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Sabrina Nouri (Traducteur)
EAN : 9782867448751
201 pages
P.O.L. (11/03/2002)
3.73/5   26 notes
Résumé :

En persan « mille maisons » désigne le labyrinthe, cette étendue où issue et impasse se confondent; le temps s'arrête, l'obscurité et la terreur s'installent. Et la moindre tache blanche évoque le soleil. Au temps des dictatures, Kaboul et l'Afghanistan tout entier n'étaient-ils pas cette étendue, ce labyrinthe? Cinq personnages pris dans la nasse essaient d'échapper à la terreur par l'ivresse ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
À l'instar de beaucoup de lecteurs, j'ai connu Atiq Rahimi grâce à Syngué Sabour, prix Goncourt 2008 qui a joui d'un gros succès bien mérité. J'étais pour ma part charmé par le style, admiratif de l'idée narrative, intéressé par la synthèse multiculturelle propre à l'oeuvre migrante, mais un peu déçu au fil des pages et surtout gêné par la chute – ces deux derniers points motivant une notation qui, a posteriori, me semble peut-être trop sévère. Récemment l'auteur – accompagné par Jean-Claude Carrière – a réalisé un film absolument superlatif tiré du même roman, porté par une superbe interprétation féminine [il est encore en salle, et ce week-end c'est le printemps du cinéma, n'est-ce pas…], lequel a eu le mérite à la fois de contrevenir aux préjugés partagés sur les qualités respectives d'un ouvrage littéraire et de son adaptation cinématographique, et de très bien faire passer au grand écran les défauts du texte (la fin du film étant légèrement différente et bien plus percutante que dans le roman).

Tout cela pour expliquer mon retour à un roman précédent (2002) de l'auteur afghan. Dans Les mille maisons du rêve et de la terreur, on peut se retrouver dans le même univers narratif que dans le roman évoqué ci-dessus, mais la parole est donnée cette fois à l'homme qui gît dans l'inconscience, assisté par une femme avec ici un petit garçon. Comme dans l'autre roman, le sens se déploie très lentement, dans une narration toute en hypothèses et en ellipses, et la trame se clarifie à partir de la moitié du livre ; comme dans l'autre, le style est poétique et les métaphores ont une couleur du lointain – tels les rouge et noir du tapis et la bougie qui se consume et l'alternance entre l'Ici-bas et de l'Au-delà – mais une valeur universelle ; comme dans l'autre encore, c'est cette première moitié qui est la plus séduisante ; mais contrairement à l'autre, la clarification de l'histoire ne porte aucun préjudice au rythme du récit et la chute, très évocatrice, retrouve le même ton (voire presque les mêmes mots) que l'incipit. Dans cet ouvrage aussi, la dimension de la violence politique – il s'agit là de la guerre civile liée à l'instauration de gouvernements philo-soviétiques autour de 1978 – et celle de la domination infligée aux femmes constituent un arrière-plan certes essentiel mais inscrit dans un ensemble symbolique dans lequel la condition humaine la plus fondamentale est prééminente.

S'il y a donc une parenté proche entre ces deux romans sans qu'il y ait répétition, car la perspective des personnages est inversée, je retrouve, encore amplifiés, tous les mérites et tout mon éblouissement éprouvés (et ré-éprouvés) avec Syngué Sabour, sans aucune gêne ni fausse note. Je suis émerveillé.
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Dès le début on se demande un peu où l'auteur veut nous emmener...
Un homme se réveille lentement, halluciné, il l'impression d'avoir été enterré dans une tombe. "Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux . Il fait nuit et je dors. Mais pourtant je pense, comment se fait-il?" . Est il blessé, sort-il du coma, que lui est il arrivé?
Il est né en 1958, il a 21 ans, nous sommes en Afghanistan en 1979, Mohammad Taraki (président du Conseil révolutionnaire) vient d'être assassiné par Hafizullah Amin.....Guerre des clans et terreur!
Puis petit à petit, au fil des pages, l'histoire se met en place par petites touches. L'homme se souvient de soldats qui l'ont forcé à s'agenouiller et tabassé. Dans son réveil il entend des voix qui l'appellent tantôt "Père", tantôt "Frère". Il confond la femme qui l'héberge et sa mère. Ses souvenirs se mettent progressivement en place. Rêves, délires ou réalité?
Le livre est construit avec des petits paragraphes des chapitres courts, et désordonnés, quand le narrateur retrouve sa mémoire par bribes...
Contre tous les usages musulmans il est recueilli par une femme veuve, qui n'est ni sa mère ni son épouse, un "homme fantôme gémissant" est avec elle....Le jeune homme qui se réveille est fasciné par cette femme quand elle remet sa mèche de cheveux derrière l'oreille...Une femme qui va prendre tous les risques pour lui....
Un livre parfois un peu déroutant, un labyrinthe pas toujours facile à suivre, mais pour ma part, je me suis pris au jeu de l'auteur et à son écriture...et je ne le regrette pas
Décidément, Atiq Rahimi me surprend dans chacun de ses livres
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Voilà, je l'ai fini : Ce roman d'Atiq Rahimi a été publié en 2002, il est traduit du persan et comme dans Terre et cendres, il a pour contexte l'Afghanistan à l'époque de la domination soviétique.
Mille maisons renvoie au labyrinthe dont on ne connaît ici ni l'entrée, ni l'issue : d'emblée, le narrateur s'y trouve perdu, entre réalité terrifiante de l'Afghanistan puis du Pakistan des années 80 et sommeil ou coma, délire, légendes persanes, textes coraniques, brumes artificielles de l'alcool (la vodka afghano-russe) puis du hashish (l'herbe du pauvre au Pakistan), entre vérité et illusion et il entraîne avec lui le lecteur dans les méandres de ce labyrinthe qui tels ceux du tapis dans lequel il voyagera pour fuir la terreur suscitent tantôt la rêverie, tantôt la terreur.
Déjà, le sort des femmes (la mère du narrateur, son hôtesse) est bien illustré, la dimension polémique est déjà là, encore en partie implicite ce qui ne sera plus le cas dans Syngué Sabour, paru en 2008. A nouveau, et c'est ce qui me frappe chez cet auteur, c'est surtout la poésie qui se dégage du récit, les puissantes images dont il frappe l'esprit du lecteur, un jeune homme transformé en vieillard-nourrisson, un tapis qui entrelace en rouge et noir, la nostalgie de la mehmânkhana, de la maison familiale, du foyer et la peur sourde d'un écrasement, d'une violence à peine évoquée et d'autant plus effrayante...
Sur le site de l'éditeur, j'ai retrouvé les premières pages pour donner un aperçu :
http://www.pol-editeur.fr/catalogue/ftp/pdf/5620.pdf

NB : L'auteur lui aussi a fui l'Afghanistan en 1984 pour se réfugier au Pakistan, avant de venir en France. Ce livre n'est pas pour autant une autobiographie bien sûr.
Lien : http://aller-plus-loin.over-..
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un style à part, une histoire déroutante comme le monde qui est décrit et les personnes qui gravitent.
L'ai je aimé ? je ne sais pas. Mais il ne laisse pas indifférent car je ne l'ai posé qu'une seule fois entre le début et la fin.
Donc je le conseille même si je ne lui met que 3 etoiles.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux . Il fait nuit et je dors. Mais pourtant je pense, comment se fait-il ?
Non, je suis réveillé, seulement mes yeux sont encore fermés. J'étais en train de dormir et dans mon rêve , un enfant a crié "Père !
Quel enfant ? Comment le savoir? Il n'y avait que sa voix. Peut-être était-ce moi enfant, cherchant mon père.

Grand-père disait que, selon Dâmollah Saîd Mostafa, pendant le sommeil, l'âme s'en va ailleurs, et que si jamais tu te réveilles avant qu'elle soit revenue dans ton corps tu te retrouves dans un cauchemar sans fin, livré à la stupeur et à l'effroi, sans voix et sans forces, et ce jusqu'au retour de l'âme.

Non, je ne dors pas. Je suis en proie aux forces de l'Invisible. Les djinns sont venus se poser sur ma poitrine. Grand-Père disait que, selon Dâmollah Saîd Mostafa-dont l'autorité valait au moins dix mollahs-, quand il n'y a pas de Coran dans une pièce, les djinns y font leur nid, et la nuit, pendant que tu dors et que ton âme est partie se promener, ils viennent asaillir ton corps.

Alors, j'ai juré à maman, qu'une nuit, quand tu viendrais dans mes rêves, je t'attraperais et t'empêcherais de repartir.
L'enfant m'a sorti de son rêve. Je suis une créature du songe. Un père imaginaire, un mari imaginaire...A quoi bon lutter pour revenir à la vie ?
J'abandonne Yahya à ses rêveries silencieuses, à sa ville bâtie sur un immense pont qui tourne jour et nuit ; je referme les yeux dans l'espoir de me glisser dans les rêves de quelqu'un d'autre, dans les rêves tourmentés de ma mère.

"Parcours le monde ! ....Quand l'eau stagne, elle devient malsaine. Elle transforme la terre en vase. Sois comme l'eau qui glisse de la main !"

"Tant que ton sommeil ne vaut pas l'éveil, ne dort pas !"
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Pourquoi ai-je de telles pensées au sujet de Mahnaz ? pourquoi suis-je incapable d’admettre qu’une femme peut tout à fait secourir un inconnu sans aucune arrière-pensée ? (…)
Pour Mahnaz et son mystère, j’ai livré toute une nuit ma mère à son angoisse dans les quatre murs de notre maison ; j’ai condamné le regard de Parvana à une interminable attente derrière la fenêtre de sa chambre ; j’ai découragé les mains de Farid posées sur la poignée de la porte.
(…)
Le mystère de Mahnaz tient à cette mèche de cheveux qu’elle vient sans cesse cueillir sur son visage pour l’enrouler derrière son oreille.
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Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Il fait nuit et je dors. Mais pourtant je pense, comment se fait-il ?
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"Il faut craindre deux choses chez la femme, ses cheveux et ses larmes....la chevelure d'une femme est une chaîne et ses larmes un torrent furieux...c'est pourquoi il est dit qu'il faut absolument couvrir le visage et les cheveux d'une femme" (P. 96)
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À aucun moment, je ne m’étais senti aussi proche d’une femme autre que ma mère et Parvana. À aucun moment, je n’avais perçu de si près une vie de femme. Aucune femme ne s’était jamais frayé un chemin au cœur de mes pensées, au cœur de mon existence. L’espace d’une nuit, j’ai partagé avec une femme mille instants d’une vie, comme si une chose essentielle nous avait unis. Cette femme m’a offert son toit. Ma vie est entre ses mains, elle lui appartient.
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Vidéo de Atiq Rahimi
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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