment il s'appelait.
-Évidemment! Je savais bien que c'était ironique, ce nom.
-Pourquoi? demande Lyra.
-Parce qu'il avait la réputation d'être très violent. Il a été jugé pour une histoire de meurtre, je crois, et il a été acquitté, si ma mémoire est bonne. Il y a des années de cela.
Tu découvriras la clé de cette énigme si tu la cherches.
Le visage de la sorcière n'avait presque plus rien d'humain: c'était un masque de folie et de haine, si déterminé que la jeune fille tremblait rien qu'à le regarder.