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Citations sur Adios, Tierra del Fuego (17)

Toute la Patagonie, aujourd'hui, est à vendre. Ruinés, les estancieros argentins et chiliens bradent. Ils étaient le dernier maillon humain de ceux qui avaient autrefois souffert sur cette terre, héritiers des peuples indiens par le sang qu'ils avaient versé et non par la blafarde puissance de l’argent Rien ne résiste aux millions de dollars des Ted Turner, George Soros, Benetton et autres froids prédateurs qui se taillent à bon compte des domaines aussi vastes qu'un département français. Ils se découpent la Patagonie en tranches énormes et nul ne peut la leur disputer. Ils y ont tué à jamais l’ancienne hospitalité sacrée. Leurs tentacules, aux dernières nouvelles, se déploient jusqu'en Terre de Feu. Ils s'approprient l'infîni, lequel perd aussitôt tout son sens par Ie seul fait de leur présence, mais cela est une autre histoire à écrire dans quelques années...
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Mort de M. de Tounens le 17 septembre 1878. — Ingratitude et absence des ducs et comtes patagons. — Où l'académicien André Maurois découvre en 1947 la tombe d'Antoine de Tounens. — Lendemain de Toussaint au cimetière de Tourtoirac. — Ultime vérité : la tombe de Sa Majesté est vide.

Voici ce que m'avait révélé en effet il y a une vingtaine d'années M. Villot, instituteur à la retraite, qui avait enseigné plus de quarante ans à Tourtoirac et pour qui Antoine de Tounens était encore plus familier qu'à moi-même : la tombe de Sa Majesté est vide ! Les vieilles gens du pays pourraient encore le confirmer. En 1947, lors de la visite d'André Maurois, personne n'osa avouer au célèbre académicien que la tombe du prince infortuné avait été laissée à l'abandon et que plus personne ne savait où elle se trouvait dans le cimetière, probalement désaffectée et les restes augustes de Sa Majesté dispersés depuis belle lurette dans la fosse Commune. Plutôt que de perdre la face, le maire a l'époque, M. Raoul Devort, désigna donc au hasard à l'illustre André Maurois un vague renflement de terre, ancienne tombe anonyme et vide. Là fut érigée la stèle.

Que cela ne décourage pas les pèlerins. Au contraire. La méditation devient sidérale. Le trône et la tombe sont vides. Vive le Roi !
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Récit de l’amiral de Castelbajac, ancien commandant de la Jeanne-d'Arc en Terre de Feu : Le président Georges Pompidou et son « cousin » Orélie-Antoine de Tounens, roi de Patagonie.

«A midi se présenta la vedette présidendelle, saluée par les bâtiments de l'escadre, équipages rangés à la bande. Je fis tirer par les canons de la Jeanne les vingt et un coups réglementaires, pendant que l'équipage, aligné tout le long des rambardes, poussait les non moins réglementaires cris de "Vive la République !", accueillant ensuite à la coupée un Georges Pompidou escorté de quatre ministres et d'une suite nombreuse d'amiraux, d'élus du peuple, de journalistes et de photographes. Le Président avait l'air morose. Il venait de se faire méchamment chahuter en ville par des Bretons contestataires...

Le Président (...) soudain, s'adressa à moi : "Alors, commandant, parlez-moi de votre campagne. "Je m'exécutai. Le sujet était vaste mais facile à exposer.Je lui expliquai comment j'avais prévu de passer à la fois par le Horn et par Magellan, pour remonter ensuite par les canaux de Patagonie. "Patagonie, dites-vous ! Mais mon cher commandant, avec un peu de chance, vous devriez rencontrer Antoine de Tounens, roi de Patagonie et d'Araucanie, ou à tout le moins son fantôme. Si vous les voyez, transmettez-lui l'amical salut de son cousin, le président de la République française..."

(...) Constatant mon air éberlué, le Président était ravi : "Comment vous, un gentilhomme gascon, vous n'avez jamais entendu parler de ce charmant fantaisiste périgourdin ! Nous en étions au dessert. Heureux d'échapper à la crise de l'ardchaut et au psychodrame électoral de Landerneau, le Président nous raconta avec verve l'épopée de cet étonnant souverain. Les quatre députés bretons, bouche bée, en oubliaient de manger leurs tartelettes.

« Café, cigares, liqueurs, tout cela allait très vite. Discours sur le pont d'envol : le Président exposa aux midships ce que serait la marine de demain. Pas une note, pas une hésitation. Il possédait son sujet à fond. Arriva le moment des adieux. Georges Pompidou, serein et reposé, quitta la Jeanne à regret. Au moment de descendre l'échelle de coupée, il me glissa à l’oreille, en souriant : "Encore une fois, commandant, n'oubliez pas de saluer mon cousin Orélie-Antoine Ier, roi de Patagonie..."

« Nous avons appareillé aussitôt. Il était seize heures précises, 22 octobre 1971. La Jeanne en route pour la Patagonie... »
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Quelques mots nécessaires sur Saint-Loup. Jugé par beaucoup infréquentable, l'homme vaut la peine qu’on le considère, ne serait-ce que parce qu'en 1953 la quasi-totalité des académiciens Goncourt s'étaient mis d'accord pour décerner leur prestigieux prix à son roman « La nuit commence au cap Horn » et que le matin même de la réunion décisive du jury, chez Drouant, un inspecteur des Renseignements généraux fit le tour de tous les jurés pour les prévenir de l'épouvantable scandale qui s'ensuivrait s'ils persistaient dans leur choix : sous le masque de Saint-Loup se cachait un fasciste impénitent réfugié en Argentine, condamné à mort par contumace, gracié, amnistié en 1953 par la IVe République qui tentait en ce temps-là de réconcilier les Français, et qui s'appelait en réalité Marc Augier, rédacteur en chef de l'hebdomadaire collaborationniste La Gerbe et combattant sur le front de l'Est dans la L.V.F. Seule Colette refusa de s'incliner. Elle s'obstina dans son vote jusqu'au dernier tour de scrutin et le prix fut attribué à Pierre Gascar pour son roman « Le Temps des morts »... ]e ne discuterai pas ce choix. Simplement ai-je voulu rappeler que Saint-Loup ne manquait pas de talent, lequel lui fut en quelque sorte reconnu par un Goncourt in partibus.
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Remontons dans le passé.

De même que ce n'est pas Christophe Colomb qui a découvert l'Amérique (en l'occurrence les Antilles et les rivages de Panama), ce n'est pas non plus Magellan qui a découvert le détroit qui porte son nom. Tous deux savaient où ils allaient. Un homme les avait renseignés. Il s'appelait Martin Behaïm. C'était lui, le visionnaire méthodique de notre globe rond et achevé. C'était lui qui était passé du portulan au globe terrestre, illumination majeure de cette fin du xve siècle, coup de tonnerre qui fit claquer les voiles des lourdes caravelles tapies au fond des quais à l'abri des regards indiscrets, et
dont les seuls capitaines connaissaient les destinations insensées.
Il vivait à Nuremberg, la Rome des géographes de ce temps là...
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Trois, et même quatre si l'on compte les Haush, très tôt disparus, quatre peuples minuscules – en tout une vingtaine de milliers d'individus – se partageaient la Terre de Feu avant l'arrivée des Blancs : les Alakalufs (ou Kaweskars), les Yaghans (ou Yamanas), les Onas (ou Selk'nams) et leurs proches cousins les Haush. Les deux premiers vivaient sur l'eau, nomadisant avec leurs canots à travers l'immense labyrinthe maritime, les Alakalufs au détroit de Magellan, dans les mers de Skyring et d'Otway et dans tout cet univers inconnu de fjords, de passes et de chenaux qui longe le Chili austral entre le glacier infranchissable du Hielo Patagonico et l'océan Pacifique, les Yaghans au canal de Beagle et dans les archipels du cap Horn. La terre ferme leur inspirait une telle terreur que jamais ils ne s'aventuraient au-delà des grèves étroites où ils campaient. En revanche, les Onas et les Haush risquaient rarement un orteil dans l'eau. C'étaient des terriens, des marcheurs, des chasseurs. Les Onas sillonnaient la grande île de leurs pas infatigables et les Haush se contentaient de la pointe extrême de la Terre de Feu, toujours inaccessible aujourd'hui, qui par le cap San Diego et le détroit de Le Maire fait face à l'île des États où Jules Verne planta son phare imaginaire. Deux modes de vie radicalement différents et quatre peuples qui parlaient chacun leur langue, alors que Darwin, en 1834, les considérant avec mépris, jugeait qu'ils n'avaient pour tout langage que des cris inarticulés…
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1/ toute minorité ethnique qui refuse de s'adapter est perdue;
2/ toute minorité ethnique qui s'adapte est à plus forte raison perdue.
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Ils portent des noms gutturaux. Ils s'appellent Tséfayok, Lafko, Yatsé, Yuras, Tchakval, Ksafak, pour les hommes… Waka, Chayatakara, Tellapakatcha, Samakanika, Kamankar, Yerfa, pour les femmes. Ils sont petits, un mètre cinquante en moyenne, avec un gros torse et des pieds de canard gluant de crasse. Ils sont nus, mais sans pilosité, les femmes comme les hommes, avec, en revanche, une tignasse noire pleine de poux, et le corps enduit de graisse de phoque. Ils empestent terriblement. Ils ne rient pas, ou très rarement. L'ethnologue José Emperaire, qui a recueilli in extremis l'essentiel du vocabulaire de cette langue moribonde, souligne que s'ils avaient trente façons de nommer des vents différents, ils n'en avaient en revanche aucune pour exprimer la beauté, la gaieté, le bonheur. Quant à la bonté, n'en parlons pas. Leurs dieux sont terrifiants. Ce sont des dieux qui n'existent que pour les écraser !

Le premier, le plus puissant, c'est Ayayéma. C'est lui qui déclenche les tempêtes, les naufrages, les accidents, les incendies. Le deuxième, tout aussi effrayant. s'appelle Kwatcho. Il règne sur la nuit et les rivages. S'il surprend un Alakuf la nuit hors du tchelo, il lui crève les yeux et l'étrangle. On ne le voit jamais. Il n'attaque que par-derrière. Enfin, Mwono, le troisième larron, fait énormément de bruit. C'est lui qui précipite les valanches, les blocs de glacier, les pans de montagne, les coulées de boue, les rochers, et ces funestes tourbillon de vent, les williwaw, qui tombent sur les malheureux Alakalufs. Imaginons une nuit de campement d'hiver, qui n'en finit pas, dans un chenal, sur une grève, des milliers et des milliers de nuits tout aussi intensément obscures de la tempête, qui n'a d'autre abri que sa hutte de peau, avec, par-dessus le marché, ces trois divinités infernales qui le guettent pour l'achever. Chose étrange : mis en présence du Christ rédempteur et de l'Évangile prêché par les missionnaires, c'est-à-dire une religion de compassion et de recours, les Alakalufs la refuseront, la fuiront, contrairement aux Yaghans et aux Onas, qui, d'ailleurs, en mourront tout autant…
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Et aussi Pablo Neruda : " Je prends congé, je rentre chez moi, dans mes rêves, je retourne en Patagonie... "
Et Blaise Cendrars, à jamais : " J'ai perdu tous mes paris, il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse... "
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On aurait tort de sourire : "Son cosas de Patagonia", c'est comme ça la Patagonie, elle conduit souvent à des sentiments qui confinent au religieux...
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