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sur 3186 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout de même ! Quel magnifique titre tentateur ! le Diable au corps. Fallait trouver...
Et puis l'incipit, quel incipit ! Je vous le partage pour le plaisir...
« Je vais encourir bien des reproches. Mais qu'y puis-je? Est-ce ma faute si j'eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre? Sans doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d'une sorte qu'on n'éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n'existe rien d'assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c'est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l'embarras. Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n'est pas celui de leurs aînés. Que ceux déjà qui m'en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »
Il y a une désinvolture et une lucidité sur cet adolescent qui regarde de loin la guerre commencer.
Longtemps le Diable au corps fut pour moi une révélation. Révélation de la littérature, révélation sensuelle de l'adolescent que je fus à la découverte de ce roman vers l'âge de quinze ans, c'est-à-dire à l'âge du narrateur au début de l'histoire, mais surtout l'âge où l'écrivain Raymond Radiguet commença d'écrire ce roman...
La lecture de ce roman offert par mon meilleur ami de l'époque fut, non pas un acte fondateur, n'exagérons pas, mais un instant important. Bref ! J'avais adoré ce roman, mon premier grand coup de coeur littéraire. Pourquoi ? Pour un tas de raisons, le cadeau d'un ami tout d'abord, le récit ensuite, son côté provoquant, sulfureux, l'histoire d'amour portée par ce récit, le personnage principal qui avait mon âge et que j'enviais dans son audace, même si plus tard il m'a agacé, le côté anarchiste, le pied-de-nez ou le bras d'honneur, prenez le comme il vous vient, à l'armée, à l'ordre, au conformisme... Longtemps j'ai aimé ce texte pour tout cela.
Vous connaissez l'histoire ? Je vous la rappelle vite fait ?
Durant la première guerre mondiale, le narrateur s'éprend d'une jeune femme, Marthe, dont l'époux, Jacques, est au front. L'amour fou, absolu qui unit les deux amants, constitue l'ossature du roman.
Affront à la morale bourgeoise, affront à la mémoire des anciens combattants, l'oeuvre a connu un très grand succès mais a suscité la polémique : divisant pratiquement la France en deux.
Très peu d'années après ma première lecture, peut-être seulement deux ans après, j'avais lamentablement échoué au bac de français. En classe de terminale, je m'étais inscrit de manière optionnelle à un cours de français, afin de parfaire cette matière et de rattraper ma note déplorable.
Le professeur, un jeune professeur un peu dandy dont tous les élèves se moquaient après les cours, avait invité ses élèves à présenter un coup de coeur littéraire. Et j'eus l'idée de présenter le Diable au corps. Pour étayer mon choix, mon propos, j'eus l'idée de lire un ou deux passages. Je pense que le premier passage était ce premier baiser entre les amants devant la cheminée où les flammes de l'âtre jouaient un décor haletant, les lèvres des deux amants s'approchaient comme deux aimants.... le second extrait était plus charnel... J'y avais vu des mots qui exprimaient selon moi quelque chose d'érotique....
Et là ce fut pour moi un grand moment de solitude. J'avais commencé par présenter le roman, son contexte sulfureux, à scandale, j'avais tenté de chauffer la salle et lorsque j'ai lu ces deux passages dont je pensais qu'ils allaient emporter le public par leur incandescence, ce fut à la fois un flop et une volée de ricanements, j'étais la risée de la classe... Certes j'étais moins précoce que l'auteur et cela devait se voir sur mon visage pourpre qui suppliait le ciel de le déniaiser à la seconde même... La bienveillance du professeur fut exemplaire et me sauva de ce marigot.
C'est là que j'ai compris que l'érotisme de ce roman était plutôt digne de figurer dans la Bibliothèque Rose.
Cela dit, aujourd'hui, avec une quarantaine d'années de recul, et en ayant tout de même relu ce roman tout récemment avec le regard de mon âge, je reconnais que le texte a un peu vieilli. Pourtant, les phrases demeurent magnifiques. Pourtant je trouve ce roman formidable.
Je sais l'importance de ce texte pour moi, que je ne renierai pour rien au monde... Je sais la distance que j'y ai mis plus tard, comme un vieil ami qu'on quitte et puis qu'on retrouve. Triste mais heureux...
Je voulais vous partager ce soir cette tristesse et ce bonheur.
Près de cent ans après, je me suis demandé d'où venait le scandale suscité par un tel récit. Ce fut, parait-il, l'un des grands scandales littéraires de l'entre-deux-guerres.
J'y ai vu quatre endroits où tout ceci serait bien cocasse aujourd'hui. En 1923 date de parution du roman, la France se remet à peine de la première guerre mondiale, et voilà une histoire d'amour passionnelle, avec des scènes "torrides" pour l'époque, je précise bien pour l'époque (première raison), pendant la guerre (deuxième raison), d'un adolescent avec une femme mariée, cela dit ils ont à peine trois ans de différence d'âge (troisième raison), mariée à un soldat qui combat sur le front pendant que les amants se donnent du plaisir (quatrième raison). Stop ! N'en rajoutez plus !
Le narrateur se sait veule, égoïste, lâche et audacieux, autoritaire, il se sait le maître dominant d'une Marthe docile. Ce dernier point m'a totalement révolté, dernier point que j'ai seulement vu à la troisième lecture, comme quoi... tandis que pour le reste, cela ne me dérangeait pas. Je m'en veux.
Le livre est épris d'une beauté formelle, l'audace est simple dans le style et les idées, c'est ailleurs qu'il faut trouver la révolte et le chamboulement.
Voici une image de l'arrière du front dont il y a peut-être si peu de littérature. Peu de texte ose parler peut-être de manière aussi forte du désir physique qui manque durant ces quatre années de guerre. Pendant ces quatre ans, des femmes jeunes voient progressivement des hommes revenir du front, blessés, amputés, totalement invalides... Certains meurent... C'est peut-être le moins pire... Ce sont des femmes seules, dont la guerre a enlevé le désir, ou peut-être l'a simplement éloigné.
Raymond Radiguet était précoce dans le génie, il le fut dans une mort venant sceller une vie fulgurante. Il fut célébré comme un mythe par une génération de la guerre qui n'avait pas fait la guerre, mais que la guerre a profondément marqué.
Est-ce le personnage de l'adolescent oisif qui dérange l'ordre moral, ou bien la femme infidèle qui cristallise le déshonneur de la France ?
Aujourd'hui, ayant lu et relu le texte et d'autres propos tout autour, je l'admire et en même temps je le tiens à distance.
Je ne crois pas que l'ouvrage ait eu pour objet d'offenser les soldats au front. Je ne crois pas non plus qu'il faille y voir un plaidoyer pacifiste contre la guerre. L'auteur était totalement à côté de cela. C'est vrai, plus tard dans les années soixante-dix, nous avons lu des propos qui pourraient récupérer le roman : « Faites l'amour, pas la guerre ! » ou bien celui-ci anarchiste et bien plus provoquant : « Vivement la guerre qu'on baise les veuves ! ». Bousculer la morale bourgeoise de l'époque, ça oui !
En dehors de quelques anciens combattants, ils sont finalement peu nombreux à s'indigner de cette histoire d'adultère entre un lycéen et l'épouse d'un soldat combattant dans les tranchées.
Non, ce qui scandalisa l'opinion publique, c'est peut-être le fait que cette histoire n'était pas sortie de l'imaginaire dun jeune écrivain precoce, mais tout simplement de sa propre expérience vécue...
Contrairement à certaines critiques, à ma troisième lecture, je serai plus indulgent, c'est un grand morceau de littérature notamment dans la manière du narrateur d'approcher Marthe, de la séduire, de découvrir qu'il l'aime plus tard, bien plus tard...
Il me reste la voix d'un texte qui est à la fois presque antique pour moi, réel, profondément actuel.
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Raymond Radiguet (1903-1923), mort d'une fièvre typhoïde, a marqué la littérature par son oeuvre. Talent très précoce, il n'a pu écrire que deux livres : le Diable au corps et le Bal du comte d'Orgel. On pense que le Diable au corps n'est pas strictement autobiographique mais fortement inspiré de son expérience. La langue de l'auteur est remarquable par sa finesse et sa rigueur, tout est beau et poétique. Nous suivons la découverte de l'amour fou par un jeune homme doué à l'école mais doté de nombreux défauts ; il est égoïste, manipulateur et capricieux. Il rencontre Marthe, son ainée de trois ans, dont il tombe follement amoureux mais la jeune femme est mariée à Jacques, un homme parti au front. Les personnages sont attachants, l'histoire nous tient en haleine jusqu'à la dernière page car nous avons envie d'avoir le dernier mot sur l'histoire de ces deux jeunes tourtereaux. Au début de l'histoire, j'avais peur que la guerre soit trop pesante mais j'ai vite été rassurée en voyant qu'elle n'était là que pour mettre en place le contexte. On suit un amour grandissant, fusionnel et passionnel, de deux très jeunes gens, à une époque où tout est interdit. Ce roman admirable est doté de l'insouciance de faire le mal qui a permis à Radiguet de traverser les années. Un prodige parti trop tôt qui aurait pu nous offrir une oeuvre magistrale grâce à son ambition et son talent à nous décrire l'amour comme s'il avait vécu.
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Comme dans le Blé en herbe, écrit la même année, 1923, et comme lui présentant des amours adolescentes balbutiantes avec des femmes plus âgées, comme lui, aussi, ce travail de la chair se mariant avec la muflerie des jeunes hommes, le Diable au corps a fait scandale.
Radiguet avait envisagé, ironie de l'histoire, intituler son roman : le blé en herbe, ou bien : le coeur acide.
Acide, puisqu'il est question du feu de l'enfer qui possède le narrateur, sans que son égoïsme enfantin s'en trouve amoindri : « le bonheur est égoïste », conclut-il après avoir prêté « Une saison en enfer » à Marthe.
Ce feu intérieur est échauffé de plus par la cheminée, devant laquelle Marthe s'allonge, alanguie, audacieuse, s'accrochant à lui « son visage est entouré de flammes. C'était jouer avec le feu ».
« Dans ce feu, je grelotais, je claquais des dents » ajoute le héros (héros malgré lui, prétend-il, et pourtant !!!). Dans le feu, elle brûle les lettres du mari, car Marthe est mariée… à un soldat puisque l'action se passe pendant la guerre de 14.
D'où le scandale : il suffirait de partir à la guerre pour être cocu.
Pour le narrateur, ce sont de grandes vacances, puisqu'il a douze ans en 1914, et seize à la fin du roman. Même si Marthe n'a que quelques années de plus, lui est un enfant, apeuré, capricieux, passant de « polissonneries » à « premières incartades », jouant à faire l'homme, mortifié de n'être qu'un enfant, boudant, jaloux du monde des adultes dont fait partie sa maitresse, qui fait tout pour le consoler.
Mal, d'ailleurs, puisqu'elle imagine le futur : « Je pleure, parce que je suis trop vieille pour toi ! »
Lui, en la rencontrant, non seulement lui conseille de se coiffer autrement, mais en plus, il pense à sa mère à elle, et prie Dieu de ne pas la voir quand elle sera bien vieille.
Et il en rajoute : « J'étais trop sensible à la jeunesse pour ne pas envisager que je me détacherais de Marthe, le jour où sa jeunesse se fanerait, et que s'épanouirait la mienne. »
Charmant, ce jeune homme, qui ment à ses parents puisqu'il est ado, à sa maitresse, puisqu'ainsi il faut bien l'appeler, à son meilleur ami, aussi.
Jaloux, de plus, de ce soldat parti au front, or là, il n'a pas tout à fait tort : je soupçonne Radiguet d'avoir mis en scène un jeune perdu, comme son narrateur qu'il ne nomme pas, confronté à la duplicité des femmes, ah, les femmes ! menteuses et dragueuses !
Devant ce carnage, l'enfant est bien obligé de constater qu'il a encore fort à faire pour devenir un homme, et que la « préséance » choque les voisins vu que leurs ébats sont connus, ainsi que la différence d'âge !
Lorsque je dis jeune perdu, je veux exactement marquer comment il reproche à Marthe les concessions qu'elle a accepté de faire pour lui, comment il hésite à céder à ses sentiments à lui, , comment il aurait en toute mauvaise foi, préféré qu'elle lui résiste, au lieu de se conduire en esclave, comment ce qu'il a exigé qu'elle fasse par amour le hérisse.
Pédophilie féminine, comme dans le Blé en herbe, vue par un enfant qui « demande la lune », et dont le père pense à poursuivre la responsable pour détournement de mineur.
Écrit par un jeune, ce roman, trouble, cruel, reconnaissant sa lâcheté «  éreinté par les mille contradictions de mon âge aux prises avec une aventure d'homme. »
Et pourtant, malgré le tableau navrant de ce petit goujat, un roman intéressant par ses analyses et les méandres du coeur.
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Le diable au corps est un roman que j'ai commencé à reculons et au final je suis plutôt contente de l'avoir découvert.

Le jeune héros de 16 ans, François, est ce que je résumerai par l'expression "une tête à claques". Sûr de lui, prétentieux, arrogant, manipulateur, orgueilleux, cynique, fanfaron, infidèle, susceptible, lâche, jaloux et j'en passe. Un vrai petit con. François a jeté son dévolu sur la jeune Marthe 19 ans qui est fiancée à un soldat. François a décidé de se faire aimer de la jeune femme et tant pis pour le mari parti au front.
Une relation va bientôt naître et se transformer en passion. Et c'est là que j'ai commencé à aimer l'histoire car notre François est tombé dans son propre piège. Il est tombé amoureux de Marthe.

Seulement on est en 1914. Les voisins ne se gênent pas pour montrer leur désapprobation. J'ai essayé de lire le roman comme si je vivais à cette époque et j'ai pu facilement me représenter le scandale: l'adultère d'abord et puis en plus tromper un mari parti défendre la patrie ! Ca ne se fait pas !

Une relation possible grâce à l'insouciance et l'inconscience des deux jeunes gens qui ont occulté tout ce qui n'est pas leur couple. le diable au corps laissait présager une histoire plus torride. En définitive, elle reste sage et laisse le lecteur imaginer les amours de François et de Marthe. Cette retenue m'a un peu gênée car j'ai eu un peu de mal à sentir la passion entre les deux jeunes gens. J'aurais aimé m'enflammer.

Un auteur parti bien trop tôt mais qui aura laisser son empreinte dans le temps. C'est déjà pas si mal.







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Ecrit cinq ans après la grande guerre, ce récit d'une liaison entre un adolescent de 16 ans et une jeune femme marié à un soldat se battant au front avait de quoi choquer et fit scandale lors de sa parution.
Ajoutons à cela que l'auteur âgé de 17 ans entretenait une liaison amoureuse avec Cocteau qui sût ouvrir la voie vers la notoriété à son protégé qui meurt à l'âge de 20 ans.

Ma première lecture de ce roman remonte à ma préadolescence, époque où
les écrits aux relents de scandale avaient toute mon affection.
J'y trouvais un gout de fruit défendu et persuadée que de telles lectures me feraient entrer plus vite dans le monde des adultes, je les recherchais fébrilement dans la bibliothèque familiale.

Quelques décennies plus tard cette lecture me remplit de la nostalgie du temps qui passe.
J'y retrouve les mots simples d'une histoire ô combien banale offrant une analyse psychologique sur les arcanes d'un amour malheureux.

C'est aussi un réquisitoire contre la morale de la bourgeoisie prompte à condamner des générations entières.

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Un court roman très agréable à lire tant la langue utilisée par le jeune Radiguet est belle. J'ai d'ailleurs du mal à me dire que c'est un homme aussi jeune qui a écrit le Diable au corps.

L'histoire, tout le monde la connaît. Un adolescent de 16 ans, François, rencontre une jeune femme de 18-19 ans, Marthe, fiancée, puis mariée à un soldat parti au front pendant la guerre 14-18. Voilà donc une histoire d'amour qui naît assez rapidement, mais qui est vouée à l'échec pour plusieurs raisons : François est trop jeune et sa maîtresse n'est de toute façon pas libre, même si elle se fiche éperdument du qu'en-dira-t-on. Ce roman ne m'a pas passionnée, mais je l'ai trouvé intéressant du point de vue du contexte historique, car il compte énormément de références à la Grande guerre, et du point de vue psychologique car le narrateur parvient très bien à analyser ses failles : c'est un enfant qui va se retrouver très vite à devoir gérer une situation que doivent gérer habituellement des adultes. Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il s'agit en fait d'une histoire vécue par Radiguet, même si elle a été largement modifiée pour les besoins de son roman. D'autres choses sont à souligner : les relations père-fils (il y a une complicité presque totale entre le narrateur et son fils), Radiguet malmène le milieu « petit bourgeois » choqué par la relation extra conjugale de nos héros, mais qui n'hésite pas à organiser un « raout » pour permettre à ses convives d'entendre les ébats des amants, etc. Quant à la fin du roman, je n'en avais pas entendu parler et n'y aurais jamais pensé…

Au final, ce qui m'a quand même le plus bouleversée, c'est que Radiguet, talent précoce, soit décédé si jeune. Dans le Diable au corps, il évoque plusieurs fois le fait de mourir jeune. Ce moment du roman m'a donc particulièrement touchée : « Un homme désordonné qui va mourir et ne s'en doute pas met soudain de l'ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe des papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Son entourage se félicite. Aussi sa mort brutale semble-t-elle d'autant plus injuste. Il allait vivre heureux ».
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Souvent avant d'ouvrir un livre on relit la quatrième de couverture, excité par les promesses enfermées dans l'ouvrage.

En réalité ce n'est que notre imaginaire où celui de la personne qui nous a vendu le bouquin qui est à la manoeuvre.

Deux possibilités : Soit le livre n'est pas conforme à nos attentes mais c'est indifférent car l'histoire nous plaît encore davantage, soit nous restons sur nos attentes et regrettons que l'auteur n'ait pas tenu sa promesse et écrit le livre que nous voulions lire.

J'ai parcouru vos critiques, et certains sont déçus par le Diable au Corps. C'est très enrichissant de pouvoir débattre sur cette oeuvre aussi je vous livrerai à mon tour mon sentiment.

Ce qui me frappe d'abord dans vos critiques c'est le soi-disant égo, la prétention, le mépris, le style pompeux de l'auteur. Certes le personnage ne souffre aucun excès de modestie Il y a néanmoins chez le narrateur une pudeur, une timidité qui fait commettre certaines duretés et maladresses au personnage. le style n'est pas pompeux, je le trouve très bien ajusté, il est élagué, mais pas à l'excès, il est disons taillé sur mesure.

Je rejoins un certain nombre d'entre vous sur le fait que ce n'est pas le roman sulfureux que l'on nous vend. Les deux personnages n'ont que trois ans d'écart…la belle affaire. Ce n'est pas non plus un roman érotique, les scènes charnelles sont très sobres (ce qui n'est pas à porter au débit du livre). En revanche je me faisais moi aussi une autre idée de ce livre avant de le lire – et qui n'est pas du fait de l'auteur – simplement un mélange de mes projections et des « critiques » officiels.

J'imaginais un livre plus grinçant, plus impertinent. Certes cela se passe pendant la sacrosainte période de la Guerre, de l'union nationale et le narrateur se veut provoquant en parlant de ces années comme d'un grand bonheur qu'il redoutait de voir s'achever. Mais au-delà de ça le roman n'est pas si sulfureux que l'on veut bien nous le vendre.

J'accorde également à ses détracteurs que l'empathie vis-à-vis du personnage principal n'est pas une évidence. Mais en même temps la cherche-t-il ? C'est un anti héros sans doute mais on ne lit pas nécessairement pour être d'accord avec les personnages, au contraire, comme l'écrivait Roland Barthes, parfois on apprécie davantage une expérience de lecture qui va à l'encontre de nos valeurs.

Il n'en reste pas moins un très bon roman de « coming of age » au ton très intimiste et qui ne prétend pas à l'universalisme des sentiments mais qui décrit les fulgurances du coeur et les tactiques de la raison dans un tout premier jeu de séduction en 1914. S'y reconnaitra qui veut.

Qu'en pensez-vous ?
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1918, dans une ville au bord de la Marne, vit François, un lycéen. En attendant d'intégrer le prestigieux lycée Henri IV, il reste chez lui, à travailler seul et passe alors beaucoup de temps à se promener en toute liberté et à lire. Puis, il rencontre Marthe. Elle est plus âgée que lui, et surtout, elle est mariée à Jacques, un soldat se trouvant au front depuis le début de la guerre.

Marthe et François entament une liaison tout en essayant d'être discrets. Car, dans les petites villes, tout se sait, tout se remarque. Mais, rien n'y fait. du côté des voisins, des amis, des commerçants, cela fait vite le tour, au grand désarroi des parents des 2 amants.

Le diable au corps” est l'histoire d'un premier amour, d'une passion dévorante qui se déroule en temps de guerre.

François a douze ans lorsque la France entre en guerre et que les hommes sont mobilisés. Il en a quinze lorsqu'il tombe éperdument amoureux de Marthe, une femme de vint ans. du son côté, la jeune femme se rend compte que la distance a eu raison de son mariage et se rend compte qu'elle n'aime plus Jacques. Voilà quatre ans qu'elle le voit si peu. Elle est jeune, elle s'ennuie. Avec François tout change.

Lui est heureux avec elle, et même s'il est jaloux de Jacques, il profite de chaque instant de liberté avec elle même si les deux jeunes amants savent que cette histoire ne peut pas durer.

J'ai aimé le contexte de ce récit. Nous sommes à la fin de la Première Guerre mondiale. Les hommes sont tous partis. Seuls restent les jeunes, les blessés et les personnes âgées. Lorsqu'elle éclate, François est un enfant et Marthe est une toute jeune mariée. Pour elle, c'est la séparation et la solitude, pour lui c'est le début de l'adolescence.

Raymond Radiguet a lui-même entretenu une relation amoureuse à l'âge de quatorze ans avec une femme plus âgée. Il s'est probablement inspiré de son histoire personnelle pour rédiger ce roman abordant la jeunesse d'un jeune garçon en temps de guerre, les premiers amours, la passion, l'adultère d'une femme, l'histoire d'un amour impossible.

J'ai beaucoup aimé découvrir ce livre qui a fait scandale lors de sa première publication en 1923, avant d'être adapté au cinéma en 1947, puis en 1986, et de devenir un classique de la littérature française.

Une très bonne lecture.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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J'ai été très agréablement surprise par ce court roman : j'aime beaucoup les classiques (bon, celui-ci n'en est pas tout à fait un) mais j'ai toujours du mal à me lancer dans leur lecture... du coup le diable au corps à beau faire parti des livres à lire, j'ai mis beaucoup de temps à le sortir de ma PAL.

L'histoire m'a agréablement surprise : j'ai beaucoup aimé me retrouver en pleine première guerre mondiale à un moment où, bien que les convenances sont toujours de mises, elles commencent peu à peu à s'effacer.
J'ai beaucoup aimé le côté universel de cette histoire d'amour entre Marthe et François : quelque soit l'époque, je ne doute pas qu'elle puisse réellement exister... Je crois que ce qu'il m'a beaucoup plu dans tout ça, c'est le fait que l'auteur ne les juge pas, au contraire même, qu'il les encourage ! Bon, bien sûr, l'adultère, c'est pas bien toussa toussa... mais leur amour à tout les deux est vraiment sincère et personnellement, ça m'a totalement fait oublier le fait que Marthe est sensé être avec un autre homme.
La fin m'a également beaucoup plu, mais personnellement, je trouve qu'elle arrive un peu trop vite. Je crois que, sur le coup, je n'ai pas réalisé ce qu'il se passait. En fait, je crois même que c'est en lisant d'autres chroniques sur ce livre que j'ai eu conscience de ce qu'il venait de se passer !

J'ai trouvé les différents personnages assez sympathique. Marthe et François ont vraiment toute mon affection même si par moment j'ai eu l'envie de donner des claques au jeune homme : il est assez imbut de lui-même et par moment j'ai eu l'impression qu'il ne comprenait pas vraiment pourquoi tout le monde n'était pas systématiquement en admiration devant lui. Cela dit, c'est vrai, que j'ai du par moment passer outre les mentalités de l'époque et surtout la place de la femme pour apprécier pleinement les personnages et leur histoire.
En tout cas, mention spéciale aux parents de François qui sont vraiment "hypra cool" pour l'époque !

L'écriture de Raymond Radiguet m'a beaucoup plu et touchée. Comme je le disais un peu plus haut, il a su parfaitement trouver le bon ton pour nous faire voir de la meilleure façon son histoire. Sans oublier qu'il a une écriture des plus agréables. Ça se voit qu'il avait foi en son histoire !
Le diable au corps est vraiment un roman à découvrir.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Dans le diable au corps, un adolescent s'engouffre, pendant la première guerre mondiale, dans une liaison passionnée avec une jeune bourgeoise fraîchement mariée de trois ans son aînée.

Écrit dans un style puissant et plein de verve, ce court roman rédigé  à la première personne dresse le portrait d'un jeune homme quelque peu manipulateur hésitant entre l'amour et le libertinage.

Ce livre qui s'est vendu à 100000 exemplaires en trois mois décrit la puissance de la morale bourgeoise sous fond de patriotisme. L'idylle entre les deux personnages principaux est perturbée par l'entourage, mais aussi par le comportement lunatique et possessif de l'adolescent, beaucoup trop jeune pour entrer dans la logique d'une liaison suivie.
 
La puissance pour le personnage principal ne se montre que lorsqu'il en use avec injustice. Entre découverte des plaisirs charnels et introduction dans le monde des adultes,  il n'y a qu'un pas qu'il franchit allègrement avec tout le culot que son esprit vif lui offre.

Ce petit monde de bourgeois, entre domestiques asservis et qu'en-dira-t-on, est croustillant à souhait, et reflète  une époque révolue.

Inévitablement, l'apprenti se transformera en maître, et découvrira qu'il est bien douloureux de remettre sa liberté entre les mains de l'amour, et d'être asservi par ses sens. Surtout pour un (jeune) homme.

Voici donc une lecture courte mais intense que j'ai appréciée.

Lien : http://justelire.fr/le-diabl..
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