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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"C'est un roman rouge, clairement, parce que les gueuloirs de Lorraine crachaient du métal incandescent, parce que la contestation sociale à l'époque des derniers combats sidérurgiques de la fin des années 1970 était armée de drapeaux rouges, parce qu'aujourd'hui les héritiers (genre barrés de la caisse, il faut bien le dire) des héros vaincus de la classe ouvrière ont des idées de meurtres sanglants et ils les mettent à exécution avec une certaine facilité, voire une sorte de désinvolture, l'abus des drogues modernes y étant pour quelque chose. (...)
Avec ce huitième roman, Sébastien Raizer retourne à ses terres d'enfance pour situer le cadre de son récit, alors qu'il vit au Japon depuis 2014. Ça se passe à Thionville, avec un commissaire adjoint novice et déraciné, un lieutenant étrange qui fait peur à ses collègues et qui se charge d'éduquer l'adjoint, l'ambiance est glauque et poisseuse en cet été caniculaire, tout le monde sue et cherche la climatisation, tout le monde énerve tout le monde, la violence est là, partout, dans les actes comme dans les discours. Elle se manifeste rapidement avec un dealer cloué à un mur par un carreau d'arbalète, arme terrible qui a la commodité d'être en vente libre, et l'enquête commence, devient vite compliquée parce que d'autres meurtres sont commis avec la même arme, ou presque, et si le lecteur sait qui tue qui par la magie de la multifocalisation, on n'en reste pas moins hébété par la sinuosité des motivations des uns et des autres.
L'écriture est vive, poétique parfois, crue assez souvent, elle suinte la violence et la rage qui animent ce récit. (...)
Dans ce décor désindustrialisé, où les gens vivent avec le souvenir de la gloire d'antan lorsque la sidérurgie tournait à plein régime dans la vallée des anges, lorsque les ouvriers n'avaient peur de rien parce que leur contribution à la valeur ajoutée était indispensable aux barons de l'acier, lorsque les syndicats s'enorgueillissaient de leur toute-puissance, dans ce décor postindustriel donc, la police joue parfois son rôle de gardien de l'ordre social d'une drôle de façon, et c'est ce que va découvrir Simon Keller, le commissaire adjoint. Il finit par comprendre comment ça tourne pour de vrai dans ce commissariat où le commissaire reste dans son bureau et ne prend aucune décision. Mais une fois que le mal est identifié, reste la question du traitement, et ça n'est pas simple.(...)
Tout l'art de Raizer est de faire monter la sauce à partir de ces pistes criminelles, de mêler ces histoires et d'en rajouter d'autres, de surprendre le lecteur plusieurs fois, de mêler le rêve à la réalité, les imprécations philosophiques à la crudité de la mort violente. C'est assez réussi, enlevé, bien noir et bien serré, pas toujours convaincant à force de rebondissements, mais on aime tellement les surprises qu'on ne saurait lui en vouloir.
Les Nuits rouges de Sébastien Raizer est un roman à lire, assurément."
François Muratet dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/les-..
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Lorraine de souche, Lorraine de coeur, et même fille d'un ancien ouvrier des hauts fourneaux de Neuves Maisons, il était impossible pour moi de passer à côté de ce roman où la noirceur des crassiers envahit les pages en nous offrant presque une page d'Histoire. Car même si ce récit est une fiction, elle rends magnifiquement hommage à toute une région meurtrie et à tous ces hommes, ces gueules noires aux poumons encrassés qui ont bossé dans toutes ces usines jusqu'à leurs fermetures, laissant derrière elles des familles sur le carreau.

La colère de Dimitri, je l'ai connu même si c'est par la maladie que mon père est parti… comme tant de ses potes ouvriers.

“Ils ont tué le tissu social, la conscience de classe, la solidarité, la culture ouvrière, la notion de révolte. Ils nous ont hypnotisés par la peur jusqu'à nous faire oublier notre propre pouvoir. Il n'y a plus rien.”

Mais c'est avec classe et une certaine élégance même si elle est parfois brutale que Sébastien Raizer nous parle de la classe ouvrière à travers cette enquête criminelle habitée par une violence extrême.

Aussi complexes sont-ils, ses personnages plutôt barrés collent parfaitement à cette histoire. La crise sidérurgique a laissé derrière elle des vies chargées de souffrance, envahies par le désespoir alors pas étonnant que la came surgisse dans le paysage, et amène une nouvelle forme de violence que ce soit du côté des consommateurs que des vendeurs. La douleur face au profit, une histoire sans fin, un éternellement recommencement.

Ceux qui ne connaissent pas cette région, seront un peu comme ce flic, Keller, fraîchement débarqué et poseront à leur tour un regard sur cette endroit avec une terrible envie de remettre à sa place ce flic véreux, cette face de rat, tout en ayant une profonde empathie pour ces deux frères, notamment Dimitri ce révolté qui a déjà trop souffert.

Sébastien Raizer nous offre un récit d'une force incroyable où la violence explose tel le métal hurlant sa colère dans les nuits rouges de l'Est de la France.

Bien évidemment la fille de l'est a apprécié et remercie humblement l'auteur pour ce récit terriblement brillant qui lui a permis de replonger dans ses souvenirs auprès de ses chers disparus, réveillant quelque peu la colère qui sommeille en elle…

Chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress via le lien ci-dessous
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Bon rythme, l'histoire est un peu fouillie, mais l'ambiance est absolument prenante, entre les meurtres glauques, les répliques massacrantes de Faas, l'enquête qui n'avance pas, les souvenirs des luttes du passé, et la grisaille du temps et des couleurs. Un délice de roman noir.
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