Je remercie
Gilles Dumay et les Éditions Albin Michel Imaginaire pour leur confiance dans l'envoi de ce service presse !
La
Science-Fiction est un genre avec lequel je prends désormais plaisir à me familiariser, j'y trouve des sujets et thématiques qui font écho à mes propres réflexions.
Avec ce roman d'Émilie Querbalec, il est vrai que je m'attendais plus à découvrir et explorer la planète Nüying, à être confrontée à l'inconnu, mais le propos de l'autrice nous entraîne dans plusieurs réflexions à propos de l'humanité, de l'identité humaine, du monde de demain.
Vous embarquez avec moi ?
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Avec
Les Chants de Nüying, je découvre la plume d'Émile Querbalec, qui a déjà sévi dans le milieu littéraire via des romans et nouvelles. Ici, j'ai été attirée par l'évocation des fonds marins, de chants émanant d'une autre planète que la nôtre et étant, par analogie, rapprochés à ceux des baleines. Toutefois, l'exploration de Nüying et les recherches quant à l'origines de ces chants ne sont pas le propos principal de cet ouvrage : ils sont le prétexte à plusieurs réflexions autour de l'humanité.
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Découpé en 3 parties, le récit propose la succession de personnages dont nous allons suivre l'évolution, judicieusement ponctuée d'ellipses : de la préparation à la mission vers Nüying en 2563, au voyage en lui-même, et à l'approche de la planète. La mission Shun de l'entrepreneur Jonathan Wei n'a pas uniquement pour but les chants, nous le découvrons au fur et à mesure.
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Dans ce monde de demain que présente l'autrice, la science cherche des solutions pour trouver un nouvel environnement où s'établir. Ainsi, autres l'espèce humaine, nous rencontrons les Sélènes, qui grâce à des implants sont mieux adaptés à la vie hors de la Terre, certaines générations n'ont d'ailleurs jamais mis les pieds sur la Planète Bleue. Ils sont établis sur Taihe-Concordia, une cité lunaire qui comporte également des humains et accueille des touristes.
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Plusieurs corps de métier ont été regroupé pour préparer la mission Shun, ainsi l'on se familiarise avec les implants-neuros, la RV (Réalité Virtuelle) qui est un art, mais surtout avec Réceptacle : le projet de Jonathan Wei, l'immortalité. Il s'agit d'un procédé de transhumanisme s'appuyant sur le clonage humain et la sauvegarde des souvenirs relatifs à l'identité de la personne.
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À bord du « Rêve du lapin de jade », le cargo-monde Yùtù Mèng, alors que Jonathan Wei se donne à Réceptacle, une partie de l'équipe dort en stase de cryogénie, tandis que les Sélènes continuent leur vie durant ce voyage de 24 années-lumière. Toutefois, rien ne va se passer comme prévu : des renaissances de Jonathan Wei, aux émeutes entre les fidèles de l'Éveil Vrai, dont Jonathan est proche du guru, et les forces militaires. le pire pronostic évoqué lors des nombreuses préparations à cette mission va se réaliser ; les survivants sauront-ils faire face ?
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D'une plume limpide, Émilie Querbalec développe la thématique de l'humanité, de l'identité humaine, via la famille, la science comme la religion et donc le rapport à la mort (entre autres), mais aussi en confrontant ses personnages à la catastrophe, les livrant à eux-mêmes dans un environnement inconnu. Si d'un côté les Sélènes apparaissent comme l'évolution humaine, ils ne sont pas réellement acceptés par les êtres humains. La religion de l'Éveil Vrai, mêlant bouddhisme radical à la science semble quant à elle une secte, dangereusement attirée par l'illusion (la RV) comme réalité. Et puis Réceptacle dont le vertigineux procédé questionne l'égo humain (encore et toujours) tout comme l'humain en lui-même. D'ailleurs l'autrice propose une scène de mise en abyme où l'un des Jonathan se trouve face à ses clones, à différents stades de vie (enfant à adulte).
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Ces trois axes amènent de riches réflexions autour de l'être humain ; de son rapport au monde, tangible comme intangible : le besoin ou la nécessité de quitter la Terre, atteindre une « Terre Promise », trouver sa place. Les notions d'individualité et de collectivité, voire de fusion (neurotechnologie avec les implants) sont au coeur de cet ample brassage que propose l'autrice. Ces interrogations fascinent, effraient, donnent le vertige, à la fois familières comme hors de portée, défrayant l'éthique, les valeurs individualistes, ou tout bonnement la conscience.
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Les oeuvres de
Science-Fiction parlent du monde d'aujourd'hui à travers des futurs plausibles, nous confrontant à nos limites, à notre orgueil et notre égo qui nous poussent à vouloir toujours plus, toujours plus loin, jusqu'à dépasser notre corps et notre conscience. En ceci, Émilie Querbalec participe à ces réflexions, en proposant des axes autour de l'humanité, du transhumanisme, de la religion, ou encore de la survie. D'ailleurs Nüying offrira une ouverture mystique à cet ensemble.
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En bref : d'une plume limpide, tantôt poétique, Émilie Querbalec nous propose un roman de
Science-Fiction faisant la part belle aux réflexions sur l'humanité, via des thématiques tournant autour du transhumanisme, de la religion, de la science. Beautés comme horreurs dépeignent le tableau d'une humanité cherchant à dépasser les limites imposées par sa condition. Nous sommes face au vertige d'un futur possible, peut-être pas si loin que cela aux vues de recherches scientifiques actuelles. Mais plus que de propositions, l'autrice souligne les dangers de l'égo humain.
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