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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout d'abord , grand , très grand merci aux Éditions Plon et à toute l'équipe de Babelio grâce à qui j'ai pu découvrir ce roman dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée.
Ce qui est formidable , dans la lecture , c'est de pouvoir se trouver un jour de 2020 , à Noël , dans l'est glacial de l'Islande et , le lendemain , en 1915 , à Albert dans la Somme puis Suippes , dans la Marne , sur le front d'une guerre meurtrière...Incroyable , mais vrai , nous voici mutés avec Léon Cognard , lieutenant de gendarmerie pour prendre le commandement d'une prévôté de division d'infanterie . Les fantassins en première ligne et les " empêcheurs de tourner en rond ", les gendarmes , " planqués " juste derrière....Relations difficiles , tendues voire plus entre les deux corps ......" C'est pas de la haine , mais ça viendra " ....
le personnage de Cognard va occuper une " grande partie de l'espace " tout au long du roman et devra affronter bien des obstacles pour effectuer ses missions et imposer ses convictions . C'est qu'il n'est pas banal , le lieutenant , jugez- en , je cite :
" Si n'être pas comme tout le monde , et ne pas faire comme tout le monde , c'était être un drôle d'oiseau , un "emmerdeur" , alors oui , il l'était .
Il avait " emmerdé " son père,
Il avait "emmerdé " ses professeurs .
Il avait" emmerdé " les surveillants généraux successifs de l'internat , presque tous , sans exception ,
A peine s'était- il engagé qu'il avait aussi " emmerdé " ses supérieurs, et volontiers ses subalternes aussi , bien qu'un peu moins , généralement.
Et le pire , c'est qu'il ne voulait pas les " emmerder " . Mais c'était plus fort que lui : il "emmerdait " le monde malgré lui .
Il en avait une conscience aiguë, mais pour que ce fut tenable , il n'avait pas eu le choix : il était devenu sûr de lui .Même quand il ne l'était pas , il devait montrer qu'il l'était, envers et contre tous ." ( p205)
Avec ses supérieurs militaires , pas de " quartier " . Ils le lui rendent bien...
Avec ses hommes par contre ... Pas d'ami plus fidèle que le " tripleficelle " Bellec. Quant au maréchal des logis à cheval Jouannic , ce sera une autre " paire de manche " ....
Voilà pour les hommes . Pour le contexte , c'est le front ou plutôt la ligne " juste derrière le front " celle où les gendarmes font tout ( mais vraiment tout ) le sale boulot . L'auteur a travaillé son sujet et ce roman " grouille " de renseignements plus intéressants les uns que les autres . Pourtant , ne nous méprenons pas , son principal talent a été d'éluder habilement toutes les scènes de combat , vues et revues , pour se focaliser sur la vie des gendarmes et leurs relations avec leur autorité de tutelle , cette " grande muette " qui , non seulement ne les respecte pas mais les méprise au plus haut point . Et ce n'est pas le " décès suspect " d'un officier et d'un soldat qui vont calmer les esprits , loin de là .
Dans ce récit passionnant , fort bien écrit, au phrasé et au lexique impeccables , drôle, tragique , on découvre, on apprend , on s'incruste , on réfléchit au poids de la vie , à l'absurdité de la vanité humaine , au besoin et à l'exercice du pouvoir tout puissant d'hommes envers d'autres hommes , à la soumission servile ou à la rébellion.
Ce récit est " plein " de messages , de références culturelles , c'est un récit, et j'insiste , ce n'est pas un énième récit de la première guerre mondiale avec toutes ses horreurs , ce n'est pas la description d'une " boucherie humaine ", non , c'est un roman vraiment plaisant , jamais ennuyeux , encore moins glauque . C'est un bel hommage au rôle si décrié des gendarmes à cette époque , une vraie belle réussite , selon moi , récompensée par le " prix du roman de la gendarmerie 2021 " . Pas un hasard quand on consulte la composition du jury .
Dans ce roman , vous allez vibrer en suivant un EMMERDEUR mais , ce qui est certain , c'est que vous ne vous EMMERDEREZ pas . Je vous l'avoue , j'ai lu ce livre , que dis - je , je l'ai dévoré en moins de ...24 heures ...
Je ne sais pas si vous voudrez " monter au front " avec le prévôt Léon Cognard , mais si vous le suivez , attendez- vous à " affronter des turbulences " , il ne vit que pour ça, il adore ça et , comme la regrettée Annie Cordy , il s'excusera d'un irrésistible " j'peux pas m'en empêcher " ....( clin d'oeil aux amies et amis belges ) ....Il vous l'a dit " c'est un EMMERDEUR" !!! ( 2eme clin d'oeil aux amies et amis belges et au " Grand Jacques "). Et maintenant , pour moi , " Au suivant "....
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Instructif et immersif . Passionnant.

Nous sommes en 1915. La première guerre mondiale bat son plein, avec son lot de braves, mais un soldat sur le front, en rotation, sans règles… Alors la prévôtale veille au grain, mal aimée, conspuée, mais indispensable. Cognard, lieutenant de gendarmerie prend son poste. Et entre passe-droits, soûlards et enquête judiciaire, il aura fort à faire.

Le personnage de Cognard est assez jubilatoire, doté d'une verve, qui lui vaudra bien des ennuis d'ailleurs, et d'un entregent à géométrie variable.
L'atmosphère reste assez légère, essentiellement grâce au personnage principal, malgré la violence des combats et la noirceur théorique du propos.
Le récit est précis, réaliste, et le soin du détail apporté par l'auteur, entre anecdotes historiques et notes en bas de page amène encore de la crédibilité.
L'intrigue principale, que serait un bon polar historique sans une bonne enquête judiciaire, arrive un petit peu tard dans le récit, mais les bases posées sont solides et pallient efficacement.

Un polar, un pan de l'histoire, la gendarmerie prévôtale pendant la première guerre mondiale, assez méconnue du profane, à découvrir absolument.
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.
Une immersion dans l'horreur des tranchées en 1915 , vous conviendrez qu'en ce moment on peut imaginer un meilleur divertissement .
Mais , c'est sans compter sur la personnalité atypique du lieutenant de gendarmerie Cognard qui va , tambour battant , mener un combat contre " la bêtise bureaucratique de l'armée française " entre autres .

Armé de ses certitudes , justicier dans l'âme , il devra se battre pour humaniser ses troupes . Mais , fort de sa réputation " d'emmerdeur " , il va bien sûr sortir des sentiers battus .
Cognard est un grand échalas , son cheval fantasque s'appelle Rossinante et son sous -fifre est petit et replet . Face à eux , point de moulins mais "la grande muette ". le parallèle s'arrêtera-t-il là ?

Notre Don Quichotte est cependant tout sauf un doux rêveur . Il porte à lui seul ce roman didactique .
Un personnage intelligent , attachant car sensible et humain .
A travers ses mésaventures , l'auteur offre une documentation très fouillée et précise du rôle de la gendarmerie lors de cette première guerre mondiale aux côtés des troupes au front .

Malgré la gravité du sujet , le récit est souvent émaillé d'humour . Pas toujours spirituel certes , un peu balourd aussi parfois , mais j'avoue avoir goûté quelques sarcasmes bien placés ou des comiques de situation .
Et , la personnalité du cheval vaut le détour : irrésistible le bestiau !

Il y a une intrigue . Pourtant , il ne m'a pas semblé qu'elle constituait l'élément essentiel du roman .
Certes , elle étaie les tribulations des héros mais l'intérêt majeur de cette lecture reste pour moi un document historique , et là , je salue le travail d'investigation de l'auteur . Et cette présentation pour le moins inattendue , cocasse ou parfois même bien déjantée allège un peu la gravité du sujet tout en permettant un devoir de mémoire .

Un bon moment de lecture dans le cadre de M C Privilégiée .
C 'est donc avec plaisir que je remercie les éditions Plon , Mélanie pour son petit mot sympa et l'équipe de Babelio .
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La guerre de 14-18 vue par… Un gendarme ! Drôle de point de vue ? Oui, mais très instructif et, contrairement aux apparences, très pertinent. Patrice Quélard ne nous livre pas un énième roman de guerre. Il nous apporte un regard neuf : Celui d'un « immortel », le Gendarme Cognard. Parmi les militaires, les gendarmes ont un statut particulier : Ils ne sont pas envoyés dans les tranchées avec les soldats. Cela leur vaut le surnom d'immortels de la part de ces derniers, une insulte envers « les planqués », qui se prétendent militaires mais ne vont pas au front, tuer et se faire tuer.


« Place aux immortels ! (…) Cette mordante épigramme était répétée à tous les passages des gendarmes depuis Iéna. C'était parce que cette troupe d'élite, étant chargée de la police militaire du quartier impérial et de la garde des équipages de l'Empereur, ne paraissait jamais au feu. »


Alors que font-ils sur une zone de guerre ? On découvre avec Cognard, et sa facétieuse monture Rossinante, que la gendarmerie prévôtale assure des missions diverses d'intendance, telles qu'assurer le ravitaillement en contrôlant le trafic routier, surveiller les prisonniers de guerre, faire la police militaire en ramenant les déserteurs, empêchant les bagarres de rues, surveillant les débits de boissons et le comportement des troupes hors des casernes, etc… Missions qui, s'ajoutant à leur réputation de « planqués », n'a rien pour les rendre sympathiques aux yeux des soldats qu'ils sanctionnent.


« - Ah, Madame Dacheux, cette flamiche, quel délice ! Vous êtes une mère pour nous ! s'exclama le gendarme Flohic.
- Tu t'tais don, éj sus pas tin mère ! Si min t'chiot i savot qu'éj foaisais à minger à ches gindèrmes, i m'pèrleroait pu ! »


Pourtant, en tant que lecteur, on adore Cognard : Il est cultivé, a de l'humour, de la répartie, des valeurs et plein de bon sens. Une intervention courageuse lors d'une explosion d'obus lui vaut le respect définitif de ses hommes. Seulement voilà, il est zélé, Cognard, à cheval sur ses principes, et dévoué à sa formation de base : la gendarmerie mobile, les enquêtes criminelles. Alors lorsqu'un suicide étrange s'invite au sein d'un régiment, son instinct de « cogne » reprend le dessus. Ce sera le début de ses vrais ennuis, et l'apparition d'une question de conscience, qui taraudera également le lecteur…


« La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique ».


Une lecture précisément documentée que l'auteur a su romancer à la perfection, trouvant l'équilibre entre légèreté de l'humour et profondeur des tranchées. Les personnages sont bien campés, les dialogues au poil, le rythme régulier et allant. Un roman qui se lit tout seul !
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En primant Place aux Immortelles, lors de la première édition du Prix du roman de la Gendarmerie nationale, le Jury, composite mais émérite, ne s'est pas trompé en distinguant ce roman qui met à l'honneur de façon réaliste et historique la Gendarmerie.
Si l'intrigue repose sur des fait qui ont, plus d'une fois, inspirés romanciers et cinéastes, la mise en scène d'une prévôté de division d'infanterie lors de la Première Guerre mondiale est originale. La ville d'Albert au nord-est du département de la Somme où se déroulèrent de terribles combats (elle fut, plus tard, décorée de la Croix de guerre 1914-1918,  et de la Légion d'honneur ) sert de décor pour une bonne partie du roman, ainsi nous pouvons côtoyer, avec grand plaisir , des Picards et retrouver certaines expressions savoureuses qui ponctuent leurs conversations. Grâce à eux, je viens de découvrir que le mot mot "ch'ti" ou "ch'timi" aurait été inventé lors de ce premier conflit mondial par des Poilus originaires d'autres contrées afin de désigner leurs camarades nordistes. - Ce mot ayant créé à partir des mots démonstratifs picards "ch'est' ti" et "ch'est mi" qui signifient respectivement "c'est toi" et "c'est moi"-.
J'ai appris avec grand intérêt à travers ce roman les rouages d'une gendarmerie, j'ai découvert un vocabulaire « fleuri » qui correspond si bien aux hommes qui évoluent dans ce roman. Mais j'y ai trouvé aussi des termes techniques que j'ignorais et j'ai aimé approfondir cette lecture en allant quérir d'autres informations en lien avec cette histoire ( Faits historiques, rôle de la gendarmerie en temps de guerre, c'est ce que j'aime avec un bon livre …)
Le personnage de Léon Cognard , pétri d'humanisme mérite sans doute de porter toutes les décorations qu'on n'a pas voulu lui décerner et qu'il n'a pas daigné réclamer. le tout fait un roman attractif, instructif, digne de ce prix.
Personnellement, j'aimerai retrouver ce personnage sous d'autres cieux. Il est attachant. Alors Monsieur Patrice Quélard, nous donnerez-vous le plaisir de remettre en selle Léon ?
Un grand merci aux Éditions Plon et à Babelio pour ce formidable roman reçu dans le cadre de la Masse critique.
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Tout a été dit déjà mais quel texte magnifique , passionnant de bout en bout , instructif , bouleversant d'humanité lu en deux jours , au regard tout à fait original à propos des rapports houleux entre l'armée et la gendarmerie pendant la grande guerre !

Un point de vue que j'ignorais .

Au printemps 1915, Léon Cognard , lieutenant de gendarmerie plutôt bourlingueur , anticonformiste, franc tireur , insolent , être au grand coeur, pétri de principes ,attachant, animé d'une grande sensibilité malgré les apparences quitte sa brigade bretonne pour rejoindre le front de Picardie , aux alentours d'Albert dans la Somme, et prendre le commandement d'une prévôté de division d'infanterie.

Coincé entre une bureaucratie tatillonne, souvent dépassée et l'incroyable hostilité légendaire des soldats du front, leur hiérarchie, à l'égard de ces « cognes, ces embusqués ces bourres » , les gendarmes ,ces planqués , qui pourtant ,taillables et corvéables à merci, se faisaient éboueurs , cantonniers, bûcherons , garde - chiourmes , Léon mènera l'enquête , confronté à un suicide suspect , allant jusqu'à braver sa hiérarchie ….

Cette affaire trouble l'entraînera dans un engrenage qui ébranlera La Grande Muette ,….
Doté d'une grande perspicacité, d'un humour dévastateur , Léon est un héros que le lecteur apprécie d'emblée …

«  le respect ne s'achète pas , il se gagne » affirmera t- il à son bras droit , le fidèle Bellec .
Ce roman historique à l'allure de polar montre que la guerre est une sale boucherie où les frontières entre les hommes s'abolissent , il n'y a plus ,au soir d'âpres combats que des blessés , mutilés , des êtres blafards , des bêtes traquées , recouvertes de sang et d'horreur , communiant dans le massacre des leurs …..d' Albert dans la Somme jusqu'à Suippes , dans la Marne .

La lecteur plonge au coeur de cette période troublée , détaillée avec minutie , riche d'écrits distillés avec équilibre, mesure et profondeur adéquates .

La narration se fait précise , les portraits des protagonistes sont saisis sur le vif, les nombreuses descriptions des champs de bataille , des carnages , des attaques , des forfaits jusqu'a la popote , de la cuisine de la mère Dacheux à celle du far breton ne manquent pas de sel , de vélocité , d'humour grinçant .

Quel Panache! .
Ce regard original nous apprend beaucoup , le style , simple , parfois haut en couleurs , proche du langage des français d'alors ajoute du piment à cet ouvrage brillant , parfaitement documenté ! .

Et quelle valeur accorder à la vérité quand seule compte la victoire ? .
Et pourquoi certains crimes devraient demeurer impunis ? .

Jacques Prévert disait «  Quelle connerie ,la guerre ! » .

Et n'oublions pas Rossinante , le cheval de Léon , haut en couleur , fort capricieux , nos animaux sont nos amis , ne le perdons surtout pas de vue !

Un grand roman passionnant de bout en bout .
Il m'a fait penser au «  Collier rouge » de Jean - Christophe Rufin qui se passe dans une petite ville du Berry en 1919 ….
«  La guerre n'avait rien d'une aventure . C'était une routine sale et avilissante , malheureusement mortelle pour beaucoup , mais une routine malgré tout » ….

«  Comme toujours , le temps de l'administration n'était pas celui des petites mains plongées dans le cambouis . En attendant d'hypothétiques jours meilleurs , il n'y avait qu'à continuer à souffrir en silence et obéir aux ordres » ….
Bravo à l'auteur que je ne connaissais pas !
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Tout d'abord merci à Babelio et les éditions PLON pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Ce roman a reçu pour sa première édition le prix littéraire de la gendarmerie nationale 2021, il donne la part belle au métier de gendarme et cela est amplement mérité : réaliste et historique.

Lorsque j'ai reçu cet opus, je me demandais comment j'allais m'en sortir sans trop de dommages…Il s'avère que j'ai reçu une sacrée compagnie dans cette prévoté de la Somme.

Nous sommes au coeur de la première guerre mondiale en 1915 qui fait ses ravages. Les gendarmes sont postés à l'arrière du feu pour faire respecter la loi, y compris sur le front. Assimilés comme des planqués, surnommés « Les cognes », ils sont un appui pour les premières lignes et contribuent à une bonne organisation militaire.

Un personnage atypique va venir éclaircir la boussole du lecteur : le Lieutenant de gendarmerie Léon Cognard débarqué de Bretagne.


Singulier, débonnaire, hors du commun, magnanime, il galvanise ses hommes avec humanité. Brillant orateur, il fait preuve d'humour et de don de lui-même pour convaincre ses troupes et n'a pas besoin de décorations militaires pour savoir s'imposer.

Le lieutenant Cognard n'est pas intimidé par une hiérarchie éloignée des combats. Il décide de mener une enquête suite à une mort suspecte d'un soldat à son insu… Cette intrigue va entraîner le lecteur dans la chasse au suspect, la loi du silence règne comme une trainée de poudre.
Qui sont les commanditaires, quelle complicité ont-ils reçu ?.
Je vous enjoins à lire cette histoire, vous n'allez pas vous ennuyer dans tout ce grabuge ordonné.
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Le fond de Place aux immortels, ce n'est pas la guerre, mais une fraternité humaine dont nous gagnerions à nous inspirer en temps de paix. Elle fait écho aux difficultés du salariat d'aujourd'hui, avec son cortège de facteurs psychosociaux au travail, en décrivant un monde où on a le droit de douter, de regretter, de s'excuser, sans être condamné. Exactement ce qui nous manque.
 
Ce livre a remporté le prix du roman de la gendarmerie : il parle donc de gendarmes, et même, il en parle pendant la première guerre mondiale, en mettant en lumière un rôle souvent méconnu (j'avoue que j'ai découvert beaucoup de choses). C'est un roman historique très documenté.⠀
 
C'est surtout le livre d'un auteur que celles et ceux qui suivent le Prix des Auteurs Inconnus connaissent déjà : il a été finaliste l'année dernière en littérature blanche avec Catharsis – Disputatio. J'ai retrouvé dans Place aux immortels la capacité de l'auteur à ressusciter un monde, qui m'avait déjà forcément impressionnée, et une dose d'humanité supplémentaire liée à la manière dont le personnage principal, Cognard, se fait accepter, reconnaître et respecter. Ainsi, je ne l'ai pas lu comme un livre sur la guerre, mais plutôt comme un roman idéaliste sur les relations au travail, aisément transposable à notre époque.
 
Patrice Quélard poursuit ainsi une oeuvre étonnamment diverse et éclectique, avec un fil conducteur : une grande humanité, une très belle plume, et un talent pour (ré)inventer le monde. Pas étonnant qu'un grand éditeur l'ait repéré !
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Tout d'abord je remercie l'équipe Babelio et les Editions PLON (plus particulièrement Mélanie) pour l'envoi de ce magnifique roman, dans le cadre de la masse critique privilégiée.
L'action se passe en 1915. le lieutenant de Gendarmerie Léon Cognard, breton d'origine, est envoyé sur le front en Picardie. Il prend le commandement d'une prévôté de division d'infanterie où il se rend sur son cheval qu'il a nommé : Rossinante.
Le combat bat son plein, cette guerre est bien sanglante et très meurtrière, les gendarmes sont considérés comme des « planqués » par les militaires qui le leur font bien sentir et n'hésitent pas à les traiter de noms d'oiseaux, ce n'est pas le grand amour entre les deux corps d'armée.
Nous faisons donc connaissance avec le Lieutenant Cognard, un bourlingueur et anticonformiste (comme le précise la quatrième de couverture), il se qualifie lui-même d'emmerdeur et n'hésite pas à se comparer à Don Quichotte ; malgré tout, s'il sort des normes, cet homme est bon et humain, il a le sens de la répartie qui met de l'animation partout où il passe.
Le suicide d'un des fantassins va bouleverser son quotidien « l'esprit » gendarme va prendre le dessus et Léon a un doute quant au décès de Guyader, il va donc mener une enquête qui ne sera pas du goût des militaires. Cognard va tout faire pour prouver qu'il s'agit d'un crime avec l'aide de « trois poils », le fidèle maréchal des logis Bellec.
La lecture de ce roman m'a réconciliée avec les romans de guerre auxquels j'avais renoncé depuis un certain temps. Il aborde cette guerre, tout d'abord en Picardie, ensuite à Suippes en Champagne, avec beaucoup de pudeur, évitant de nous plonger dans le détail des horreurs qui s'y sont déroulées. Patrice Quélard a une très belle écriture, il se lit bien, son livre est parfaitement documenté, les notes de bas de pages le prouvent. le récit, malgré le contexte, est vivant et si l'instant est dramatique, l'auteur n'hésite pas à y glisser quelques pointes d'humour (qui sont les bienvenues).
Une bien belle lecture, addictive et originale que je recommande vivement.
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Titre : Place aux immortels
Editeur : Plon
Année : 2021
Auteur : Patrice Quelard

Résumé : Printemps 1915. Léon Cognard quitte sa brigade pour rejoindre le front Picard. Là, le jeune homme prend le commandement d'une prévôté de division d'infanterie. Pris en tenaille entre une administration tatillonne et l'hostilité des soldats à l'égard des gendarmes, le nouveau venu doit faire face à une affaire de suicide qui le conduira au bord de l'abîme et remettra en cause toutes ses certitudes.

Mon humble avis : Patrice Quélard, un nom qui vous dit sans doute quelque chose, au moins pour ceux qui suivent mes petites chroniques tant cet écrivain m'est cher. Depuis le superbe Fratricide, je ne cesse de clamer que cet auteur est grand, et il semble qu'enfin, le bonhomme soit reconnu à sa juste valeur. Je ne vous cache pas que c'est une grande, grande, satisfaction pour moi, et pour d'autres qui ont cru au talent du breton. Maintenant, parlons du texte, de ce Place aux immortels auréolé d'une sacrée réputation et d'un prix prestigieux : le prix de la gendarmerie nationale 2021, excusez du peu. Dans cette histoire de suicide suspect, il est difficile de ne pas entamer cette chronique sans évoquer Léon Cognard, car sur ses épaules repose tout le roman. Franc-tireur, insolent, non conformiste, doté d'un humour dévastateur, Léon est un héros que l'on aime d'emblée. Un personnage au grand coeur, pétri de principes, l'un de ceux qui vous marquent. Comme dans tous ses romans, l'auteur ne laisse rien au hasard, il plonge au coeur de cette période troublée avec une grande minutie, ne nous épargne aucun détail. Certains trouveront cela un tantinet rébarbatif, je trouve au contraire que ces détails sont distillés avec équilibre, donnant de l'épaisseur au roman et d'ailleurs, les jurys du prix sus-nommé ne s'y sont pas trompés. Place aux immortels est un sacré bon roman, l'un de ceux qu'il est difficile de lâcher jusqu'à la fin, un livre instructif, passionnant, comme le sont tous les ouvrages de Patrice Quélard.

J'achète ? : À ton avis ? La question ne se pose même pas.

Lien : https://francksbooks.wordpre..
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