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3,63

sur 154 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne connaissais pas le roman d'Emilie Querbalec il y a seulement quelques jours. C'est donc une lecture totalement inattendue et imprévue.
Elle est dû à la combinaison de plusieurs facteurs, à savoir la lecture d'un article sur le Net vantant les qualités du livre, la belle couverture qui jette un regard sombre et poétique sur des fonds marins, la critique très inspirante de Lenocherdeslivres (que je remercie encore) et la découverte fortuite du roman dans ma médiathèque, il était posé en évidence sur un présentoir, comme s'il m'attendait.

*
Sommes-nous seuls dans L Univers ? Combien de fois, en regardant le ciel étoilé, l'homme s'est-il posé cette question ? A quoi pourraient ressembler les formes de vie et les écosystèmes sur d'autres planètes ?

« Devant ma couche, une mare de lumière
Serait-ce le givre sur le sol ?
Je lève les yeux, la lune brille dans le ciel.
Je baisse la tête, la maison me manque ! »
Li Bai

L'histoire débute au 26ème siècle. Les scientifiques ont découvert de possibles traces de vie extraterrestre sur la planète de Nüying, distante de vingt-quatre années-lumière du système solaire. En effet, une sonde a capté des sons étonnants rappelant le chant des baleines.

« … les premières notes résonnèrent, si tant est que l'on puisse qualifier de notes ces vibrations qui ne rappelaient rien de ce que l'on connaissait sur Terre. Après quelques longues secondes, un écho abyssal déchira cette nappe sonore. Plusieurs autres cris de différentes intensités répondirent à cette première ligne mélodique, esquissant les contours d'une symphonie profondément étrange. »

Une telle découverte questionne sur leur origine. Est-ce la confirmation que L Univers n'est pas vide et stérile ? Ou bien ces vibrations sont-elles le fait de facteurs climatologiques ou géologiques ?
Quoi qu'il en soit, elles laissent l'espoir inespéré de découvrir une forme de vie extraterrestre intelligente sur cette planète.

*
Rêves est un mot me vient spontanément à l'esprit lorsque je repense à ce roman au moment d'écrire ces mots.

Rêve d'un ailleurs.
Rêve de liberté et d'une vie meilleure.
Rêve de prendre en main son existence.
Rêve de pouvoir et de domination.
Rêve de conquête et d'aventure, d'évasion et de voyage lointain.
Rêve d'une terre inconnue, vierge cachée dans l'immensité de l'univers.
Rêve de rencontrer de nouvelles formes de vie extraterrestre.
Rêve de se fondre dans l'océan.

Brume, la bioacousticienne et spécialiste de la communication inter-espèce, est envoûtée depuis son enfance par ces chants mystérieux qui font « penser à des dragons asiatiques, des dragons gigantesques nageant dans les profondeurs marines des océans de cette planète lointaine ». Ayant travaillé dans les eaux froides de l'Arctique sur le comportement des baleines boréales et participé à l'élaboration d'une technologie d'interfaces neurales dans la communication homme-animal, elle est recrutée pour découvrir l'espèce à l'origine de ces chants.

*
Je dois avouer que ce roman est vraiment surprenant : la ligne éditoriale et la couverture m'ont induite en erreur sur son contenu. Je pensais que l'histoire serait centrée sur l'exploration de Nüying. J'imaginais plonger dans ses abysses à la rencontre de cette intelligence extraterrestre au chant si fascinant aux côtés de Brume.

Après un moment de déconvenue, le récit me semble plus original que ce que laissait penser la quatrième de couverture. J'ai découvert un récit intimiste dans lequel Brume est le fil rouge, sans être toutefois le personnage principal de l'histoire.

*
Ainsi, d'autres protagonistes participent au voyage dans un récit à plusieurs voix.

William participe à l'aventure pour des raisons différentes de celles de Brume.
Ce cybernéticien a travaillé sur une technologie essentielle dans les voyages spatiaux, celle de la réincarnation numériquement assistée (RNA). Elle consiste, pour le temps du voyage, à placer une partie des passagers dormants dans des caissons cryogéniques et de séparer l'esprit de leur corps afin de stopper le processus de vieillissement.

Dana, une cogniticienne cybernéticienne d'origine Russe, est responsable du projet RNA. Elle a vécu toute sa jeunesse sur une base implantée sur la Lune. Elle fait partie de ce peuple qui n'a pas vécu sur la Terre et que l'on appelle les Sélènes.
Les Sélènes constituent la majorité de l'équipage embarqué sur le vaisseau-monde Yutu Meng. Ils ont eux aussi un rêve en embarquant pour ce long voyage.

Cependant, il n'y aurait pas de voyage sans Jonathan Wei, un homme d'affaires et milliardaire américain qui a investi des milliards pour financer le projet Shun. Lui aussi a des motivations, mais elles nous sont cachées.

*
Ce livre est un récit de voyage vers une autre planète et peut-être vers une autre forme de vie, mais dans ce lieu confiné qu'est le vaisseau spatial, c'est avant tout un voyage vers l'autre et une découverte de soi. En ce sens, l'autrice nous parle d'identité, de souvenirs et de mémoire, de diversités (sociales, culturelles, religieuses, ...) et d'altérité, d'interaction et de difficultés de communication, de conflits intergénérationnels et du poids de la culpabilité.

Cette oeuvre ample et complexe aborde d'autres thèmes forts : le transhumanisme et le clonage, le monde virtuel et la sauvegarde informatique de notre conscience, la religion et les dérives sectaires, la politique et les intérêts personnels.
L'autrice joue beaucoup sur l'opposition entre l'esprit et le virtuel, la technologie et la spiritualité, la science et l'immortalité.

*
Une autre originalité qui m'a beaucoup plu : l'autrice varie le rythme de sa narration en déstructurant le temps, en divisant la trame du récit en trois grands moments, en y insérant des ellipses narratives et des flashbacks. Chacun d'entre eux a une ambiance qui lui est propre.
Si la première partie est assez classique puisqu'elle est consacrée à la préparation de la mission Shun, les deux autres sont comme des arrêts sur image dans le déroulement de la mission. Tout n'est pas dit et le lecteur doit reconstituer les parties évidées.

Ce procédé, particulièrement astucieux et captivant, a accru mon intérêt au fil des pages. Les dernières pages sont surprenantes, l'autrice les conclut de manière magistrale.

*
J'ai trouvé l'écriture de Emilie Querbalec agréable à lire, d'une lenteur mesurée, claire et précise, poétique et scientifique dans ses descriptions.
Elle prend le temps d'installer les décors, de varier l'atmosphère de chaque partie, de nous immerger avec beaucoup de sensibilité dans l'intimité des personnages. Et puis, on n'a qu'une hâte, c'est d'arriver au terme du voyage, de découvrir la planète de Nüying et ses fonds marins.
Mais, bien sûr, le voyage ne va pas se passer comme prévu et va réserver bien des surprises.

*
Pour conclure, « Les chants de Nüying » est un roman choral à la construction originale, un voyage aux doux parfums de nostalgie, une plongée dans les méandres de l'âme humaine.

A découvrir.
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2563, Paris. Brume travaille dans le domaine de la bioacoustique marine et se prépare à participer à un voyage spatial. Dans quelques mois elle partira avec quatre-cents autres personnes à bord de Taihe Concordia, le vaisseau-monde et s'apprête ainsi à quitter les siens durant de très nombreuses années. le voyage doit durer au moins vingt-sept ans durant lesquelles elle fera partie d'une équipe de scientifiques venant de tous horizons.

Que vont-ils trouver là-bas ? Quelles serons les conséquences de leurs découvertes sur l'humanité ?

Je remercie les éditions Albin Michel Imaginaire pour cette lecture.

"Les chants de Nüying" fait partie de la rentrée littéraire du mois de septembre dans la catégorie de science-fiction. Il s'agit plus particulièrement d'un Space Opéra et c'est une très belle découverte. Emilie Querbalec propose au lecteur un embarquement immédiat dans un voyage spatial à destination d'une nouvelle planète susceptible d'accueillir la vie.

Cette planète s'appelle Nüying. Elle ressemble fortement à la terre. Recouverte de banquise, on y trouve de l'eau à l'état liquide, une activité volcanique, des fonds marins et une atmosphère dense. Elle intrigue les scientifiques, surtout, depuis qu'une sonde y a enregistré des "chants" ressemblant à ceux d'une baleine. Et c'est pour cela que Brume fait partie de l'équipe. Son rôle est de trouver leur origine et de les étudier.

L'histoire est divisée en trois parties. Ce sont les trois étapes du voyage c'est-à-dire la préparation, le voyage puis l'atterrissage et l'exploration. Brume est une femme curieuse, passionnée et libre. Nous la suivons à chaque étape lors des préparatifs, puis de sa vie à bord du vaisseau et de son arrivée et ses premières impressions. Beaucoup de personnages gravitent autour d'elles. Des amitiés se créent. D'autres ne seront que de passage. Tous ont un rôle important sur le vaisseau.

Dans "Les chants de Nüying", Emilie Querbalec parle d'exploration scientifique, de colonisation, de sciences nouvelles, d'immortalité, de religion, de famille et d'amitié. J'ai adoré les références au bouddhisme et à l'évocation des diverses technologies liées notamment à la réincarnation numérique assistée. L'écriture de l'autrice est rythmée, accessible et bien développée. le livre se lit bien. On est pris dans l'histoire de ces personnages et les thèmes abordés sont absolument passionnants. La fin est parfaite.

Une lecture qui emmène le lecteur au coeur de l'Univers jusqu'à "ces chants venus de loin".


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Une exo-planète lointaine, de l'eau, une atmosphère. Et si Nuying était une nouvelle Terre ?
Le plus étonnant est qu'une sonde y a enregistré des chants, ressemblant à s'y méprendre à ceux de baleines. C'est ainsi qu'une bioacouticienne est envoyée là-bas, pour une aventure qui doit durer des décennies.
Je ne connaissais pas Emilie Querbalec, j'ai été enthousiasmé par sa plume. Elle explore de nombreuses thématiques avec pertinence. Et nous décrit avec un plaisir qu'on devine ce monde qu'elle crée pour nous. C'est très bien maîtrisé. On se laisse porter et c'est un récit assez enchanteur, qui par certains côtés m'a rappelé les sensation de ma première lecture de Rama, d'Arthur C. Clarke. Je n'y ai vu qu'un seul défaut, une certaine linéarité, qui peut parfois lasser (un peu). Mais ça reste une très belle oeuvre. Auteure à suivre de près, roman à lire sans hésiter.
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Au 26è siècle, dans un univers uchronique où la Chine est en tête de file de l'exploration spatiale depuis leur victoire dans la course à la Lune, l'on découvre Nüying, une exoplanète située à vingt-quatre années-lumière de la Terre. Cette planète est potentiellement habitable et peut-être habitée, puisqu'on y a repéré des « chants » évoquant ceux des baleines. Brume, bioacousticienne fascinée par ces chants depuis son enfance, va joindre l'expédition financée par Jonathan Wei, multimilliardaire obsédé par une quête d'immortalité numérique et religieuse.

Ce roman est difficile à résumer clairement tant ses thématiques sont diverses et sa construction atypique. La quatrième de couverture s'y casse d'ailleurs les dents en présentant uniquement l'histoire de premier contact extraterrestre (ce qui explique sans doute la déception de certain·es lecteur·ices). L'histoire est divisée en trois parties : avant, pendant et après le voyage. La première partie, centrée principalement sur Brume, montre les préparatifs de l'expédition. Brume, placée en hibernation pour le voyage, est absente de la deuxième partie, qui se concentre sur l'étrange projet de Jonathan Wei en parallèle de la montée religieuse parmi le vaisseau. Elle est réveillée au début de la troisième partie qui relate l'arrivée difficile de l'expédition et les tentatives de premier contact.

Les chants de Nüying est le troisième roman d'Émilie Querbalec et le deuxième que je lis après Quitter les monts d'automne. Et là encore, elle mélange des ambiances et des thématiques différentes d'une façon unique et franchement déroutante. On peut effectuer beaucoup de parallèles avec d'autres oeuvres de science-fiction : la montée de la religion à bord du vaisseau générationnel fait penser à une nouvelle d'Ursula le Guin, Paradis perdus, tandis que le premier contact évoque à la fois Solaris de Stanislas Lem et Apprendre, si par bonheur de Becky Chambers. Quant à la numérisation de la conscience, le sujet a souvent été abordé en science-fiction, mais c'est La cité des permutants de Greg Egan qui m'est aussitôt venu en tête (et qui traite ce thème d'une manière bien plus complète).

Je ne saurais pas trop dire si ce roman me fait l'effet d'un patchwork disparate ou d'une synthèse réussie. En fait, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui m'échappe complètement dans l'oeuvre d'Émilie Querbalec, mais dont j'arrive à discerner suffisamment de contours pour en être fascinée. Elle est indéniablement talentueuse et originale et elle bouscule complètement mes attentes.
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Quand la science-fiction épouse la poésie, ça donne Les Chants de Nüying, très bien écrit par Emilie Querbalec.
L'univers est richement décrit, le worldbuilding très maîtrisé et servi par la magie de ces gens et l'évocation des baleines (qui m'a donnée envie de le lire). On ne s'ennuie jamais, les personnages ont de l'épaisseur. Autrice que je ne connaissais pas et dont je vais m'empresser de lire le premier roman (c'est son 2e).
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Un roman très particulier, comme, j'ai l'impression, tous les textes d'Emilie Querbalec.


Un roman qui m'a plu, mais très différent de ce que j'imaginais, et pour lequel j'ai quand même des réserves - sans être vraiment des réserves, car ces choses qui m'ont fait tiquer m'ont aussi surprise, je crois positivement.
Alors pour une fois, je vais commencer par mes réserves.

D'abord, j'ai attendu Nüying un bon bout de temps. Je me doutais que, le voyage étant long, le récit le serait. Ca ne m'a pas gênée, au contraire, tant les préparatifs du voyage étant captivants. Mais je ne m'attendais pas, en revanche, à parvenir sur Nüying aussi tard. Et j'attendais vraiment un roman « premier contact », or pour le coup, Les chants de Nüying c'est autre chose. Je pense que la 4ème de couverture est un peu décalée par rapport à ce que le roman offre réellement.

D'autre part, le récit m'a perturbée. Un point de vue omniscient et une narration hérétodiégétique alternent les focus sur les personnages et cassent la linéarité temporelle avec des flashbacks et des ellipses assez importantes.
Si j'apprécie cette rupture, j'ai néanmoins eu la sensation de passer parfois du coq à à l'âne. Comme si Les chants de Nüying comportaient plusieurs romans en un seul. Si le roman est construit avec un souci musical (des parties comme des mouvements de concerto, avec prélude et coda finale), j'ai malgré tout eu du mal à trouver de la fluidité entre les différentes parties, à les raccrocher ensemble pour en faire une partition unifiée.

Enfin, et cela découle du point précédent, quelques scènes majeures sont restées pour moi assez opaques. J'imagine que la grande place laissée à l'interprétation de chacun est faite exprès. Mais ça m'a laissée perplexe dans un récit très solide d'un point de vue scientifique et pédagogue.

Je me suis demandé si ce n'était pas là une des marques de fabrique d'Emilie Querbalec : déjouer nos attentes, proposer quelque chose de destructuré, nous laisser imaginer/interpréter. Et comme avec son précédent roman, Emilie Querbalec me perturbe autant qu'elle me charme.


Maintenant que j'ai fait le tour de mes réserves, voyons ce que j'ai aimé sans conteste.

Ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est sa précision scientifique, ses multiples regards, ses petites scènes anecdotiques qui rendent le tout crédible. Sa justesse, aussi – Emilie Querbalec n'en fait pas des caisses : pas de détails ni de pavés techniques soporifiques. L'écriture est simple mais solide, pédagogue sans le ton professoral. Nulle difficulté de compréhension dans les technologies explorées.
Les préparatifs sont l'occasion de montrer tous les enjeux du voyage et du roman, traités avec justesse et émotion.

SF résolument, avec une duplication de notre monde réel. On pourrait se croire au début à notre époque; mais non, nous sommes quelques siècles plus tard. Pas grand chose n'a changé, hormis la Chine qui dirige le monde.
Décentrage, mais pourtant on s'y retrouve. Qui est Jonathan Wei à part un double de Besos, Musk et compagnie ? de la même manière, le fanatisme religieux évoqué dans le roman est un autre miroir de notre réalité. Il m'a semblé aussi qu'il y avait dans Les chants de Nüying une esquisse de nos difficultés de communiquer avec les personnes qui nous entourent. En effet, nous sommes tous très entourés, mais avec qui partageons-nous réellement le fond de nos pensées et ce qui nous anime chaque jour ?

Ainsi, Les chants de Nüying est finalement un roman très humain. On espère avec Brume rencontrer les créatures à l'origine des chants, mais l'ensemble du récit est résolument humaniste. Et j'ai trouvé que la dimension religieuse apportée par l'autrice était intéressante. Et sa cohabitation avec la science aussi ; ça fait un peu sujet de philo classique, d'accord. Mais j'ai trouvé le positionnement vraiment intéressant.
Enfin, j'ai trouvé qu'il y avait une déclinaison mystique dans le regard de Brume sur le voyage. C'est un regard que j'ai beaucoup aimé : il apporte de la beauté, de la passion, dans le discours scientifique. Les chants de Nüying c'est de la SF qui m'a parlé, tant j'ai pu vibrer, rêver, me passionner pour ce voyage. Je suis parvenue à ressentir ce qui motivait chacun dans cette épopée, à m'émerveiller devant les terres de Nüying alors même qu'elles sont particulièrement effrayantes.
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J'ai enfin lu Les chants de Nüying d'Emilie Querbalec. J'avais beaucoup aimé les romans précédents de l'autrice. Bien que perfectibles, ces derniers offraient un coup d'oeil sur des univers d'une grande sensibilité et d'une grande délicatesse. Cette publication est dans la lignée, mais elle offre de belles surprise dans le fond comme dans la forme.

Le roman d'Emilie Querbalec nous entraîne dans un futur où les humains voyagent dans l'espace. Mais l'originalité est qu'elle nous propose une société qui a évolué tout en restant similaire à la nôtre. le roman tient donc plus du cyberpunk spatial que du space opera à proprement parler. Des modifications synthétiques permettent d'explorer les pensées d'autres personnes. Jonathan Wei se prépare à devenir immortel en passant ses souvenirs dans d'autres corps. La cryostase permet de se mettre pendant des années en pause avant de se réveiller désorienté, mais toujours au même âge. Tous ces éléments ne sont pas originaux mais c'est surtout la façon dont l'autrice les imbrique et construit son message autour qui a de l'importance. Nous suivons avant tout des humains. L'écriture de l'autrice, particulièrement poétique et travaillée, permet de porter totalement cet esprit.

Emilie Querbalec met en avant un monde dans lequel spiritualité et science sont intriqués. Cela s'explique notamment par le fait que Les chants de Nüying s'inscrit également dans une mouvance uchronique. Dans cet univers, c'est la Chine qui domine culturellement et économiquement le monde. le premier homme ayant marché sur la Lune était chinois. la plupart des grandes entreprises sont chinoises. Comme celle de Jonathan Wei, à la tête du projet. Il y a donc des notions très importante autour de la réincarnation. Une réincarnation rendue possible par la technologie. Que se passe-t-il dans un monde dans lequel les croyances deviennent réalité ? D'autant plus dans un microcosme comme un vaisseau. le roman semble nous mettre en garde face aux croyances que l'on croit supérieur. Même un plus beau rêve né de la science peut aboutir au drame.

Le récit se divise entre plusieurs personnages qui apportent une pierre à l'édifice. Brume est jeune femme franco-vietnamienne qui a participé à un programme durant lequel elle a partagé la conscience d'un dauphin. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle est présente lors de la préparation au voyage et à la fin, comme si elle était un chaînon manquant. Brume est capable d'une grande forme d'empathie. Jonathan Wei, que j'ai déjà évoqué, est un riche homme d'affaires sino-américain qui est très proche des pensées bouddhistes. William, un scientifique québécois, apporte de l'équilibre. Enfin, Dana est une chercheuse rationnelle et rigoureuse. Elle entre cependant en conflit avec sa fille, qui a des croyances bien différentes. Tous ont leur propre passé et histoire. Chaque point de vue permet de saisir une partie des événements pour comprendre l'ampleur de ce qu'il se passe, comme de multiples pièces à assembler. Et, souvent, ils mettent en lumière la place de l'individu face à la grande Histoire.

La narration est également éclatée au niveau temporel. le roman est divisé en trois parties qui retracent les étapes importante du voyage vers Nüying : départ, voyage, arrivée. Entre chaque, il y a des ellipses importantes qui pourront déboussoler certains lecteurs. Mais le plus étrange, c'est que le procédé permet de bien faire sentir le poids du temps qui passe sur les personnages, mais aussi sur le vaisseau. Au fil des années, on a l'impression qu'un grain de sable est venu gripper une horloge bien réglée, emportant dans la tourmente le groupe de personnages, les mettant face à leurs limites et à leur rêve. Mon bémol vient d'une fin un peu précipité, en décalage avec le soin qu'a mis l'autrice dans la définition de ses personnages.

Une belle oeuvre ! Les chants de Nüying n'est pas un roman de premier contact à proprement parler, mais un roman aux thèmes amples qui parle de l'humain. Nous suivons un groupe partant à la découverte d'une planète lointaine, en trois actes. Préparation, voyage et arrivée. Mais rien ne se passe comme prévu, car le mélange entre spiritualité et technologie est détonnant. le roman présente une vision du futur qui mêle voyage spatial et transhumanisme. Mais ce qui caractérise la plume et le déroulé de l'autrice, c'est sa délicatesse. le récit est écrit avec poésie et finesse, de la psychologie des personnages jusqu'aux événements. le bémol vient cependant de la narration, parfois trop elliptique et qui met en scène un final trop rapide. Mais c'est un très beau roman de science-fiction, sensible et délicat.
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L'exoplanète Nüying ressemble un peu à la Terre. Une sonde y détecte des chants, qu'on dirait proches de celui des baleines. Brume est une spécialiste en bioacoustique et se prépare au long voyage pour explorer la planète...
Emilie Querbalec livre un récit passionnant, qui prend son temps. J'ai aimé celui qu'elle accorde aux préparatifs de ce voyage extraordinaire, ou à dépeindre les personnages.
C'est juste, c'est sensible, mais c'est aussi très prenant. Bien plus que son précédent roman, je trouve. Une lecture agréable et stimulante de bout en bout, et des images pleins la tête, c'est tout ce qu'on demande à la science-fiction.

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Les quelques avis lus sur ce livre avaient titillé ma curiosité.
Bio-acousticienne marine, Brume rêve d'étoiles, de chants océaniques et bien entendu, des chants de Nüying, ces sons enregistrés par une sonde spatiale.
Elle a dont postulé pour faire partie du voyage financé par un milliardaire excentrique vers cette planète à vingt-sept années-lumière qui semble propice à la vie.
De toutes façons, rien ne la retient sur terre.
Ce voyage, elle va le faire endormie et à son réveil, elle aura à peine vieilli.
Ce n'est pas le cas de Will avec qui elle a noué récemment une relation et qui, lui, fera vraiment le voyage sans être mis en sommeil.
J'ai aimé ce livre. L'histoire est convaincante, les personnalités bien campées et le suspense bien dosé.
Au stade où nous en sommes sur Terre, cela pourrait être un scénario de demain.
Les sauts dans le temps sont un peu déconcertants car on devine qu'il y a eu des nouveaux évènements mais c'est souvent plus tard dans le livre qu'on obtient des explications.
Certains passages me semblent encore un peu flous mais c'est, je crois, ce qui contribue également à créer l'atmosphère particulière de ce livre que je recommande vivement.
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Les Chants de Nüying est un roman de SF qui propose au lecteur un voyage à travers le système solaire pour aller explorer et peut-être coloniser la planète Nüying sur laquelle des « chants » auraient été entendus. S'agit-il d'une planète viable pour l'homme? Ces chants appartiennent-ils à une entité extraterrestre? Jonathan Wei, Brume et William s'embarquent à bord du vaisseau…

Avant toute chose, il convient de rappeler que ce roman n'est pas un space opera. Emilie Querbalec a choisi de raconter son intrigue en trois actes. D'abord la préparation avant l'embarquement sur le vaisseau. Ensuite, le voyage en lui-même alors que les personnages sont placés en stase. Enfin le débarquement sur cette fameuse planète. de mon côté, je m'attendais à ce que la découverte de la planète soit plus exploitée et quelques chapitres de plus ne m'auraient pas dérangée!

Néanmoins, j'ai été totalement embarquée dans cette histoire dès les premières pages. Brume, bioacousticienne, rêve d'entrer en contact avec une nouvelle entité comme elle le fait avec les dauphins ou les baleines. Jonathan Wei est le milliardaire à l'origine du voyage, en quête d'une forme d'immortalité. Ce sont les principaux personnages du roman. Ils auront bien des destins différents. Cependant, d'autres protagonistes vont émerger au fil de ce voyage long de vingt-sept ans puisque tous n'ont pas été placés en stase!

Le roman fait aussi la part belle à l'uchronie car ce ne sont pas les États-Unis qui dominent le champ spatial mais bien les Chinois. L'autrice aborde des thématiques très diverses dans ce roman comme le rapport à la mort, le bouddhisme et j'avoue avoir été parfois un peu décontenancée par des intermèdes bien trop lointains vis-à-vis de l'intrigue de base. Je dois reconnaître cependant qu'elle possède un sens du rythme très intéressant et un style poétique à bien des égards.

Alors oui, j'ai été un peu frustrée par cette fin car j'aurais aimé en apprendre davantage. Mais Emilie Querbalec a choisi ici de respecter l'adage qui dit que l'important n'est pas l'arrivée mais bien le voyage!

Les Chants de Nüying laisse apparaître Emilie Querbalec comme une autrice de SF accomplie! A suivre donc…
Lien : https://carolivre.wordpress...
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