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Citations sur Une journée de bonheur (28)

J'ai connu plusieurs milliers d'aubes. Je ne m'en suis jamais lassé. Je ne me suis jamais lassé de la montée du jour, au fond de l'espace, qui précède l'apparition soudaine - soudaine et continue - du soleil. C'est la "bonne heure". C'est le "Soudain à l'état continu".
Je n'ai jamais compris ceux qui dorment dans l'aube, ou qui y restent à sommeiller.
Même quand je voulais mourir, même quand j'en élaborais les moyens, quand j'en préméditais les heures opportunes, je n'en étais pas las. Je ne l'aurais pas choisie pour y plonger.
Pour ne pas la souiller.
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Le coucher est la perte faite chair. L'enfant est cette "chair à coucher" - qui fait la douleur de l'enfance. Cette motricité et cette verticalité, auxquelles on enjoint l'enfant le jour, le soir doivent se tenir immobiles, doivent s'étendre de tout leur long sur la couche, doivent se refouler, se rabougrir et espérer que tout s'endeuille de nouveau, que tout se fasse noir autour.

Comme la soirée se tient au fond du jour, le coucher se tient au fond du soir.
La nuit est une bête, au-dessus du lit, qui attend - puis qui se couche d'un coup sur celui qui s'est couché, et l'enserre.

Ovide dit que la strix, le soir, ouvre ses ailes, approche son bec crochu et se nourrit du sang des nourrissons.
Elle lacère simplement le ventre pour en dévorer les viscères tandis que les petits enfants hurlent dans leurs berceaux.
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Le mot japonais ikebana se décompose en ikeru et hana. Mot à mot "revivre fleur". Une fois que la fleur a été sectionnée, le maître la fait accéder à une autre existence, brève, sans fécondation, où elle périt dans une brusque beauté.
Là où le français dit "arranger des fleurs", "com-poser un bouquet", le japonais dit "faire revenir hana", une fleur.
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Lire, en grec, c'est legein.
Le verbe legein, en grec, c'est tout à la fois ramasser, cueillir, collecter, dire, lire. Anthos étant la fleur, une antho-logie est une cueillette de fleurs sélectionnée pour leur beauté, dans le premier instant de leur magnificence. Un choix de couleurs, de pétales, de calices, de corolles, de parfums merveilleux afin de tresser une couronne ou de composer un bouquet.(...) Une "citation", à proprement parler, est une fleur que l'on a arrachée à un livre plus ancien et qu'on a introduite dans un livre plus récent. p 16
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Sénèque a écrit à Lucillius dans la lettre CI :
Pense chaque journée singulière comme une vie singulière. Pura singulas dies singulas vitas. Restreins ta vie au seul jour et referme ta paume sur cette durée unique où le temps s'accomplit de l'aube jusqu'à la nuit. L'ensemble de ces heures est une vie entière. Chaque sommeil est toute la mort. Pourquoi se réveille-t-on ? On ne sais pas. Ne demande pas à ce qui vient : " Où vas-tu ? " Va à la nuit. L'homme qui vit chaque jour pour sa vie totale achève en chaque crépuscule le temps lui-même et, lorsqu'il s'abandonne au somme sur sa couche, le refond à l'obscurité où il prend origine. Alors sommeil et mort ne se distinguent plus. p 108
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Shitao le Peintre a écrit : Nos demeures sont au mieux des consoles sous la lampe,
nos pavillons sont des dessertes sous le bois de la fenêtre,
des auberges sur les lichens de la lande,
abritées par trois ou quatre arbres que le vent couche,
brèves haltes offertes à Celui qui passe, tournoyant, s'étirant, bondissant, s'élevant,
fusant. p 100
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Je vous remercie d'être là, ce soir, dans cette grande salle sombre. Je reviens du Japon. Je suis revenu mardi. Je n'ai pas manqué, bien sûr, d'aller voir pâlir le soleil là où il prend naissance. Je suis allé voir mourir les fleurs et s'amasser les brumes. L'automne s'est étendu sous les branches des arbres comme un sang. J'ai senti s'élever, m'envelopper en marchant, le parfum si épais qu'invente, diffuse, puis alourdit la pluie. Je me suis accroupi dans les odeurs enchanteresses, j'ai enfin ramassé (et fait un voeu sur le chemin de pierres) la première feuille d'érable dans le jardin de la villa impériale Katsura à Kyoto. p 7
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La dépression nerveuse confronte l'âme au jour.
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Etrange plume qu’on vole ensuite à l’aile de l’oiseau, que l’on emplit de nuit et que l’on porte sur la page pour y disposer à son gré la trace noire de sa douleur. » p 77 a 5
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Le jour module selon les saisons. C’est la beauté qu’il laboure et qu’il change. La nuit se réserve, est fidèle, persiste et se tait sans fin. C’est le fond. » p 65 a 1
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