Elle ne se berçait plus d'aucune illusion en faveur de son mari mais ne pouvait se désaccoutumer d'être à lui.
A l'époque il neigeait.
Une nuit tu es sortie sous la neige, du fond du jardin tu volais pieds nus à ma rencontre, on aurait dit une elfe, une fadette habillée d'un rien translucide, et tu t'es jetée dans mes bras, jamais je n'ai vu une femme plus belle et plus épanouie d'amour qu'à cet instant là.
Quand les poissons voient les pieds nus d'une petite fille en train de nager, ils viennent leur accrocher des bulles aux doigts de pieds. Ce sont des accrocheurs de bulles et les orteils deviennent légers comme des notes de piano.
Chez eux vit aussi Maria, leur nièce. A neuf ans, sait dresser les tables et nettoyer les poissons. Elle est grande, les yeux noirs, une enfant silencieuse un peu sauvage et bohémienne. Elle tire volontiers la langue aux touristes et va pieds nus l'été.
En relevant les yeux Francis aperçut Mimi, très loin, dans un tremblement d'un mirage. Elle courait vers lui, boitillante, un pied nu, l'autre chaussé d'une petite sandale...
.Elle est douée Marianne, elle voit vraiment des choses qui m’échappent. Sa femme l'avait pris à part avant qu'il ne sorte." Francis, je ne crois pas une seconde à ton histoire de régisseur et d’éclairage ,- Ah bon pourquoi ?- Lorsque tu mens, ton oreille gauche rougit.- N'importe quoi ! avait-il voulu fanfaronner.
Ou allons nous, nous les menteurs, si les oreilles nous font le coup du papier tournesol....Prenez une oreille, trempez la dans un mensonge; elle rougit. La prochaine fois je mettrais un passe- montagne se sera plus prudent ..." page 122
Je voudrais revoir mes mains. Elles m'ont accompagné si longtemps. Montrez-les moi par pitié. mes mains pourraient dire, elles, que je n'étais qu'enfance, indicible amour, elle se souviendront bien après moi de toutes mes folies, de tous mes rêves. Elles iront voir ma mère au lavoir des Trois-Sources, elles reverront mes premiers visages, elles reconnaîtront tous ces gens que j'ai la faiblesse d'oublier, de perdre, et qui sont peut-être moi. Tant de souvenirs, tant d'espoirs, mes mains les caresseront encore... Armelle, Anna, Mimi, Maria, Thomas, vous êtes là n'est-ce pas, vous m'écoutez, je suis le fils de la Durolle, un petit garçon nommé Francis, nommé Thomas... Je te parlerai mon Thomas, je vous consolerai, tous mes enfants, vous mes amours, mes adieux, mes roseaux je vous dirai mes enfants.