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sur 149 notes
Atiq Rahimi, couronné en 2008 par le Prix Goncourt pour Synghé Sabour. Pierre de patience, un roman très fort, nous en offre un nouveau en ce début 2019, intitulé Les Porteurs d'eau.
C'est le récit de deux destins. Ils sont Afghans. L'un, Tom, vit à Paris avec Rina, Afghane elle aussi, et leur fille Lola. L'autre, Yûsef, est à Kaboul, en charge de protéger sa belle-soeur, Shirine. Tom a, semble-t-il, tout abandonné en partant de Kaboul, jusqu'à son prénom d'origine, Tamim. Un matin, il part pour Amsterdam pour tenter de couper avec ses racines et retrouver Nuria, une jeune femme qu'il a rencontrée à plusieurs reprises et c'est sous un vrai déluge qu'il va quitter Paris.
Quant à Yûsef, il est porteur d'eau à Kaboul et tente de repousser au fin fond de son esprit, l'amour qu'il porte à Shirine. C'est en sortant de la grotte avec son outre pleine d'eau que deux jeunes talibans lui apprennent que les deux Bouddhas de Bâmiyân ont été détruits.
C'est donc ce 11 mars 2001, jour de destruction des Bouddhas, que la vie de ces deux hommes bascule. Cette destruction est la trame du roman durant lequel se succèdent les pensées de Tom/Tamim et Yûsef.
Atiq Rahimi, écrivain franco-afghan qui a quitté l'Afghanistan en 1984, plonge dans les racines de son pays, décrit la violence des Talibans et leur entreprise folle pour éradiquer une histoire qui les a précédés.
Ce roman sur la liberté, l'amour, l'exil, nous interroge sur plusieurs points. Quels sont les effets de l'exil ? Comment vivre avec ses racines dans un nouveau monde ? Quel rôle joue la langue ? Comment se construit le récit d'une vie d'exilé ?
L'auteur parle d'ailleurs de : «… l'infernal vertige de l'abîme que creuse l'exil entre les mots et la pensée. »
C'est un roman magnifique où la poésie l'emporte face à l'intégrisme, à l'intolérance, à la mort. Grâce aux récits alternés de ces deux protagonistes, Atiq Rahimi réussit un tour de force en nous obligeant à réfléchir à ces questions si importantes avec un récit captivant, plein de suspense, du début à la fin.
Un roman puissant qui interpelle !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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S'il y a bien un livre dont j'attendais impatiemment la parution, c'était bien le nouveau d'Atiq Rahimi. Sitôt paru, sitôt lu. Quelques jours de réflexion plus tard, pour savoir si je fais un p'tit billet ou pas, j'hésite encore.

Atiq Rahimi, j'aime.
Maudit soit Dostoïevski, Syngué sabour et surtout Terre et cendres m'ont laissés des souvenirs tenaces. Mon hésitation vient du fait que je ne me vois pas tailler un de ses livres (alors que je n'aurai aucun scrupule avec un deuxième bouquin de Raphaël par exemple).
Fin du suspens, j'ai pas aimé.

Je n'ai pas aimé qu'on me vende un bouquin sur l'exil, sur la destruction des bouddhas en Afghanistan, sur la liberté et me retrouver avec l'histoire de cul d'un Afghan vivant en France qui trompe sa femme à Amsterdam. En plus pour une histoire de cul (d'amour diront certains en quête d'alibi) y a pas la moindre scène un peu chaude, pas même tiède, nada, que dalle, peau d'zob si je puis dire dans de telles circonstances.
Je n'ai pas aimé qu'on m'appâte avec ces destructions de Bouddhas en 2001, par les Talibans, qui avaient émues le monde entier, qui avaient scandalisées la planète alors que dans le même temps « l'oxydant » se foutait pas mal de la terreur du peuple Afghan soumis à ces mêmes tarés, et me retrouver avec une deuxième histoire d'amour (pas de cul là parce le cul c'est pécho ou pêcher selon l'endroit du monde où tu es né) d'un Afghan en Afghanistan. L'histoire d'un jeune puceau amoureux de sa belle soeur aux pays des barbus, ça aurait pu m'intéresser si j'avais acheté ça mais là, non.
Dans ces histoires de cul sans cul, j'ai l'impression que c'est moi qui me suis fait niquer et je suis pas fan.
Quel rapport entre ces deux histoires et la destruction des statues ? Aucun si ce n'est que les 283 pages se passent le même jour, le 11 mars 2001. La destruction n'est qu'un prétexte pour attirer le lecteur, elle est mise en avant dans la promo alors qu'elle est pratiquement inexistante dans le bouquin. Une évocation de ci de là et basta.

Une fois de plus j'attendais trop d'un bouquin dont je m'étais fait un beau film avant d'avoir ouvert la première page. Des livres sur l'exil, j'en ai enchainé quelques uns ces derniers temps et ce « Porteurs d'eau » fait pâle figure à coté d'un « Eldorado » de Gaudé par exemple. Limite hors sujet.
Ne retenant que rarement les leçons, j'attends déjà avec impatience son prochain livre parce que même si je suis resté hors des histoires de « porteurs d'eau », Atiq Rahimi a une écriture qui me parle et qu'être aphone comme cette fois ci, ou sourd de mon coté, ça arrive.
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Le onze mars 2001 les deux Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan sont détruits par les Talibans, geste symbolique de leur fanatisme et de leur détermination à vouloir détruire tout ce qui n'est pas compatible avec leur vision de l'Islam. C'est une période de grande souffrance pour le peuple Afghan qui subit la terreur et la famine dans l'indifférence générale.

On se dit alors que ce roman va être une réflexion sur ce sujet pour mieux nous faire comprendre comment ont vécu ceux qui ont choisi l'exil et comment ont vécu ceux qui sont restés.
Hélas pour moi, ce livre a été un malentendu certes poétique, mais là où j'attendais un roman je n'ai trouvé qu'un conte à dormir debout. Une sorte de dialogue de chapitre à chapitre entre Tom et Yûsef qui donne à peu près ça :

- Je suis Afghan, mais je suis Français.
- Je suis Afghan, j'habite Kaboul.

- Je m'appelle Tamim, mais je m'appelle Tom.
- Je m'appelle Yûsef, juste Yûsef.

- Je suis commercial, je voyage entre Paris et Amsterdam et son quartier rouge.
- Je suis porteur d'eau, je voyage entre une source dont moi seul connaît le chemin et mes compatriotes assoiffés par deux ans de sécheresse.

- Je suis un exilé.
- Moi, je suis resté.

- Je cours après l'amour, je cours après moi. L'Afghanistan, les Bouddhas, je sais pas, je crois que je m'en fous, mais peut-être pas en fait. Je ne sais plus vraiment qui je suis. Je baise Rina ou Nuria, qui j'aime je sais pas, je me suis perdu, c'est l'amour que je cherche... je crois.
- Moi aussi je cours, de jour comme de nuit, avec mon outre sur le dos. Je suis porteur d'eau et ça me suffit. Je dis ça mais c'est pas tout à fait vrai, ce qui me travaille vraiment c'est Shirine, la femme de mon frère qui est parti. Je suis pas trop sûr, ça me fait des trucs bizarres quand je pense à elle.

Tout ça sur une seule journée, celle de la destruction des Bouddhas. Je ne vous divulgâche pas la suite de la journée qui n'est guère plus exaltante, les tribulations d'un exilé de l'amour et d'un kabouli enseveli sous son outre de routine, ni la fin de cette journée qui apporte un peu de suspense au livre ce qui m'a aidée à le terminer.

La date choisie est symbolique alors je m'interroge sur le choix de l'auteur qui nous fait passer cette journée avec ces deux hommes soi disant en pleine introspection, préoccupés par leur croyance, leur appartenance à un peuple, leur quête d'exister, mais qui finalement passent réellement l'essentiel de leur temps à réfléchir avec leur... comment on dit déjà ? Avec leur cerveau, euh non c'est pas ça, avec aisance, non plus, ah oui je sais... avec leur queue et avec une réussite pas vraiment bandante.

Et L'Afghanistan dans tout ça ? Et les talibans qui fouettent, qui pendent, qui lapident ?
Ben c'est pas le livre qui vous donnera la réponse, même pas l'ombre d'un indice, à moins que je n'aie pas su lire entre les lignes, je suis restée hermétique à l'écriture d'Atiq Rahimi.
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Les événements se passent six mois avant le 11 septembre 2001. Les talibans détruisent les deux Bouddahs de Bâmiyân, en Afghanistan où l'on va suivre le destin de deux hommes et de leur famille. L'un est resté, l'autre s'est exilé. On va suivre leur devenir et leur ressenti. L'un a des sentiments pour la femme de son frère et l'autre en exil a du mal à s'acclimater, même s'il veut oublier son pays d'origine. Il va fuir Paris et sa femme pour Amsterdam où l'attend une autre femme, une autre vie.
Chaque chapitre alterne avec le destin de l'un puis de l'autre. Peut-on oublier ses origines ? Peut-on tomber amoureux dans ces circonstances et avancer ?
Des sujets forts apparaissent dans cette histoire : La quête d'identité, l'exil, les cruautés sous toutes ses formes, le don de soi, les sentiments amoureux et l'intolérance. Une fois de plus, la belle écriture de Atiq Rahimi m'a séduite comme dans son prix Goncourt et Syngué Sabour : La pierre de patience.
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Quel bonheur de retrouver la plume sensible d'Atiq Rahimi.

Tout commence ainsi :

" 11 mars 2001 : les Talibans détruisent les deux Bouddhas de Bâmiyan, en Afghanistan."

En cette même journée le destin de deux hommes va aussi être bousculé. L'un, Tom, exilé Afghan, vit à Paris et quitte sa femme et sa fille pour une autre femme, sa maîtresse Nuria, qu'il connaît si peu finalement et qu'il va découvrir autrement par une rencontre inattendue ... L'autre Yussef, à Kaboul, est porteur d'eau et il veille sur sa belle soeur Shirine, car son frère est parti il ne sait où. Et cette femme, il se rend compte combien il l'aime mais n'ose lui dire.

C'est un récit touchant qui entremêle la fable et la réalité des choses. Histoire d'exil, d'identité, de combat et d'amour. Tout cela donné, offert sous une plume délicate, sensuelle et libre.
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Dans les deux jours qui suivent la destruction des deux Bouddhas de Bâmiyân par les Talibans en Afghanistan (2001), se déroulent en parallèle les dénouements tragiques de la vie de deux hommes : Tom – alias Tamim – réfugié afghan en France et Yûsef, porteur d'eau à Kaboul. D'emblée et tout au long du double récit, dans des chapitres qui s'alternent rigoureusement, l'auteur construit les similitudes structurelles entre les deux histoires, qui se manifestent d'autant plus nombreuses que l'on approfondit l'analyse, cependant qu'à Tamim il s'adresse à la seconde personne (mais pas dans les passages concernant plutôt Tom...), alors que celle de Yûsef est narrée classiquement à la troisième.
Il s'agit de deux histoires d'amours inatteignables ; de deux poursuites de la femme aimée soudain disparue ; de deux parcours de maturation personnelle par la mise en question de sa propre identité profonde et de ses propres croyances ; grâce à l'accompagnement intellectuel et spirituel d'une tierce personne (outre les protagonistes et les femmes), en guise de guide ou de maître venant d'une tradition à la fois autre et proche de la leur, qui leur révèlent, à travers les arcanes de l'amour, des messages plus essentiels et cachés sur eux-mêmes et sur leurs cultures : respectivement la philosophe juive Rospinoza et le boutiquier hindou Lâla Bahâri. Les deux protagonistes décèdent, bien que la fin de Yûsef soit ouverte sur un double épilogue, et les trois derniers chapitres pairs constituent, de l'un d'eux, une version plus onirique qui pourrait presque former une nouvelle indépendante à part entière.
L'histoire d'amour échoué entre Tom et sa maîtresse Nuria creuse la problématique de l'acculturation du migrant et du refoulement de la part originaire de son identité ; il est question aussi de la part de l'autre dans la relation amoureuse ; accessoirement, il est aussi question du sentiment de déjà-vu et de la sulfureuse ville d'Amsterdam. L'histoire d'amour échoué entre Yûsef et sa belle-soeur Shirine creuse la problématique de l'amour et de l'honneur (sexuel : le nâmous) en islam ; il est question aussi de la part de bouddhisme sous-jacente et refoulée dans la culture afghane ; accessoirement, il est aussi question de la vie quotidienne des petites gens à Kaboul sous les Talibans.
De nombreux thèmes de la littérature migrante qui me tiennent à coeur sont présents dans ce roman. Comme toujours, j'apprécie énormément la finesse de Rahimi à trouver un ton et un rythme adaptés à sa matière : ici, il est remarquable à quel point le style des chapitres impairs (sur Tom-Tamim) diffère de celui des chapitres pairs (Yûsef). La construction est également très réussie. En considérant chronologiquement l'évolution de son oeuvre, que j'ai lue presque dans son intégralité, je peux constater une maturation qui consiste à dépasser l'expérimentation stylistique foudroyante des premiers romans (y compris de Syngué Sabour, 2008, qui est sans doute le plus connu pour avoir obtenu le prix Goncourt et avoir été merveilleusement adapté au cinéma), dépaysante en littérature française mais peut-être issue de la tradition littéraire persane, tout en substituant progressivement le témoignage à davantage d'introspection auto-fictionnelle.
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Deux histoires parallèles d'afghans se déroulant le 11 mars 2001, jour de la destruction de deux Boudhas de Bamyan par les talibans nous sont contées. Celle de Tom, émigré en France depuis un vingtaine d'année, mari de Rina et père de Lola et en Afghanistan, celle de Yüsef, porteur d'eau, chargé de la protection de Shirine, épouse de Souleyman son frère disparu. Tom se rend à Amsterdam, où il compte vivre avec Nuria rencontrée lors d'un voyage précédent et cela ne se passe pas comme prévu ! Yüsef peine à assumer sa charge de porteur d'eau et à comprendre le désarroi permanent de sa belle soeur dans l'environnement rigoriste des talibans. Dans les deux lieux distincts et distants, les histoires dérivent avec un changement de rythme narratif et des délires chargés d'émotion où sont convoqués, l'histoire, la religion, l'exil et l'identité. Ces passages sont les moments forts du récit où l'auteur déploie tout son talent poétique de conteur.
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Je ne sais pas comment commencer ce billet. En réalité je me demande encore si je n'y ai rien compris ou s'il n'y avait rien à comprendre de plus. Je sais en tout cas que je n'ai pas aimé ma lecture et que je me suis forcée pour la terminer. Pour ne pas passer éventuellement à coté de quelque chose certainement. le roman relate les événements survenus à deux afghans au cours de cette journée. La destruction des Bouddhas de Bâmiyân n'apparaît en définitive qu'en entrefilet, tel un fait divers. Les chapitres alternent entre les deux vies sans que jamais elles ne se croisent. Que ce soit dans le récit de Tom/Tamim ou dans celui de Yûsef, le présent et les souvenirs (vrais et faux) se mêlent gaiement au point que l'on perd souvent le fil. La kabbale érotique et le kama sutra viennent illustrer les enseignements des deux protagonistes secondaires respectifs de la vie de l'un et de l'autre. Nous retiendrons un long discours en finalité sur l'identification du sentiment amoureux et celui de désir.
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Deux récits entrecroisés autour des mêmes thèmes : l'identité, le couple, l'exil, la guerre. Deux personnages masculins, Yusef et Tom, tous les deux rebaptisés et en quête de leur identité religieuse, culturelle, intime mêlent leurs voix.
Tom est français d'origine afghane. Il a quitté son pays à l'arrivée des soviétiques et a parfaitement intégré Paris, sa langue, sa culture, son train de vie. Il s'apprête pourtant à quitter une nouvelle fois sa vie, sa femme, sa fille pour Nuria, belle catalane rencontrée à Amsterdam ville d'illusion et de troubles. Yusef vit en Afghanistan avec sa belle soeur, l'hypnotique Shirine. Porteur d'eau, il subit brimades et injures, dans son métier de labeur essentiel à la vie de la communauté et regarde fiévreux et lointain le régime taliban muselé son pays et son entourage.
Perdus dans leurs ressentiments, leurs vies intérieures, les deux personnages se noient dans ce qu'ils pensent vivre ou ont déjà vécu. Un roman sur la paramnésie due à la déchirure provoquée aux gens en exil.
Encore un beau roman offert par Atiq Rahimi.
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J'aime la belle écriture de cet auteur mais ce livre me déçoit un peu. D'abord pourquoi leS PorteurS d'eau: je n'en vois qu'un Yûsef, amoureux sans vraiment le savoir de sa belle-soeur Shirine dont le mari est parti.
Une autre histoire se déroule en alternance: celle de Tom, exilé afghan; il vit en France, mari et père, mais décide de rejoindre sa maîtresse à Amsterdam; il ne la trouvera pas et apprendra sa véritable histoire: elle est aussi d'origine afghane.
Ces deux histoires ont lieu le 14 mars 2001, jour où les talibans détruisent les bouddhas géants de Bâmiyân. Cela ne semble concerner ni Yûsef ni Tom.
Le monde entier a pourtant réagi à ces destructions (paraissant en revanche peu préoccupé par les souffrances du peuple afghan...)
Tom est dans le déni de ses origines mais elles deviennent sa destinée. Il a voulu être autre, adopter une autre langue, oublier des racines mais c'est peine perdue...changer de prénom ne l'empêche pas de rester un exilé.
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