AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 68 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Anaconda est une nouvelle beaucoup plus longue que de coutume du toujours très talentueux auteur uruguayen Horacio Quiroga. (N. B. : pour les accros de la fusion d'édition, il s'agit bien d'une édition différente de celle du recueil qui porte le même nom mais qui lui comporte 19 nouvelles.) Il s'y adonne à un exercice où il excelle, à savoir celui de prendre le point de vue des animaux.

Ici, l'anthropomorphisation extrême des sentiments des serpents nous rapproche toutefois plus du conte que de la nouvelle. Il y est question d'une assemblée de serpents sud-américains qui s'inquiètent de la venue sur leur territoire d'un groupe d'hommes.

L'auteur doue chaque espèce d'une personnalité bien à elle ce qui rend l'assemblée des serpents absolument jubilatoire. le problème débattu à cette assemblée est de savoir quelle stratégie adopter face à ces hommes qui, après enquête de la couleuvre Ñacanina, s'avèrent être des scientifiques là justement pour mettre au point un sérum antivenin.

Il semble que ces empêcheurs de piquer en rond soient, de plus, aidés d'un chien et d'un cheval. Il est donc grand temps de prendre une décision. Croisée, une vipère venimeuse est donc mandatée pour aller voir de plus près ce qu'il en est. En chemin, elle enfonce bien consciencieusement ses crochets dans la peau du chien qui… ah ! horreur !… est immunisé contre le venin de serpent ! Si bien que la malheureuse Croisée se retrouve illico dans le vivarium.

Elle y fait la connaissance d'une étrangère, une cobra venue d'Inde. Cependant, les autres serpents continuent la réunion au sommet quand soudain, une intruse s'invite dans la réunion. Il s'agit… d'anaconda !

Je vous laisse, bien entendu, découvrir ce qu'il adviendra de ce foisonnement d'ophidiens. Encore une fois, il me faut saluer la forme, c'est-à-dire le style propre d'Horacio Quiroga, qui est l'un des tout grands maîtres du genre qu'est la nouvelle. En revanche, je suis, comme souvent, un peu moins enthousiaste sur l'histoire en elle-même, quoique très plaisante. Somme toute, y a pas d'lézard, y a qu'des serpents et ce n'est qu'un long et tortueux avis lové, plein de méandres et à la langue bifide, c'est-à-dire pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1010
Recueil phare de l'oeuvre de ce génie du récit court, il possède l'évidence promise à ces membres de « bibliothèques idéales » : la sud-américaine, les recueils de nouvelles, le « nature writing » d'avant ces catégories commerciales, etc.

Encadrés par deux nouvelles de taille plus conséquente ( dont celle qui nomme le recueil ) dix-huit petits chefs-d'oeuvre de cruauté toute naturelle, hymnes au monde sauvage face à la pauvre petite humanité…
C'est d'ailleurs dans ces formats d'une dizaine de pages que le talent de Quiroga semble le mieux s'épanouir, poussant le lecteur avide à les déguster calmement.

A l'heure où la post-modernité offre à la Nature une imperturbable morale, où l'humanisme se dissout dans l'eau de rose ou bien de mer, il est bon de se rappeler ce temps où Elle était encore considérée comme hors de l'Homme, voire son ennemi mortel.
Ce 19ème siècle à présent honni, alors qu'il a formé des individus de la trempe de l'affronter, où l'on pensait enfin se débarrasser des religions et autres superstitions, marque de son emprunte ce livre publié en 1921, hésitant entre admiration et sourde résignation envers ses pionniers, synthétisant la vie de l'auteur, passée entre grandes capitales sud-américaines et jungle profonde, où proximité et étrangeté s'entremêlent en permanence.

L'Amérique du Sud concentre décidément à merveille, jusqu'à l'absurde, ces éléments qui semblent contraire, avec cette littérature élégiaque et ricanante, source précieuse semblant avoir résolu certains dilemmes que l'Occident jamais ne solutionnera, le rapport à la mort comme meilleur exemple.

Un livre pour ceux qui, à nouveau, n'aiment pas beaucoup les nouvelles.
Commenter  J’apprécie          9114
Il y a quelques nuits de cela je lus le conte Oreiller de plumes d'Horacio Quiroga avant de m'endormir...Madre de Dios !
Cette fois-ci, je pris mes précautions. j'entends déjà certains ricaner derrière leur écran. Je sais, ces précautions sont bien dérisoires mais on combat avec nos maigres moyens chez nous en ville. j'attendis donc qu'il fît grand jour et grand soleil. J'enfilai les bottes en caoutchouc canari qui me servent à pêcher les bigorneaux, j' empruntai la vieille canne chenue de mon père pendant qu'il faisait sa sieste, la bouche béante, totalement inconscient du danger. Je m'assurai enfin que les deux baies vitrées du séjour fussent hermétiquement fermées en relevant prestement le clapet rouge.
Et puis j'ouvris mon livre, j'inspirai longuement et je plongeai dans la jungle ténébreuse. Lanceolée mon guide ondulant, une belle vipère d'un mètre cinquante, m' introduisit rapidement dans la grotte grouillante où se tenaient des débats pour le moins houleux. Terrifique, un vieux sage édenté à trente deux sonnettes présidait un Congrès de yararas (Venimeux). Coraline la splendide vipère corail débattait avec sa grande rivale la svelte Croisée aux beaux reflets café. C'est encore Croisée qui affronterait plus tard fort bravement un redoutable ennemi avant de rencontrer en captivité Hamadryade l'imposant Cobra royal. Mais-- n'en déplaisent à certain(e)s qui se méfient des étrangers et que je me garderais bien ici de nommer afin de ne pas envenimer davantage les débats-- les deux congressistes, dis-je, les plus attachants étaient incontestablement Nacanina, la furtive couleuvre qui peut espionner les Hommes et puis enfin bien évidemment notre magnifique Anaconda. Une sympathique exilée désireuse de s'intégrer et fort courtoise en toutes circonstances. Elle n'avait pas non plus trop à craindre des Hommes. Mais n'anticipons pas. L'enjeu des débats est crucial. Il faut serrer les rangs.

Je m'en voudrais de dévoiler les méandres de cette histoire passionnante et glaçante.
Mais à la fin...
Que ceux qui ne veulent rien savoir ferment les yeux.
A la fin, dis-je, Anaconda s'en sort.
Commenter  J’apprécie          4915
A l'image du premier recueil de nouvelles découvert il y a peu d'Horacio Quiroga, j'ai été de nouveau séduite par la plume du nouvelliste, bien que l'ensemble du recueil soit tout de même moins noir et âpre que Contes de folie, d'amour et de mort. L'intensité, la violence, la sécheresse, narrative comme stylistique, sont ici, encore une fois, parfaitement au service d'histoires, humaines comme animalières - j'ai particulièrement apprécié la nouvelle éponyme qui nous fait entrer dans la vie des serpents par anthropomorphisme -, a priori banales, souvent cruelles, mais aussi, cette fois, parfois porteuses d'espoir quant à la capacité de chacun d'avoir la force d'affronter les épreuves de la vie, plus ou moins douloureuses, plus ou moins hasardeuses, plus ou moins ironiques.

Je continue donc ma découverte des autres recueils parus en français de l'auteur : le désert est dans mon pense-bête.
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
Commenter  J’apprécie          190
Recueil de nouvelles labyrinthiques et ambigües, illustrant parfaitement le style rigoureux de Quiroga, habité dans la vie comme dans ses livres par un univers passionnel agité.
Ces textes aussi inquiets qu'inquiétants donnent la pleine mesure de son écriture concise et son imaginaire marqué par le danger et l'étrangeté, mais surtout pas la notion de limite où la dimension fantastique n'est qu'une des possibles manifestations du réel : les personnages et les situations sont au seuil d'eux-mêmes, à la frontière de la normalité, sur le fil du rasoir séparant nature et culture, folie et rêve, vie et mort.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          130
Tout les récits d'"Anaconda" ne se valent certes pas : des longueurs amollissent « le Marbre inutile » ou « Les Fabricants de charbon », et certaines histoires manquent cruellement du hors-texte qui donne par exemple sa force à « La Tache hyptalmique » ou aux « Raies ». Mais l'auteur a confiance en ses moyens : changements de rythme inattendus, art de la chute ou petites touches d'humour à froid, il maîtrise ses effets. Et dès qu'il met en place le voile qui rend irréel l'univers de « La Langue », du « Yaciyatéré » ou de « Miss Dorothy Phillips, ma femme », il peut raconter n'importe quoi, et n'importe quoi paraîtra alors un rêve.
Un coup de règle sur les doigts du traducteur, ou du correcteur, qui confond "rennes" et "rênes", "sur" et "sûr", "tache" et "tâche". Moins gênant qu'une présentation des dialogues parfois confuse, qui complique inutilement la lecture du « Vampire » ou de « la Poulie folle ».
Commenter  J’apprécie          10
Dix-neuf nouvelles de 1921, pour un art secret de l'écriture qui dissout et qui inquiète, dans la jungle uruguayenne ou ailleurs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/04/note-de-lecture-anaconda-horacio-quiroga/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
Tel un Maupassant plongé au coeur des jungles inextricables de l'Amazonie , Quiroga au fil de ces dix neuf nouvelles montre sa maîtrise digne des plus grands dans le récit court . Il fait défiler les aventuriers qui affrontent mille périls de la jungle à la recherche de gains chimériques . Il nous fait partager l'horreur poisseuse , l'accablante moiteur , la faune venimeuse , d'un environnement radicalement hostile . Entre les rêves humains et la férocité de la nature la guerre débouche souvent sur la folie mais aussi , parfois , exaltent des personnalités lumineuses . Un très grand conteur usant de toutes les ressources de l'écriture et de tous les registres de l'âme.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (139) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}