RABELAIS ET POUTINE
Après avoir lu 2 ou 3 « des mauvais petits livres dont nous sommes inondés », j'en suis sorti tout déprimé et pour me revigorer j'en suis revenu à mes classiques...et je suis tombé par hasard sur un passage de
Gargantua – pas le plus gaulois à vrai dire - qui colle parfaitement à notre brûlante actualité et que je vous soumets après quelques mots d'introduction.
Si vous avez, comme moi quelques moments de déprime vous pouvez, certes, aller voir votre psy, lire le roman Amour, Prozac et autres curiosités, boire une cuillerée de Jouvence de l'abbé Souyris, prendre de la Poudre de perlimpinpin mais, je pense que le remède le plus efficace pour vous guérir de votre mélancolie c'est que vous lisiez, chaque soir, 2/3 pages de
Gargantua ou de
Pantagruel. Vous en serez tout ragaillardi.
Rabelais est en effet le meilleur maître pour faire rire...et penser de surcroît.
Il était médecin des corps mais dans ses ouvrages il est surtout médecin des esprits cherchant un réconfort. Pour lui, aussi grandes que soient votre peine et votre tristesse, une seule thérapeutique qui vaille: de la joie, rien que de la joie...la joie de vivre. A consommer à petites doses, dans une langue modernisée, mais sans modération pour être fidèle aux prescriptions de ce médecin si épris de liberté.
Et tout cela exprimé dans une langue de conteur, de bonimenteur, de farceur qui est un vrai trésor. Il a, en effet, réussi à faire un langage – un vrai – qui s'adresse à tout le monde. Il a voulu - et il y est arrivé – faire passer la langue parlée dans la langue écrite, mais ce style-là s'est perdu après lui. Il a fallu attendre 4 siècles pour que Céline le ressuscite. Et c'est là sa modernité.
Modernité aussi dans ses idées. Ah si Poutine avait pu faire de
Gargantua son livre de chevet et, pour meubler sa solitude, en lire un extrait tous les soirs, comme pour Cléopâtre, la face de la guerre eût pu en être changée :
« ...selon la vraie discipline militaire, il ne faut jamais mettre son ennemi au désespoir parce que cette nécessité multiplie sa force et accroît son courage ...Il n'y a pas de meilleur salut pour les gens effrayés et rendus de fatigue que de n'en espérer aucun. Combien de victoires ont été ôtées des mains des vainqueurs par les vaincus, quand ceux-là ne se sont pas contentés des succès raisonnables, mais on tenté de tout mettre à massacre et de détruire totalement leurs ennemis, sans vouloir en laisser un seul pour porter la nouvelle ! Ouvrez toujours à vos ennemis les portes et chemins… »
Gargantua, chap.43
Sans commentaire. A vous de juger.